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Helika Le prêtre tout ému se retourna vers moi, m'embrassa avec effusion, mes sanglots m'empêchaient d'articuler une seule syllabe; "Courage, me dit-il, priez et espérez.

Publié le 11/04/2014

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Helika Le prêtre tout ému se retourna vers moi, m'embrassa avec effusion, mes sanglots m'empêchaient d'articuler une seule syllabe; "Courage, me dit-il, priez et espérez. Soumettons-nous dans tous les cas aux inscrutables desseins de la Providence; dans une heure, je serai de retour." La lueur blafarde du crépuscule du matin scintillait péniblement, déjà depuis quelque temps, à travers le sombre vitreau grillé de mon cachot et l'exécution devait avoir, lieu à six heures. Les ouvriers qui avaient travaillé à dresser l'échafaud avaient; terminé leur tâche funèbre, car on n'entendait plus les coups de marteau. De plus, le murmure du dehors, comme celui d'une foule qui s'occupe avec indifférence des intérêts les plus mercenaires dans ces moments solennels, parfois même un éclat de rire mal étouffé arrivait à mon oreille attentive, aiguisée et inquiète; je frémissais en songeant que déjà on se rendait pour choisir la meilleure place afin de savourer plus longtemps les dernières palpitations d'un corps humain suspendu au bout d'une corde. Je supputai qu'il pouvait être alors quatre heures et demie. Jamais je ne saurais vous dépeindre les angoisses, les tortures, les inexprimables douleurs, les anxieuses espérances que chaque minute m'apporta, en attendant le retour de monsieur Odillon. Enfin des pas se firent entendre dans le corridor, la porte de mon cachot s'ouvrit et la figure grave de l'homme de bien m'apparut. Il était accompagné de deux tourne-clefs. J'ai enfin pu pénétrer auprès du Gouverneur après des peines sans nombre me dit-il tristement. Il paraît qu'il a failli être assassiné hier soir et il a noyé sa frayeur dans de copieuses libations. Il m'a donné sa parole qu'il allait envoyer immédiatement l'ordre d'un sursis. Il a refusé de m'en charger tant il est encore abasourdi, mais il consent néanmoins à ce qu'on vous ôte vos fers et permet que vous communiquiez avec Attenousse? Vous savez, reprit-il avec amertume, pendant qu'on me délivrait de mes fers, qu'on met plus d'empressement souvent à condamner ses semblables qu'à sauver un innocent. Ce fut d'un pas défaillant qu'accompagné de monsieur Odillon et d'un guichetier je pus me rendre au cachot d'Attenousse. Lorsque nous entrâmes, il dormait encore, mais le bruit de nos pas l'éveilla. En m'apercevant, il s'élança au bout de ses chaînes et nous nous tînmes longtemps embrassés. "Angeline, mon entant, et ma vieille mère, me demanda-t-il lorsqu'il put parier, que sont elles devenues?" Je ne pus lui répondre, je me sentais, étouffé sous le poids, de tant d'émotions. Alors monsieur Odillon vint à mon secours, il lui raconta en quelques mots les principaux incidents qui m'étaient advenus depuis mon départ à bord de la corvette, La Brise. Puis nous lui fîmes part de l'assurance que le Gouverneur avait donné de l'envoi d'un sursis, bien que nous n'y ajoutâmes que peu de foi et que nous ne conservâmes nous-mêmes aucun espoir, Tout est bien fini pour le pauvre guerrier sauvage, nous répondit-il, en secouant tristement la tête. Cette nuit dans un songe, il a vu sa femme, sa vieille mère et son enfant, mais elles étaient là-haut, dans la demeure du Grand Esprit, c'est donc qu'il les reverra désormais. L'horloge marquait cinq heures et un quart et l'ordre du sursis n'arrivait pas. Nous laissâmes tous le cachot à l'exception de monsieur Odillon qu'Attenousse désirait entretenir quelques instants. LE JUGE DE PAIX. 45 Helika Dix minutes après, la porte s'ouvrit et nous fûmes invités à entrer de nouveau. La figure de monsieur Odillon était empreinte de tristesse, celle d'Attenousse était calme et sérieuse. A fûmes nous auprès d'eux que la cloche de la prison se fit entendre. J'écoutai en frémissant: hélas! c'étaient des glas qui invitaient les âmes charitables à unir leurs prières à celles du prêtre qui allait offrir le Saint Sacrifice pour le repos de l'âme de celui qui devait mourir. En effet, quelques instants après, revêtu de sacerdotaux, il commençait une Messe de Requiem et sa voix émue s'arrêtait de temps en temps pour dominer son émotion pendant que les sanglots des assistants troublaient seuls le silence. Au moment de la communion, le prêtre voulu adresser quelques paroles, maïs il ne put le faire que difficilement à travers ses sanglots. Je ne pus comprendra que ces quelques mots: "le Juste par excellence a été mis à mon injustement, faites-lui donc généreusement le sacrifice de votre vie, comme il l'a fait sans se plaindre, pour sauver les coupables. Voici mon frère, le pain des forts qui va vous soutenir dans le moment où Dieu va vous appeler à lui." Ce fut tout ce qu'il put dire. Attenousse reçut l'eucharistie avec une ferveur angélique, lui seul n'était pas ému. Après la messe, monsieur Odillon lui administra le Sacrement de l'Extrême-Onction. Et le sursis n'arrivait pas. A six heures moins dix minutes, la porte s'ouvrit, c'était le bourreau qui entrait suivi de ses aides. En le voyant, le bon prêtre regarda à sa montre: "encore cinq minutes" lui dit-il. Oh! je compris de suite que tout espoir était perdu. En trébuchant, je réussis à me jeter une dernière fois au cou de mon malheureux ami. Dans l'état d'extrême souffrance où j'étais, je ne pus que distinguer ces quelques paroles: "Père Hélika, je te confie ma vieille mère, ma pauvre femme et ma chère petite fille; sois leur protecteur et ne les abandonne jamais. Portes-leur au plus tôt mes derniers embrassements et dis leur que je meurs innocent." Incapable d'y tenir plus longtemps, je sortis de l'appartement supporté par deux gardiens et allai m'affaisser sur un siège dans une autre chambre plus loin. Peu d'instants après, je fus tiré de mon état de torpeur par des bruits de pas dans le corridor. C'était le cortège funèbre qui défilait, je le suivis machinalement. La cloche sonna de nouveau, mais cette fois, c'était le dernier glas. Attenousse, les mains liées derrière le dos et la corde au cou dont le bourreau tenait l'autre extrémité, s'avança, d'un air calme, jusque sur le bord de l'échafaud. La foule était immense, les rires et les chuchotements cessèrent, le spectacle allait commencer. Le condamné se mit à genoux, répéta les prières des agonisants après Monsieur Odillon, puis se levant, il dit d'une voix ferme: "Avant que de paraître devant Dieu, je déclare de la manière la plus solennelle que je suis entièrement innocent du crime pour lequel on m'ôte la vie. Je demande pardon à tous ceux à qui j'ai pu faire du mal sans le savoir et pardonne de tout coeur à ceux qui m'en on fait." Il ajouta en se tournant fièrement vers la foule: "le coeur du guerrier sauvage est inaccessible à la peur. Son chant de mort ne sera pas celui de ses pères, mais celui de la religion de sa femme et de son enfant qu'un missionnaire leur apprit à répéter à l'enterrement de LE JUGE DE PAIX. 46

« Dix minutes après, la porte s'ouvrit et nous fûmes invités à entrer de nouveau.

La figure de monsieur Odillon était empreinte de tristesse, celle d'Attenousse était calme et sérieuse. A fûmes nous auprès d'eux que la cloche de la prison se fit entendre.

J'écoutai en frémissant: hélas! c'étaient des glas qui invitaient les âmes charitables à unir leurs prières à celles du prêtre qui allait offrir le Saint Sacrifice pour le repos de l'âme de celui qui devait mourir.

En effet, quelques instants après, revêtu de sacerdotaux, il commençait une Messe de Requiem et sa voix émue s'arrêtait de temps en temps pour dominer son émotion pendant que les sanglots des assistants troublaient seuls le silence. Au moment de la communion, le prêtre voulu adresser quelques paroles, maïs il ne put le faire que difficilement à travers ses sanglots. Je ne pus comprendra que ces quelques mots: “le Juste par excellence a été mis à mon injustement, faites-lui donc généreusement le sacrifice de votre vie, comme il l'a fait sans se plaindre, pour sauver les coupables. Voici mon frère, le pain des forts qui va vous soutenir dans le moment où Dieu va vous appeler à lui.” Ce fut tout ce qu'il put dire. Attenousse reçut l'eucharistie avec une ferveur angélique, lui seul n'était pas ému. Après la messe, monsieur Odillon lui administra le Sacrement de l'Extrême-Onction. Et le sursis n'arrivait pas. A six heures moins dix minutes, la porte s'ouvrit, c'était le bourreau qui entrait suivi de ses aides.

En le voyant, le bon prêtre regarda à sa montre: “encore cinq minutes” lui dit-il.

Oh! je compris de suite que tout espoir était perdu. En trébuchant, je réussis à me jeter une dernière fois au cou de mon malheureux ami.

Dans l'état d'extrême souffrance où j'étais, je ne pus que distinguer ces quelques paroles: “Père Hélika, je te confie ma vieille mère, ma pauvre femme et ma chère petite fille; sois leur protecteur et ne les abandonne jamais.

Portes-leur au plus tôt mes derniers embrassements et dis leur que je meurs innocent.” Incapable d'y tenir plus longtemps, je sortis de l'appartement supporté par deux gardiens et allai m'affaisser sur un siège dans une autre chambre plus loin. Peu d'instants après, je fus tiré de mon état de torpeur par des bruits de pas dans le corridor.

C'était le cortège funèbre qui défilait, je le suivis machinalement. La cloche sonna de nouveau, mais cette fois, c'était le dernier glas. Attenousse, les mains liées derrière le dos et la corde au cou dont le bourreau tenait l'autre extrémité, s'avança, d'un air calme, jusque sur le bord de l'échafaud. La foule était immense, les rires et les chuchotements cessèrent, le spectacle allait commencer.

Le condamné se mit à genoux, répéta les prières des agonisants après Monsieur Odillon, puis se levant, il dit d'une voix ferme: “Avant que de paraître devant Dieu, je déclare de la manière la plus solennelle que je suis entièrement innocent du crime pour lequel on m'ôte la vie.

Je demande pardon à tous ceux à qui j'ai pu faire du mal sans le savoir et pardonne de tout coeur à ceux qui m'en on fait.” Il ajouta en se tournant fièrement vers la foule: “le coeur du guerrier sauvage est inaccessible à la peur.

Son chant de mort ne sera pas celui de ses pères, mais celui de la religion de sa femme et de son enfant qu'un missionnaire leur apprit à répéter à l'enterrement de Helika LE JUGE DE PAIX.

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