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LE DÉJEUNER SUR L'HERBE

Publié le 14/09/2014

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Né à Paris en 1832 dans une famille de la haute bourgeoisie parisienne, Manet étudie de 1850 à 1856 chez le peintre Thomas Couture, qui lui inculque les bases d'un métier solide. Aux leçons des chefs-d'oeuvre du Louvre s'ajoutent celles des voyages en Hollande ou en Italie, où Manet copie Rembrandt et Titien. L'exemple de Courbet et surtout l'influence de Baudelaire l'orientent vers les sujets modernes, comme le montre la Musique aux Tuileries, en 1862.

 

Admirateur de Velazquez, séduit par l'exotisme d'une troupe de danseurs et de danseuses espagnols qui présentent un spectacle à Paris en 1862. il exécute des peintures sur des thèmes hispaniques en même temps qu'il cherche à s'imposer au Salon avec une oeuvre décisive. Olympia, en 1865 (Paris, musée d'Orsay), après le Déjeuner sur l'herbe, en 1863, révèle la nouveauté controver­sée de sa manière : sujets traités par vastes zones de couleur, simplifications des contours — caractéristiques que l'on retrouve dans le Fifre, de 1866 (Paris, id.).

« l'herbe se souvient de cette toile : il en reprend des détails comme la barque à l'arrière-plan, tout en exagérant la tonalité érotique.

Des deux femmes qu'il peint, l'une, identifiée comme Victorine Meurent, le modèle préféré de l'artiste , est nue.

En outre, les femmes sont en galante compagnie - d'où le titre de Partie ca"ée que le peintre donnait lui-même à son tableau.

L'œuvre toutefois est trop monumentale, trop élaborée pour n'être qu'une simple •blague • destinée à «éto nner le bourgeois•.

D'ailleurs, les références à des maîtres anciens foison­ nent dans le tableau, et lui donnent un carac ­ tère de noblesse qui contraste avec son sujet apparemment trivial.

On retrouve la même assemblée de figures que dans le Concert champê tre conservé au Louvre, alors attribué à Giorgione, et la composition est proche d'une gravure de Marc-Antoine Raimondi faite d'après un tableau de Raphaël, le jugement de Pâris.

Cet hommage rendu à la tradition se double d'un agencement classique des élé­ ments de la toile - les personnages sont ins­ crits dans un triangle dont le petit oiseau caché dans le feuillage peut être le som ­ met-, et l'attitude pensive du nu appuyant son menton dans sa main, à la manière des représentations anciennes de la Mélancolie, évoque une allégorie.

Mais le peintre associe à ces emprunts des libertés qui donnent à l'œuvre son ambiguité : la hardiesse du regard de Victorine, tourné vers le spectateur, a un caractère de provoca­ tion; les personnages semblent découpés sur le fond plutôt qu'ils ne s'intègrent à lui; les taches de lumière dans le sous-bois, enfin, sont posées par touches larges, sans ce carac­ tère de finition auquel les paysages classiques ont habitué le spectateur.

Un jeu de mots En 1874, le graveur Bracquemond compose un ex-libris en jouant sur le patronyme de l'artiste : Manet et manebit.

Cette devise qu'il invente signifie, en latin , «reste et restera».

À cette for­ mule, le Déjeuner sur l'herbe donne déjà tout son sens.

L'étonnante nature morte du premier plan, le gilet «hanté de certain noir • du person­ nage de droite ou la réduction sensib le de la profondeur du tableau, qui, pour reprendre un mot de Malraux, fait d'un «tro u• une «surface •, annoncent les œuvres ultérieures de l'artiste.

Célébrées par quelques critiques clairvoyants comme !'écrivain Émile Zola, les hardiesses de ce tableau sont dignes de celles de !'Olympia que Manet peindra deux ans plus tard et qui, de nouveau , provoquera le sca ndale .

Ainsi, après avoir stupéfait le public du XIX' siècle, le Déjeuner sur l'herbe est devenu l'une des peintures les plus célèbres de l'art moderne, lequel, affirme-t-on souvent, com­ mence avec lui.

Presque un siècle plus tard, entre 1959 et 1962, le plus grand peintre de l'art contemporain, Pablo Picasso, s'attachera d'ailleurs à «démonter • le Déjeuner sur l'herbe pour lui arracher son secret : en 27 peintures et 140 dessins, il établira d'infinies variations sur les figures ou les personnages peints par Manet, montrant, sans l'épuiser, la richesse de cette •blague • .

-> Voir aussi : p.

130-131 (La Tempête ) ; p.

258-259 (Le Bar des Folies-Bergère ).

Le Déjeuner sur l'herbe, Edgar Manet, 1863 (Paris , musée d 'Orsay).

•Je ne devine pas ce qui a pu faire choi sir à un artis te intelligent et distingué une composition si absurde ..

.», notait un critique.

A quoi Manet avait répondu par avance: •On va m 'éreinter.

On dira ce qu'on voudra.• Le Jugement de P~ris , Marc Antoine Raimondi (gravure d'après Raphaëlj.

Le tableau , une huile sur toile de vastes dimensions (208 cm de haut sur 264 cm de large), reste jusqu'en 1878 dans l 'atelier de l'artiste .

Il est alors acheté par le chanteur Faure dont Manet exécute le portrait en 1877, revêtu du cost ume de Hamlet , rôle dans lequel il a triom­ phé.

Acquise par Étienne Moreau ­ Nélaton, l'œuvre est exposée avec toutes les peintures appartenant à cet important collectionneur au musée des Arts décora tifs en 1907 .

Entrée au Louvre en 1934, elle est installée au musée du Jeu de paume en 1947 avec la collection impressionniste.

Elle est aujourd'hui conservée au musée d'Orsay.. »

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