- Mais vous avez été criblé ?
Publié le 04/11/2013
Extrait du document
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naturelle,
quelamaison avaitdeuxentrées, l’unesurlarue ClochePercée etl’autre surlarue Tizon.
Mais ceraisonnement, silogique qu’ilfût,nelui rendait passon épée, etne lui apprenait pasoùétait son
ami.
Ileut uninstant l’idéed’acheter uneautre épéeetd’éventrer lemisérable portierquis’obstinait àne parler
qu’allemand ; maisilpensa quesice portier étaitàMarguerite etque siMarguerite l’avaitchoisiainsi,c’est
qu’elle avaitsesraisons pourcela,etqu’il luiserait peut-être désagréable d’enêtreprivée.
Or, LaMole, pourrienaumonde, n’eûtvoulu faireunechose désagréable àMarguerite.
De peur decéder àla tentation, ilreprit doncverslesdeux heures del’après midilechemin duLouvre.
Comme sonappartement n’étaitpointoccupé cettefois,ilput rentrer chezlui.Lachose étaitassez urgente
relativement aupourpoint, qui,comme luiavait faitobserver lareine, étaitconsidérablement détérioré.
Il s’avança doncincontinent verssonlitpour substituer lebeau pourpoint grisperle àcelui-là.
Mais,àson
grand étonnement, lapremière chosequ’ilaperçut prèsdupourpoint grisperle futcette fameuse épéequ’ilavait
laissée rueCloche-Percée.
La Mole laprit, latourna etlaretourna : c’étaitbienelle.
– Ah ! ah !fit-il, est-ce qu’ilyaurait quelque magielà-dessous ? Puisavec unsoupir : Ah !sile pauvre
Coconnas sepouvait retrouver commemonépée !
Deux outrois heures aprèsqueLaMole avaitcessé saronde circulaire autourdelapetite maison double, la
porte delarue Tizon s’ouvrit.
Ilétait cinqheures dusoir àpeu près, etpar conséquent nuitfermée.
Une femme enveloppée dansunlong manteau garnidefourrures, accompagnée d’unesuivante, sortitpar
cette porte queluitenait ouverte uneduègne d’unequarantaine d’années,seglissa rapidement jusqu’àlarue du
Roi-de-Sicile, frappaàune petite portedelarue d’Argenson quis’ouvrit devantelle,sortit parlagrande portedu
même hôtelquidonnait Vieille-rue-du-Temple, allagagner unepetite poterne del’hôtel deGuise, l’ouvrit avec
une clefqu’elle avaitdanssapoche, etdisparut.
Une demi-heure après,unjeune homme, lesyeux bandés, sortaitparlamême portedelamême petite
maison, guidéparune femme quileconduisait aucoin delarue Geoffroy-Lasnier etde laMortellerie.
Là,elle
l’invita àcompter jusqu’àcinquante etàôter sonbandeau.
Le jeune homme accomplit scrupuleusement larecommandation, etau chiffre convenu ôtalemouchoir qui
lui couvrait lesyeux.
– Mordi ! s’écria-t-il enregardant toutautour delui ; sije sais oùjesuis, jeveux êtrependu ! Sixheures !
s’écria-t-il enentendant sonnerl’horloge deNotre-Dame.
Etcepauvre LaMole, quepeut-il êtredevenu ?
Courons auLouvre, peut-être làen saura-t-on desnouvelles.
Et cedisant, Coconnas descendittoutcourant larue delaMortellerie etarriva auxportes duLouvre en
moins detemps qu’iln’eneûtfallu àun cheval ordinaire ; ilbouscula etdémolit surson passage cettehaie
mobile debraves bourgeois quisepromenaient paisiblement autourdesboutiques delaplace Baudoyer, etentra
dans lepalais.
Là ilinterrogea suisseetsentinelle.
Lesuisse croyait bienavoir vuentrer M. de La Molelematin, maisilne
l’avait pasvusortir.
Lasentinelle n’étaitlàque depuis uneheure etdemie etn’avait rienvu.
Il monta toutcourant àla chambre eten ouvrit laporte précipitamment ; maisilne trouva danslachambre
que lepourpoint deLa Mole toutlacéré, cequi redoubla encoresesinquiétudes.
Alors ilsongea àLa Hurière etcourut chezledigne hôtelier delaBelle-Étoile.
LaHurière avaitvuLa Mole ;
La Mole avaitdéjeuné chezLaHurière.
Coconnas futdonc entièrement rassuré,et,comme ilavait grand faim,il
demanda àsouper àson tour.
Coconnas étaitdans lesdeux dispositions nécessairespourbiensouper : ilavait l’esprit rassuré etl’estomac
vide ; ilsoupa doncsibien quesonrepas leconduisit jusqu’àhuitheures.
Alors,réconforté pardeux bouteilles
d’un petit vind’Anjou qu’ilaimait fortetqu’il venait desabler avecunesensualité quisetrahissait pardes
clignements d’yeuxetdes clappements delangue réitérés, ilse remit àla recherche deLa Mole, accompagnant
cette nouvelle exploration àtravers lafoule decoups depied etde coups depoing proportionnés à
l’accroissement d’amitiéqueluiavait inspiré lebien-être quisuit toujours unbon repas.
Cela dura uneheure ; pendant uneheure Coconnas parcourut touteslesrues avoisinant lequai delaGrève,
le port aucharbon, larue Saint-Antoine etles rues Tizon etCloche-Percée, oùilpensait quesonami pouvait être
revenu.
Enfin,ilcomprit qu’ilyavait unendroit parlequel ilfallait qu’ilpassât, c’étaitleguichet duLouvre, etil
résolut del’aller attendre sousceguichet jusqu’àsarentrée.
Il n’était plusqu’à cent pasduLouvre, etremettait sursesjambes unefemme dontilavait déjàrenversé le
mari, placeSaint-Germain-l’Auxerrois, lorsqu’àl’horizon ilaperçut devantluiàla clarté douteuse d’ungrand
fanal dressé prèsdupont-levis duLouvre, lemanteau develours ceriseetlaplume blanche deson ami qui, déjà
pareil àune ombre, disparaissait sousleguichet enrendant lesalut àla sentinelle.
Le fameux manteau ceriseavaitfaittant d’effet depar lemonde qu’iln’yavait pasàs’y tromper.
– Eh mordi ! s’écriaCoconnas ; c’estbienlui,cette fois,etlevoilà quirentre.
Eh !eh !LaMole, eh !notre
ami.
Peste ! j’aipourtant unebonne voix.Comment sefait-il doncqu’ilnem’ait pasentendu ? Maisparbonheur
j’ai aussi bonnes jambesquebonne voix,etjevais lerejoindre.
Dans cetteespérance, Coconnass’élançadetoute lavigueur deses jarrets, arrivaenun instant auLouvre ;.
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