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Le premier jour de voyage et la première soirée d'aventures, avec leurs conséquences.

Publié le 15/12/2013

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Le premier jour de voyage et la première soirée d'aventures, avec leurs conséquences. Chapitre 2 Le soleil, ce ponctuel factotum de l'univers, venait de se lever et commençait à éclairer le matin du 13 mai 1831, quand M. Samuël Pickwick, semblable à cet astre radieux, sortit des bras du sommeil, ouvrit la croisée de sa chambre, et laissa tomber ses regards sur le monde, qui s'agitait au-dessous de lui. La rue Goswell était à ses pieds, la rue Goswell était à sa droite, la rue Goswell était à sa gauche, aussi loin que l'oeil pouvait s'étendre, et en face de lui se trouvait encore la rue Goswell. « Telles, pensa M. Pickwick, telles sont les vues étroites de ces philosophes, qui, satisfaits d'examiner la surface des choses, ne cherchent point à en étudier les mystères cachés. Comme eux, je pourrais me contenter de regarder toujours sur la rue Goswell, sans faire aucun effort pour pénétrer dans les contrées inconnues qui l'environnent. » Ayant laissé tomber cette pensée sublime, M. Pickwick s'occupe de s'habiller et de serrer ses effets dans son portemanteau. Les grands hommes sont rarement très-scrupuleux pour leur costume : aussi la barbe, la toilette, le déjeuner se succédèrent-ils rapidement. Au bout d'une heure M. Pickwick était arrivé à la place des voitures de Saint-Martin le Grand, ayant son portemanteau sous son bras, son télescope dans la poche de sa redingote, et dans celle de son gilet son mémorandum, toujours prêt à recevoir les découvertes dignes d'être notées. « Cocher ! cria M. Pickwick. - Voilà, monsieur ! répondit un étrange spécimen du genre homme, lequel avec son sarrau et son tablier de toile, portant au cou une plaque de cuivre numérotée, avait l'air d'être catalogué dans quelque collection d'objets rares. C'était le garçon de place. Voilà, monsieur. Hé ! cabriolet en tête ! » Et le cocher étant sorti de la taverne où il fumait sa pipe, M. Pickwick et son portemanteau furent hissés dans la voiture. - Golden-Cross, dit M. Pickwick. - Ce n'est qu'une méchante course d'un shilling, Tom, cria le cocher d'un ton de mauvaise humeur, pour l'édification du garçon de place, comme la voiture partait. - Quel âge a cette bête-là, mon ami ? demanda M. Pickwick en se frottant le nez avec le shilling qu'il tenait tout prêt pour payer sa course. - Quarante-deux ans, répliqua le cocher, après avoir lorgné M. Pickwick du coin de l'oeil. - Quoi ! s'écria l'homme illustre en mettant la main sur son carnet. » Le cocher réitéra son assertion ; M. Pickwick le regarda fixement au visage ; mais il ne découvrit aucune hésitation dans ses traits, et nota le fait immédiatement. « Et combien de temps reste-t-il hors de l'écurie, continua M. Pickwick, cherchant toujours à acquérir quelques notions utiles. - Deux ou trois semaines. - Deux ou trois semaines hors de l'écurie ! dit le philosophe plein d'étonnement ; et il tira de nouveau son portefeuille. - Les écuries, répliqua froidement le cocher, sont à Pentonville ; mais il y entre rarement à cause de sa faiblesse. - À cause de sa faiblesse ? répéta M. Pickwick avec perplexité. - Il tombe toujours quand on l'ôte du cabriolet. Mais au contraire quand il y est bien attelé, nous tenons les guides courtes et il ne peut pas broncher. Nous avons une paire de fameuses roues ; aussi, pour peu qu'il bouge, elles roulent après lui, et il faut bien qu'il marche. Il ne peut pas s'en empêcher. » M. Pickwick enregistra chaque parole de ce récit, pour en faire part à son club, comme d'une singulière preuve de la vitalité des chevaux dans les circonstances les plus difficiles. Il achevait d'écrire, lorsque le cabriolet atteignit Golden-Cross. Aussitôt le cocher saute en bas, M. Pickwick descend avec précaution, et MM. Tupman, Snodgrass et Winkle, qui attendaient avec anxiété l'arrivée de leur illustre chef, s'approchent de lui pour le féliciter. « Tenez, cocher, » dit M. Pickwick en tendant le shilling à son conducteur. Mais quel fut l'étonnement du savant personnage lorsque cet homme inconcevable, jetant l'argent sur le pavé, déclara, en langage figuré, qu'il ne demandait d'autre payement que le plaisir de boxer avec M. Pickwick tout son shilling. « Vous êtes fou, dit M. Snodgrass. - Ivre, reprit M. Winkle. - Tous les deux, ajouta M. Tupman. - Avancez ! disait le cocher, lançant dans l'espace une multitude de coups de poings préparatoires. Avancez tous les quatre ! - En voilà une bonne ! s'écrièrent une demi-douzaine d'autres cochers : À la besogne, John ! et ils se rangèrent en cercle avec une grande satisfaction. - Qu'est-ce qu'y a, John ? demanda un gentleman, porteur de manches de calicot noir. - Ce qu'y a ! répliqua le cocher. Ce vieux a pris mon numéro ! - Je n'ai pas pris votre numéro, dit M. Pickwick d'un ton indigné. - Pourquoi l'avez-vous noté, alors ? demanda le cocher. - Je ne l'ai pas noté ! s'écria M. Pickwick, avec indignation. - Croiriez-vous, continua le cocher, en s'adressant à la foule ; croiriez-vous que ce mouchard-là monte dans mon cabriolet, prend mon numéro, et couche sur le papier chaque parole que j'ai dite ? » (Le mémorandum revint comme un trait de lumière dans la mémoire de M. Pickwick.) « Il a fait ça ? cria un autre cocher. - Oui, il a fait ça. Après m'avoir induit par ses vexations à l'attaquer, voilà qu'il a trois témoins tout prêts pour déposer contre moi. Mais il me le payera, quand je devrais en avoir pour six mois ! Avancez donc. » Et dans son exaspération, avec un dédain superbe pour ses propres effets, le cocher lança son chapeau sur le pavé, fit sauter les lunettes de M. Pickwick, envoya un coup de poing sous le nez de M. Pickwick, un autre coup de poing dans la poitrine de M. Pickwick, un troisième dans l'oeil de M. Snodgrass, un quatrième pour varier dans le gilet de M. Tupman ; puis s'en alla d'un saut au milieu de la rue, puis revint sur le trottoir, et finalement enleva à M. Winkle le peu d'air respirable que renfermaient momentanément ses poumons, le tout en une douzaine de secondes. « Où y a-t-il un constable ? dit M. Snodgrass. - Mettez-les sous la pompe, suggéra un marchand de pâtés chauds. - Vous me le payerez, dit M. Pickwick respirant avec difficulté. - Mouchards ! crièrent quelques voix dans la foule. - Avancez donc, beugla le cocher, qui pendant ce temps avait continué de lancer des coups de poings dans le vide. » Jusqu'alors la populace avait contemplé passivement cette scène ; mais le bruit que les pickwickiens étaient des mouchards s'étant répandu de proche en proche, les assistants commencèrent à discuter avec beaucoup de chaleur s'il ne conviendrait pas de suivre la proposition de l'irascible marchand de pâtés. On ne peut dire à quelles voies de fait ils se seraient portés, si l'intervention d'un nouvel arrivant n'avait terminé inopinément la bagarre. « Qu'est-ce qu'il y a ? demanda un grand jeune homme effilé, revêtu d'un habit vert, et qui sortait du bureau des voitures. - Mouchards ! hurla de nouveau la foule. - C'est faux ! cria M. Pickwick avec un accent qui devait convaincre tout auditeur exempt de préjugés. - Bien vrai ? bien vrai ? » demanda le jeune homme, en se faisant passage à travers la multitude, par l'infaillible procédé qui consiste à donner des coups de coude à droite et à gauche.

« avec anxiété l’arrivée deleur illustre chef,s’approchent deluipour leféliciter. « Tenez, cocher, » ditM. Pickwick entendant leshilling àson conducteur. Mais quelfutl’étonnement dusavant personnage lorsquecethomme inconcevable, jetant l’argent surlepavé, déclara, enlangage figuré,qu’ilnedemandait d’autrepayement quele plaisir deboxer avecM. Pickwick toutsonshilling. « Vous êtesfou,ditM. Snodgrass. – Ivre, reprit M. Winkle. – Tous lesdeux, ajouta M. Tupman. – Avancez ! disaitlecocher, lançant dansl’espace unemultitude decoups depoings préparatoires.

Avanceztouslesquatre ! – En voilà unebonne ! s’écrièrent unedemi-douzaine d’autrescochers : Àla besogne, John !et ils se rangèrent encercle avecunegrande satisfaction. – Qu’est-ce qu’ya,John ? demanda ungentleman, porteurdemanches decalicot noir. – Ce qu’y a !répliqua lecocher.

Cevieux apris mon numéro ! – Je n’ai paspris votre numéro, ditM. Pickwick d’untonindigné. – Pourquoi l’avez-vous noté,alors ? demanda lecocher. – Je ne l’ai pas noté ! s’écria M. Pickwick, avecindignation. – Croiriez-vous, continualecocher, ens’adressant àla foule ; croiriez-vous quecemouchard-là monte dansmoncabriolet, prendmonnuméro, etcouche surlepapier chaque parolequej’ai dite ? » (Lemémorandum revintcomme untrait delumière danslamémoire deM. Pickwick.) « Il afait ça ? criaunautre cocher. – Oui, ila fait ça.Après m’avoir induitparsesvexations àl’attaquer, voilàqu’ilatrois témoins tout prêts pourdéposer contremoi.Mais ilme lepayera, quandjedevrais enavoir poursix mois ! Avancez donc. »Etdans sonexaspération, avecundédain superbe poursespropres effets, lecocher lançasonchapeau surlepavé, fitsauter leslunettes deM. Pickwick, envoyaun coup depoing souslenez deM. Pickwick, unautre coupdepoing danslapoitrine de M. Pickwick, untroisième dansl’œildeM. Snodgrass, unquatrième pourvarier danslegilet de M. Tupman ; puiss’enallad’un sautaumilieu delarue, puis revint surletrottoir, etfinalement enleva àM. Winkle lepeu d’air respirable querenfermaient momentanément sespoumons, le tout enune douzaine desecondes. « Où ya-t-il unconstable ? ditM. Snodgrass. – Mettez-les souslapompe, suggéra unmarchand depâtés chauds. – Vous melepayerez, ditM. Pickwick respirantavecdifficulté. – Mouchards ! crièrentquelques voixdans lafoule. – Avancez donc,beugla lecocher, quipendant cetemps avaitcontinué delancer descoups de poings danslevide. » Jusqu’alors lapopulace avaitcontemplé passivement cettescène ; maislebruit queles pickwickiens étaientdesmouchards s’étantrépandu deproche enproche, lesassistants commencèrent àdiscuter avecbeaucoup dechaleur s’ilneconviendrait pasdesuivre la proposition del’irascible marchand depâtés.

Onnepeut direàquelles voiesdefait ilsse seraient portés,sil’intervention d’unnouvel arrivant n’avaitterminé inopinément labagarre. « Qu’est-ce qu’ilya ? demanda ungrand jeunehomme effilé,revêtu d’unhabit vert,etqui sortait dubureau desvoitures. – Mouchards ! hurladenouveau lafoule. – C’est faux ! criaM. Pickwick avecunaccent quidevait convaincre toutauditeur exemptde préjugés.

– Bien vrai ? bienvrai ? » demanda lejeune homme, ensefaisant passage àtravers la multitude, parl’infaillible procédéquiconsiste àdonner descoups decoude àdroite età gauche.. »

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