détresse, les volets éternellement clos, d'une mélancolie affreuse.
Publié le 29/10/2013
Extrait du document
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Chapitre
6
Un mois sepassa, etun grand calme s'était faitdenouveau danslelogement quelesRoubaud
occupaient aupremier étagedelagare, au-dessus dessalles d'attente.
Chezeux,chez leurs
voisins decouloir, parmicepetit monde d'employés, soumisàune existence d'horloge par
l'uniforme retourdesheures réglementaires, lavie s'était remise àcouler, monotone.
Etil
semblait querien nesefût passé deviolent nid'anormal.
La bruyante etscandaleuse affaireGrandmorin, toutdoucement, s'oubliait,allaitêtreclassée,
par l'impuissance oùparaissait êtrelajustice dedécouvrir lecoupable.
Aprèsuneprévention
d'une quinzaine dejours encore, lejuge d'instruction Denizetavaitrendu uneordonnance de
non-lieu, àl'égard deCabuche, motivéesurcequ'il n'existait pascontre luide charges
suffisantes etune légende depolice étaitentrain deseformer, romanesque : celled'un
assassin inconnu, insaisissable, unaventurier ducrime, présent partoutàla fois, quel'on
chargeait detous lesmeurtres etqui sedissipait enfumée, àla seule apparition desagents.
A
peine quelques plaisanteries reparaissaient-elles deloin enloin surcelégendaire assassin,dans
la presse del'opposition, enfiévréeparl'approche desélections générales.
Lapression du
pouvoir, lesviolences despréfets luifournissaient quotidiennement d'autressujetsd'articles
indignés sibien que, lesjournaux nes'occupant plusdel'affaire, elleétait sortie delacuriosité
passionnée delafoule.
Onn'en causait mêmeplus.
Ce qui avait achevé deramener lecalme chezlesRoubaud, c'étaitl'heureuse façondontvenait
de s'aplanir l'autredifficulté, cellequemenaçait desoulever letestament duprésident
Grandmorin.
Surlesconseils deMme Bonnehon, lesLachesnaye avaientenfinconsenti àne pas
attaquer cetestament, danslacrainte deréveiller lescandale, trèsincertains aussidurésultat
d'un procès.
Et,mis enpossession deleur legs, lesRoubaud setrouvaient, depuisunesemaine,
propriétaires delaCroix-de-Maufras, lamaison etlejardin, évalués àune quarantaine demille
francs.
Toutdesuite, ilsavaient décidédelavendre, cettemaison dedébauche etde sang, qui
les hantait ainsiqu'un cauchemar, oùilsn'auraient pointosédormir, dansl'épouvante des
spectres dupassé etde lavendre enbloc aveclesmeubles, tellequ'elle était,sanslaréparer
ni même enlever lapoussière.
Mais,comme, àdes enchères publiques, elleaurait tropperdu,
les acheteurs étantraresquiconsentiraient àse retirer danscette solitude, ilsavaient résolu
d'attendre unamateur, ilss'étaient contentés d'accrocher àla façade unimmense écriteau,
aisément lisibledescontinuels trainsquipassaient.
Cetappel engrosses lettres,cette
désolation àvendre, ajoutait àla tristesse desvolets closetdu jardin envahi parlesronces.
Roubaud ayantabsolument refuséd'yaller, même enpassant, prendrecertaines dispositions
nécessaires, Séverines'yétait rendue unaprès-midi etelle avait laissé lesclefs auxMisard, en
les chargeant demontrer lapropriété, sides acquéreurs seprésentaient.
Onaurait pus'y
installer endeux heures, carilyavait jusqu'à dulinge danslesarmoires.
Et, rien dèslors n'inquiétant pluslesRoubaud, ilslaissaient donccouler chaque journée dans
l'attente assoupie dulendemain.
Lamaison finiraitparsevendre, ilsen placeraient l'argent,
tout marcherait trèsbien.
Ilsl'oubliaient d'ailleurs,ilsvivaient commes'ilsnedevaient jamais
sortir destrois pièces qu'ilsoccupaient : lasalle àmanger, dontlaporte s'ouvrait directement
sur lecouloir lachambre àcoucher, assezvaste, àdroite lacuisine, toutepetite etsans air,à
gauche.
Même,devantleursfenêtres, lamarquise delagare, cette pente dezinc quileur
barrait lavue, ainsi qu'un murdeprison, aulieu deles exaspérer commeautrefois, semblaitles
tranquilliser, augmentaitlasensation d'infinirepos,depaix réconfortante oùilss'endormaient.
Au moins, onn'était pasvudes voisins, onn'avait pastoujours devantsoides yeux d'espions à
fouiller chezvous etils ne seplaignaient plus,leprintemps étantvenu, quedelachaleur
étouffante, desreflets aveuglants duzinc, chauffé parlespremiers soleils.Aprèslasecousse
effroyable, qui,pendant prèsdedeux mois, lesavait faitvivre dansuncontinuel frisson,ils.
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