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mes démonstrations.

Publié le 01/10/2013

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mes démonstrations. Mais, pour l'amour de ceux qui ont eu des difficultés sur mes principes, comme sur ce qui touche le naturel des hommes, le droit de nature, la nature des contrats et la manière en laquelle la société s'est formée, j'ai ajouté en quelques endroits des annotations, par lesquelles j'ai cru de leur pouvoir satisfaire ; et je me suis mis en ce devoir, parce qu'en me reprenant ils ont agi sans passion, et qu'ils n'ont fait que m'ouvrir leurs pensées et me dire leurs sentiments avec franchise. En un mot, j'ai partout tâché soigneusement de n'offenser personne, si ce n'est, peut-être, ceux aux desseins desquels mon livre s'oppose, et ceux dont l'esprit est si tendre, qu'ils s'offensent du moindre dissentiment. C'est pourquoi, lecteur, si vous rencontrez quelque chose moins certaine, ou dite avec plus d'aigreur et d'affirmation qu'il n'était nécessaire d'en apporter, je vous prie, et je vous demande instamment cette grâce de ne vous en point fâcher. Je n'ai rien avancé à dessein de favoriser aucun parti ; mais avec un ardent désir de revoir la paix ; et il est raisonnable que vous pardonniez à la juste douleur dont j'ai le coeur saisi, quand je jette les yeux sur ma patrie, et quand je me représente le pitoyable état auquel elle est réduite. ÉPÎTRE DÉDICATOIRE À MONSEIGNEUR LE COMTE DE DEVONSHIRE MONSEIGNEUR, Le peuple romain peu favorable envers les rois, et à cause de la mémoire du nom des Tarquins et par les lois de la république, disait autrefois par la bouche de Caton le censeur, que tous les monarques étaient de la nature de ces animaux qui ne vivent que de rapine. Comme si ce même peuple qui a pillé presque tout le monde par ses Africains, ses Asiatiques, ses Macédoniens, ses Achaïques, et par ses autres citoyens renommés à cause des dépouilles qu'ils ont emportées de différentes nations, n'était pas une bête plus formidable ? De sorte que Pontius Telesinus n'avait pas moins de raison lorsque dans le combat qui se fit à la porte Colline contre Sylla, il s'écria passant au travers des rangs de ses soldats, qu'il fallait démolir la ville de Rome, parce qu'on trouverait toujours des loups ravissants qui envahiraient la liberté de l'Italie, si l'on n'abattait la forêt où ils avaient coutume de se retirer. Et certainement il est également vrai que l'homme est un dieu pour l'homme, et que l'homme est aussi un loup pour l'homme. L'un dans la comparaison des citoyens les uns avec les autres ; et l'autre dans la considération des républiques ; là, par le moyen de la justice et de la charité, qui sont les vertus de la paix, on s'approche de la ressemblance de Dieu ; et ici, les désordres des méchants contraignent ceux mêmes qui sont les meilleurs de recourir, par le droit d'une légitime défense, à la force et à la tromperie, qui sont les vertus de la guerre, c'est-à-dire à la rapacité des bêtes fàrouches ; laquelle, quoique les hommes, par une coutume qui est née avec eux, se l'imputent mutuellement à outrage, se représentant leurs actions dans la personne des autres ainsi que dans un miroir où les choses qui sont à la main gauche paraissent à la droite, et celles qui sont à la droite, à la gauche, n'est pas toutefois condamnée comme un vice par ce droit naturel qui dérive de la nécessité de sa propre conservation. Que si quelques-uns trouvent étrange que Caton, cet homme d'une sagesse si renommée, se soit laissé de sorte prévenir à la haine, et que la passion ait si fort imposé à sa raison, qu'il ait jugé équitable dans ses citoyens ce qu'il a estimé inique dans la personne des rois ; pour moi il y a longtemps que je suis dans cette opinion, que les plus belles vérités n'ont jamais agréé au peuple, et qu'il ne saurait connaître une plus grande sagesse que la sienne ; car ou il ne peut la comprendre, ou s'il en est capable, il la mesure et l'égale à son intelligence. Et ce n'est pas la raison, mais la grandeur des actions et des paroles célèbres des Grecs et des Romains, et même de ces rapines qu'on se reproche, qui les a rendus recommandables à l'histoire, qui a fait rouler confusément dans la suite des siècles toutes sortes d'acteurs, de quelle condition qu'ils aient été, avec les actions publiques. La vraie sagesse consiste dans la science de la vérité de toutes les matières, laquelle venant de la mémoire qui est excitée par des paroles d'une signification constante et définie, ne saurait être le mouvement précipité d'un esprit vif et impétueux, mais bien l'ouvrage de la droite raison, c'est-à-dire de la philosophie. Car c'est par elle que, de la contemplation des objets particuliers, on s'ouvre le chemin aux préceptes généraux. Et elle s'étend en autant de rameaux qu'il y a de genres de choses dont la raison humaine peut être capable. Ainsi la géométrie qui traite des figures, la physique du mouvement, et la morale du droit naturel, ne sont que la philosophie. Comme la mer que nous appelons britannique, et qui est nommée ailleurs ou atlantique, ou indienne,

« ÉPÎTRE DÉDICATOIRE À MONSEIGNEUR LE COMTE DE DEVONSHIRE MONSEIGNEUR, Le peuple romain peu favorable envers les rois, et à cause de la mémoire du nom des Tarquins et par les lois de la république, disait autrefois par la bouche de Caton le censeur, que tous les monarques étaient de la nature de ces animaux qui ne vivent que de rapine.

Comme si ce même peuple qui a pillé presque tout le monde par ses Africains, ses Asiatiques, ses Macédoniens, ses Achaïques, et par ses autres citoyens renommés à cause des dépouilles qu'ils ont emportées de différentes nations, n'était pas une bête plus formidable ? De sorte que Pontius Telesinus n'avait pas moins de raison lorsque dans le combat qui se fit à la porte Colline contre Sylla, il s'écria passant au travers des rangs de ses soldats, qu'il fallait démolir la ville de Rome, parce qu'on trouve- rait toujours des loups ravissants qui envahiraient la liberté de l'Italie, si l'on n'abattait la forêt où ils avaient coutume de se retirer.

Et certainement il est également vrai que l'homme est un dieu pour l'homme, et que l'homme est aussi un loup pour l'homme.

L'un dans la comparaison des citoyens les uns avec les autres ; et l'autre dans la considération des républiques ; là, par le moyen de. »

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