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Tout à coup au bruit de son cheval, dont le galop faisait retentir le pavé sonore, quelques sentinelles se retournèrent en criant : - Il fuit !

Publié le 04/11/2013

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Tout à coup au bruit de son cheval, dont le galop faisait retentir le pavé sonore, quelques sentinelles se retournèrent en criant : - Il fuit ! il fuit ! - Qui cela ? s'écria la reine mère en s'approchant d'une fenêtre. - Le roi Henri, le roi de Navarre, crièrent les sentinelles. - Feu ! dit Catherine, feu sur lui ! Les sentinelles ajustèrent, mais Henri était déjà trop loin. - Il fuit, s'écria la reine mère, donc il est vaincu. - Il fuit, murmura le duc d'Alençon, donc je suis roi. Mais au même instant, et tandis que François et sa mère étaient encore à la fenêtre, le pont-levis craqua sous les pas des chevaux, et précédé par un cliquetis d'armes et par une grande rumeur, un jeune homme lancé au galop, son chapeau à la main, entra dans la cour en criant : France ! suivi de quatre gentilshommes, couverts comme lui de sueur, de poussière et d'écume. - Mon fils ! s'écria Catherine en étendant les deux bras par la fenêtre. - Ma mère ! répondit le jeune homme en sautant à bas du cheval. - Mon frère d'Anjou ! s'écria avec épouvante François en se rejetant en arrière. - Est-il trop tard ? demanda Henri d'Anjou à sa mère. - Non, au contraire, il est temps, et Dieu t'eût conduit par la main qu'il ne t'eût pas amené plus à propos ; regarde et écoute. En effet, M. de Nancey, capitaine des gardes, s'avançait sur le balcon de la chambre du roi. Tous les regards se tournèrent vers lui. Il brisa une baguette en deux morceaux, et, les bras étendus, tenant les deux morceaux de chaque main : - Le roi Charles IX est mort ! le roi Charles IX est mort ! le roi Charles IX est mort ! cria-t-il trois fois. Et il laissa tomber les deux morceaux de la baguette. - Vive le roi Henri III ! cria alors Catherine en se signant avec une pieuse reconnaissance. Vive le roi Henri III ! Toutes les voix répétèrent ce cri, excepté celle du duc François. - Ah ! elle m'a joué, dit-il en déchirant sa poitrine avec ses ongles. - Je l'emporte, s'écria Catherine, et cet odieux Béarnais ne régnera pas ! XXXV - Épilogue   Un an s'était écoulé depuis la mort du roi Charles IX et l'avènement au trône de son successeur. Le roi Henri III, heureusement régnant par la grâce de Dieu et de sa mère Catherine, était allé à une belle procession faite en l'honneur de Notre-Dame de Cléry. Il était parti à pied avec la reine sa femme et toute la cour. Le roi Henri III pouvait bien se donner ce petit passe-temps ; nul souci sérieux ne l'occupait à cette heure. Le roi de Navarre était en Navarre, où il avait si longtemps désiré être, et s'occupait fort, disait-on, d'une belle fille du sang des Montmorency et qu'il appelait la Fosseuse. Marguerite était près de lui, triste et sombre, et ne trouvant que dans ses belles montagnes, non pas une distraction, mais un adoucissement aux deux grandes douleurs de la vie : l'absence et la mort. Paris était fort tranquille, et la reine mère, véritablement régente depuis que son cher fils Henri était roi, y faisait séjour tantôt au Louvre, tantôt à l'hôtel de Soissons, qui était situé sur l'emplacement que couvre aujourd'hui la halle au blé, et dont il ne reste que l'élégante colonne qu'on peut voir encore aujourd'hui. Elle était un soir fort occupée à étudier les astres avec René, dont elle avait toujours ignoré les petites trahisons, et qui était rentré en grâce auprès d'elle pour le faux témoignage qu'il avait si à point porté dans l'affaire de Coconnas et de La Mole, lorsqu'on vint lui dire qu'un homme qui disait avoir une chose de la plus haute importance à lui communiquer, l'attendait dans son oratoire. Elle descendit précipitamment et trouva le sire de Maurevel. - Il est ici, s'écria l'ancien capitaine des pétardiers, ne laissant point, contre l'étiquette royale, le temps à atherine de lui adresser la parole. - Qui, il ? demanda Catherine. - Qui voulez-vous que ce soit, madame, sinon le roi de Navarre ? - Ici ! dit Catherine, ici... lui... Henri... Et qu'y vient-il faire, l'imprudent ? - Si l'on en croit les apparences, il vient voir madame de Sauve ; voilà tout. Si l'on en croit les probabilités, il vient conspirer contre le roi. - Et comment savez-vous qu'il est ici ? - Hier, je l'ai vu entrer dans une maison, et un instant après madame de Sauve est venue l'y joindre. - Êtes-vous sûr que ce soit lui ? - Je l'ai attendu jusqu'à sa sortie, c'est-à-dire une partie de la nuit. À trois heures, les deux amants se sont remis en chemin. Le roi a conduit madame de Sauve jusqu'au guichet du Louvre ; là, grâce au concierge, qui est dans ses intérêts sans doute, elle est rentrée sans être inquiétée, et le roi s'en est revenu tout en chantonnant un petit air et d'un pas aussi dégagé que s'il était au milieu de ses montagnes. - Et où est-il allé ainsi ? - Rue de l'Arbre-Sec, hôtel de la Belle-Étoile, chez ce même aubergiste où logeaient les deux sorciers que Votre Majesté a fait exécuter l'an passé. - Pourquoi n'êtes-vous pas venu me dire la chose aussitôt ? - Parce que je n'étais pas encore assez sûr de mon fait. - Tandis que maintenant ? - Maintenant, je le suis. - Tu l'as vu ? - Parfaitement. J'étais embusqué chez un marchand de vin en face ; je l'ai vu entrer d'abord dans la même maison que la veille ; puis comme madame de Sauve tardait, il a mis imprudemment son visage au carreau d'une fenêtre du premier, et cette fois je n'ai plus conservé aucun doute. D'ailleurs, un instant après, madame de Sauve l'est venue rejoindre de nouveau. - Et tu crois qu'ils resteront, comme la nuit passée, jusqu'à trois heures du matin ? - C'est probable. - Où est donc cette maison ? - Près de la Croix-des-Petits-Champs, vers Saint-Honoré. - Bien, dit Catherine. M. de Sauve ne connaît point votre écriture ? - Non. - Asseyez-vous là et écrivez. Maurevel obéit et prenant la plume : - Je suis prêt, madame, dit-il. Catherine dicta :

« XXXV –Épilogue   Un ans’était écoulé depuis lamort duroi Charles IXetl’avènement autrône deson successeur. Le roi Henri III,heureusement régnantparlagrâce deDieu etde samère Catherine, étaitalléàune belle procession faiteenl’honneur deNotre-Dame deCléry. Il était parti àpied avec lareine safemme ettoute lacour. Le roi Henri IIIpouvait biensedonner cepetit passe-temps ; nulsouci sérieux nel’occupait àcette heure.

Le roi deNavarre étaitenNavarre, oùilavait silongtemps désiréêtre,ets’occupait fort,disait-on, d’unebellefille du sang desMontmorency etqu’il appelait laFosseuse.

Marguerite étaitprèsdelui, triste etsombre, etne trouvant quedans sesbelles montagnes, nonpasune distraction, maisunadoucissement auxdeux grandes douleurs delavie : l’absence etlamort. Paris étaitforttranquille, etlareine mère, véritablement régentedepuisquesoncher filsHenri étaitroi,y faisait séjour tantôtauLouvre, tantôtàl’hôtel deSoissons, quiétait situé surl’emplacement quecouvre aujourd’hui lahalle aublé, etdont ilne reste quel’élégante colonnequ’onpeutvoirencore aujourd’hui. Elle était unsoir fortoccupée àétudier lesastres avecRené, dontelleavait toujours ignorélespetites trahisons, etqui était rentré engrâce auprès d’ellepourlefaux témoignage qu’ilavait siàpoint porté dans l’affaire deCoconnas etde La Mole, lorsqu’on vintluidire qu’un homme quidisait avoirunechose delaplus haute importance àlui communiquer, l’attendaitdanssonoratoire. Elle descendit précipitamment ettrouva lesire deMaurevel. – Il est ici, s’écria l’ancien capitaine despétardiers, nelaissant point,contre l’étiquette royale,letemps à Catherine delui adresser laparole. – Qui, il ? demanda Catherine. – Qui voulez-vous quecesoit, madame, sinonleroi deNavarre ? – Ici !dit Catherine, ici…lui… Henri… Etqu’y vient-il faire,l’imprudent ? – Si l’on encroit lesapparences, ilvient voirmadame deSauve ; voilàtout.Sil’on encroit lesprobabilités, il vient conspirer contreleroi. – Et comment savez-vous qu’ilestici ? – Hier, jel’ai vuentrer dansunemaison, etun instant aprèsmadame deSauve estvenue l’yjoindre. – Êtes-vous sûrque cesoit lui ? – Je l’ai attendu jusqu’àsasortie, c’est-à-dire unepartie delanuit.

Àtrois heures, lesdeux amants sesont remis enchemin.

Leroi aconduit madame deSauve jusqu’au guichetduLouvre ; là,grâce auconcierge, quiest dans sesintérêts sansdoute, elleestrentrée sansêtreinquiétée, etleroi s’en estrevenu toutenchantonnant un petit airetd’un pasaussi dégagé ques’ilétait aumilieu deses montagnes. – Et où est-il alléainsi ? – Rue del’Arbre-Sec, hôteldelaBelle-Étoile, chezcemême aubergiste oùlogeaient lesdeux sorciers que Votre Majesté afait exécuter l’anpassé. – Pourquoi n’êtes-vous pasvenu medire lachose aussitôt ? – Parce quejen’étais pasencore assezsûrdemon fait. – Tandis quemaintenant ? – Maintenant, jelesuis. – Tu l’as vu ? – Parfaitement.

J’étaisembusqué chezunmarchand devin enface ; jel’ai vuentrer d’abord danslamême maison quelaveille ; puiscomme madame deSauve tardait, ilamis imprudemment sonvisage aucarreau d’une fenêtre dupremier, etcette foisjen’ai plus conservé aucundoute.

D’ailleurs, uninstant après,madame deSauve l’est venue rejoindre denouveau. – Et tucrois qu’ils resteront, commelanuit passée, jusqu’àtroisheures dumatin ? – C’est probable. – Où estdonc cettemaison ? – Près delaCroix-des-Petits-Champs, versSaint-Honoré. – Bien, ditCatherine.

M. de Sauve neconnaît pointvotreécriture ? – Non. – Asseyez-vous làet écrivez.

Maurevel obéitetprenant laplume : – Je suis prêt, madame, dit-il. Catherine dicta :. »

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