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Marcel se lève lourdement, contemple en soupirant son coquet living Lévitan vingt-quatre traites, ouvre la porte et dit à 'enfant sombre qui guette sur le palier : « Conduis-moi à ton papa.

Publié le 30/10/2013

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Marcel se lève lourdement, contemple en soupirant son coquet living Lévitan vingt-quatre traites, ouvre la porte et dit à 'enfant sombre qui guette sur le palier : « Conduis-moi à ton papa. « Et au cinquième étage, dans le deux-pièces où 'entasse la famille de M. Ali, huit personnes dont une vieille mère et cinq enfants, il s'entendra prononcer, le plus sincèrement du monde, ces paroles incroyables, coeur sur la main et main tendue : « Voilà ! M. Ali. Ma femme et moi, on a ensé que ce n'était pas juste. Que vous ne pouviez pas continuer à vivre aussi serrés dans ce petit appartement. Nous, on 'est que deux. Ici, ce sera très suffisant pour nous. Et vous, chez moi, vous serez quand même plus au large. Non, ce n'est ien. C'est même tout naturel. Faut bien s'entraider, de nos jours ! Ils sont bien mignons, vos petits, et bien polis ! « Et djugé ! Sans pression corporelle ni légale, cette fois. Qui donc a osé prétendre que l'homme est un loup pour l'homme... ? uant à Boris Vilsberg, personne ne sait ce qu'il est devenu. Certains le croient retiré dans une ferme collective du Larzac, ù il travaille silencieusement de ses mains. On peut rapprocher sa retraite de celle du directeur de La Grenouille. Alors que celui-ci terminait un dessin où l'on voyait un Blanc perplexe et un Noir hilare devant un jeu de dames étalé, avec, en égende, cette phrase dans la bouche du Noir : « Tu prends les noires et moi les blanches, ça te va ? « lui vint, en traçant le ernier trait, la conviction que s'il publiait ce dessin, il serait aussitôt assassiné. Il en conçut une telle tristesse que son visage prit l'aspect déchirant de celui d'un clown en agonie. Il fit gentiment le tour des bureaux, serra la main de chacun, répétant : « Continuez sans moi, si vous pouvez, si vous pouvez... « J'ai sous les yeux la composition de l'Assemblée populaire multiraciale de la Commune de Paris, réunie le lundi de Pâques trois heures de l'après-midi, à la Bourse du travail. Du côté des officiels de race blanche, peu de monde, mais uffisamment pour faire le poids de la compétence et  jouer les bonnes volontés : le préfet, deux ou trois ministres et uelques hauts fonctionnaires, de ceux dont le président de la République disait, vingt-quatre heures plus tôt, « qu'ils onspiraient déjà, pactisaient avec l'événement, qu'ils prenaient de multiples contacts et faisaient circuler sous le manteau a composition d'un gouvernement provisoire «. Parmi eux, un obscur général, un seul, du nom de Fosse, dont on ne savait rien, sinon qu'il était tiers mondiste et n'avait pas hésité, jeune officier, en d'autres temps, au service d'un gouvernement africain, à faire tirer sur des Français. Puis, justement, les contacts de tous ces messieurs. Cette fois, cela commence à faire beaucoup de monde. Les hautes autorités spirituelles et morales, d'abord, marchant sur les décombres comme fakirs sur la braise. Le grand mufti, bien sûr. Ne représentait-il pas plus de six millions d'Arabes et de Noirs musulmans déjà établis en France ? Notons qu'il obtint plus tard, dans le premier gouvernement provisoire, le portefeuille de l'Égalité, un nouveau ministère, quelque chose comme le ministère de l'Environnement humain, combattant toutes les pollutions d'origine raciste. L'inévitable cardinal-archevêque de Paris, touchant de bonne volonté. Embrassant publiquement le mufti toujours impénétrable dans son grand burnous blanc, il lui fit don de trente églises à transformer en mosquées et ce fut l'un des moments les plus émouvants de la journée. Des présidents de ligues humanitaires, également, sauf le plus fort en gueule, parti pour la Suisse, avait-il annoncé, « afin de consulter ses homologues occidentaux «. Et même le grand rabbin, pris au piège de l'antiracisme, alors qu'Israël n'allait pas y survivre. L'ambassadeur du Gange, très entouré, accompagné de ses collègues de l'Inde, du Bengale et du Pakistan, devenus tous quatre chefs d'armées victorieuses. D'autres ambassadeurs du tiers monde, parlant très haut, forts de toutes ces flottes qui appareillaient au même moment. Tous, sans exception, le verbe dégoulinant de principes fraternels, les Blancs s'excusant presque de les recevoir si mal. Nuit du 4 août de l'abolition des races. L'alouette et le cheval jurent de ne plus se séparer. Et puis, faisant pression de toute sa masse, le Tiers État, si l'on peut dire, qui formait les trois quarts de l'assemblée. J'y relève la présence d'un nombre considérable de femmes blanches, mais toutes mariées, comme Élise, à des hommes d'autre race. Elles furent très écoutées, avec enthousiasme chez la plupart, avec un certain malaise chez les Blancs plus réticents, car tous avaient conscience qu'elles symbolisaient la mort de la race blanche. Quelques années plus tôt, Ralph Ginzburg, célèbre éditeur américain de la revue Éros, avait publié une photo qui fit couler beaucoup d'encre sur le ventre blanc d'une femme, juste au-dessous de ses seins nus, deux mains jointes paisiblement, l'une masculine et noire, l'autre éminine et blanche. Photo accompagnée de cette longue légende : « Demain, ce couple sera considéré comme le pionnier 'une époque éclairée, dans laquelle les préjugés seront morts et la seule race sera la race humaine. « C'était exactement ela. On les écoutait presque religieusement parce qu'elles parlaient au nom de la mort. Seule, une femme blanche peut ettre au monde un enfant blanc. Qu'elle se refuse à le concevoir en ne choisissant que des partenaires non blancs, et la uccession génétique a vite fait d'en multiplier les conséquences. Dans le premier gouvernement provisoire, Élise devint inistre de la Population... uelques personnages pittoresques, également, car dans la grande trouille générale de l'évanouissement des forces de 'ordre, beaucoup avaient construit leur petite barricade et entendaient bien le faire savoir. II n'y a pas de libération sans le enfort superflu de ces exhibitionnistes avisés : Léo Béon, le père Agnellu, Dom Vincent Laréole et d'autres, au centre d'un ot d'histrions de tous poils, un choix de toutes les disciplines. Ils s'agitèrent beaucoup, mais comptaient déjà pour du eurre. ar la masse, la voici. Sombres bataillons des délégués du tiers monde de Paris. Et quand je me demandais si tout cela résentait une quelconque apparence de sérieux, je dois préciser, après coup, que ce n'était pas à eux que je pensais. Ils sont ous là. Le « doyen « des Noirs de banlieue, chef du peuple des rats et ses conseillers blancs, du prêtre-éboueur au militant ; e « cadi borgne « et son état-major ; Mamadou le souriant ; et tous les crépus, les basanés, les méprisés, les fantômes, les ourmis du bonheur blanc, les nettoyeurs, les troglodytes, les puants et les déhanchés, les cracheurs de poumon, les sansemmes, les interchangeables, les sacrifiés, les indispensables, les innombrables. Ils ne disent pas grand-chose. Ils sont la orce et, désormais, ils le savent. Ils ne l'oublieront jamais. Simplement, s'ils ne sont pas d'accord, ils grondent et l'on 'aperçoit vite que ce sont ces grondements qui dirigent les débats. Car cela s'entend, cinq milliards d'êtres humains, debout sur toute la terre, et qui grondent ! Tandis qu'avec Marcel et Josiane, sept cents millions de Blancs ferment les yeux et se bouchent les oreilles...

« debout surtoute laterre, etqui grondent ! Tandisqu’avec MarceletJosiane, septcents millions deBlancs ferment lesyeux et se bouchent lesoreilles.... »

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