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L'IMAGINATION: cours de philo complet

Publié le 29/08/2014

Extrait du document

I L'IMAGINATION ET LE
PROBLÈME DES IMAGES MENTALES
1° LE MYTHE EMPIRISTE
DE L'IMAGE MENTALE
Au XIXe si�cle on parlait beaucoup de l'image mentale et les empiristes expliquaient par cette entité toute vie psychique. La psychologie contemporaine a modifié ce point de vue. A la suite d'Alain et des travaux phénoménologiques, on vient à douter qu'il y ait des « images mentales�. Nous montrerons comment, aux yeux des contemporains, la «fonction ima-geante � s'est substituée à «l'image chose�. Comme dit Meyerson : «L'image avait été la reine de la pensée, elle n'est plus aujourd'hui que Cendrillon �I.
1. L'auteur parle ici de l'image mentale, conçue dans un sens trop « réaliste � et matérialiste par les psychologues empiristes du si�cle dernier, et qui a perdu son importance dans la psychologie contemporaine. Mais il ne s'agit évidemment pas de contester — en notre époque de cinéma et de télévision — l'importance de l'« image� au sens large.
 
Pour la psychologie classique, d'inspiration empiriste sur ce point, l'image c'est le résidu de la perception, un reflet de l'objet qui persiste dans notre conscience. La théorie de l'image mentale est liée à une conception statique et simpliste des loca¬lisations cérébrales. L'image mentale a pour support matériel une « trace � de la perception gravée dans la substance céré¬brale. L'image est assimilée à une reproduction de l'objet perçu, déposée dans l'esprit comme une photographie dans un album. Déjà la psychologie empiriste du XVIIIe si�cle semble considérer l'esprit comme un lieu peuplé d'images. Hume dis¬tingue les impressions (par exemple, les perceptions du monde extérieur) et les idées. Par idées, dit-il, «j'entends les faibles images des impressions dans la pensée et le raisonnement �. Si je ferme les yeux, je puis me représenter, semble-t-il, les objets qui m'entourent et que tout à l'heure je percevais : je me repré¬sente l'abat-jour, le cahier sur lequel j'écris, etc. Ces images ne seraient que des reproductions affaiblies de mes sensations en leur absence.
Donc toute image vient des perceptions ; l'aveugle-né n'a aucune image des couleurs, le sourd congénital aucune image des sons. On appellera imagination reproductrice la représen¬tation d'un objet absent grâce aux images mentales. L'imagi¬nation créatrice de l'inventeur, du peintre, du musicien, du po�te se ram�nerait à l'imagination reproductrice. L'artiste créateur se contente d'exprimer dans un ordre imprévu les images qui en définitive lui viennent des perceptions et du monde extérieur. Anatole France écrit, par exemple : «Le po�te a inventé la nymphe mais la nature avait déjà créé l'océan, le nuage et la femme.�
Si l'image n'est qu'un reflet de la perception, une perception affaiblie, s'il n'y a entre la perception et l'image qu'une diffé¬rence d'intensité, on risque de confondre, dans bien des cas, perception et image. Comment distinguer une image vive et une perception faible ? Les empiristes répondent qu'en fait, image et perception sont souvent confondues. Flaubert préten¬dait ressentir tous les symptômes d'un empoisonnement à l'arsenic en décrivant l'empoisonnement de Mme Bovary. Dans le rêve nocturne, je prends mes images mentales pour des réalités. Il en est de même pour des malades atteints d'halluci 
 
nation. Telle personne, frappée de cécité par une tumeur locali¬sée dans la région occipitale du cerveau, ne sait pas qu'elle est aveugle parce que l'excitation des centres visuels corticaux par la tumeur « lib�re � des images visuelles et provoque des hallu¬cinations (par exemple, tel malade croit qu'il assiste à un incendie).
Cependant, à l'état normal, je distingue tr�s bien perception et image : par exemple, j'imagine une explosion atomique et je ne confonds pourtant pas ce bruit épouvantable mais imaginaire avec la perception auditive du bruit réel mais tr�s faible du tic¬tac de mon réveil ; je sais tr�s bien que le bruit du réveil est perçu et que le bruit de l'explosion est imaginé. Taine préten¬dait qu'il fallait un raisonnement pour savoir si une représenta¬tion mentale était une image ou une perception. Par exemple, je crois entendre une goutte d'eau sur la vitre. Pour savoir si c'est une perception réelle, il faut que je me l�ve, que je regarde si la pluie tombe, si le balcon est mouillé, etc. La perception ne serait ainsi qu'une « hallucination vraie �. Autrement dit, pour savoir si une représentation mentale est une image ou une per¬ception, il faudrait que je vérifie. Mais une telle affirmation est tr�s contestable. J'ai «cru entendre� le bruit d'une goutte d'eau, mais il est certain que j'ai entendu quelque chose : peut-être est-ce une allumette qui est tombée ou quelqu'un qui a bougé. Ce qui doit être vérifié c'est l'interprétation de ma per¬ception, l'hypoth�se formulée (Il pleut) apr�s cette perception. Mais je sais bien qu'il s'agit d'une perception et non d'une image. Je fais spontanément la distinction entre ce que j'ima¬gine et ce que je vois. C'est précisément cette distinction si courante et immédiate qui s'explique mal si nous n'admettons entre image et perception qu'une différence d'intensité. En réa¬lité, cette distinction s'explique tr�s bien si nous considérons que l'attitude de la conscience est tr�s différente dans la per¬ception et dans l'imagination. L'empirisme considérait les faits psychiques comme des choses, il confrontait le contenu de l'image et le contenu de la perception et oubliait d'envisager l'essentiel, c'est-à-dire l'acte de la conscience percevante, l'acte de la conscience « imageante �. Le « perçu � et l'« ima¬giné � ne doivent être analysés qu'à partir de l'acte de percevoir et d'imaginer. C'est ce qu'a tr�s bien montré J.-P. Sartre.
 
2° THÉORIE SARTRIENNE
DE L'IMAGINATION
Le point de départ de Sartre se trouve à la fois dans les travaux d'Alain et dans ceux de Husserl.
a) Le point de vue d'Alain
Pour Alain l'image mentale n'existe pas. Un de ses amis qui a longtemps vécu à Paris et qui dit avoir «beaucoup d'imagina¬tion� prétend pouvoir imaginer parfaitement le Panthéon : «Je le vois, dit-il, comme si j'étais devant.� A quoi Alain répond : «Si vous l'imaginez si bien, comptez donc les colonnes ! � Le sujet en est évidemment incapable. Il croyait voir en imagina¬tion, dit Alain, mais il ne voyait rien du tout. L'image mentale est une illusion d'image. Je m'imagine imaginer ! Alain, de façon tr�s cartésienne, expliquait cette illusion par les mouve¬ments du corps ; j'esquisse dans mon corps certains mouve¬ments et je dis : je me vois montant la rue Soufflot, tournant un peu à gauche. A ma gauche, c'est la biblioth�que Sainte-Gene¬vi�ve, à ma droite le Panthéon. En réalité je ne vois rien de tout cela. L'imagination se réduit à un savoir et à des mouvements ; je bouge lég�rement. La seule réalité concr�te de l'imagination serait dans les mouvements du corps que j'esquisse.
b) La phénoménologie de Husserl
Husserl a bien mis en lumi�re que toute conscience est inten¬tionnelle, c'est-à-dire se rapporte à un objet. Il n'y a pas des perceptions, des souvenirs, des images ou des sentiments dans la conscience. Mais toute conscience est un acte, l'acte de viser quelque chose d'extérieur à elle : «Toute conscience est conscience de quelque chose.� Ma perception de ce radiateur est une façon de viser l'objet. Mais lorsque j'imagine seule¬ment le radiateur, il ne faudrait pas croire que ma conscience est devenue passive, qu'elle est habitée par une image de l'objet. Imaginer le radiateur, c'est encore viser l'objet lui-même, mais d'une façon différente.


« Pour la psychologie classique, d'inspiration empiriste sur ce point, l'image c'est le résidu de la perception, un reflet de l'objet qui persiste dans notre conscience.

La théorie de l'image mentale est liée à une conception statique et simpliste des loca­ lisations cérébrales.

L'image mentale a pour support matériel une «trace» de la perception gravée dans la substance céré­ brale.

L'image est assimilée à une reproduction de l'objet perçu, déposée dans l'esprit comme une photographie dans un album.

Déjà la psychologie empiriste du XVIIIe siècle semble considérer l'esprit comme un lieu peuplé d'images.

Hume dis­ tingue les impressions (par exemple, les perceptions du monde extérieur) et les idées.

Par idées, dit-il, «j'entends les faibles images des impressions dans la pensée et le raisonnement>>.

Si je ferme les yeux, je puis me représenter, semble-t-il, les objets qui m'entourent et que tout à l'heure je percevais: je me repré­ sente l'abat-jour, le cahier sur lequel j'écris, etc.

Ces images ne seraient que des reproductions affaiblies de mes sensations en leur absence.

Donc toute image vient des perceptions; l'aveugle-né n'a aucune image des couleurs, le sourd congénital aucune image des sons.

On appellera imagination reproductrice la représen­ tation d'un objet absent grâce aux images mentales.

L'imagi­ nation créatrice de l'inventeur, du peintre, du musicien, du poète se ramènerait à l'imagination reproductrice.

L'artiste créateur se contente d'exprimer dans un ordre imprévu les images qui en définitive lui viennent des perceptions et du monde extérieur.

Anatole France écrit, par exemple : «Le poète a inventé la nymphe mais la nature avait déjà créé l'océan, le nuage et la femme.

>> Si l'image n'est qu'un reflet de la perception, une perception affaiblie, s'il n'y a entre la perception et l'image qu'une diffé­ rence d'intensité, on risque de confondre, dans bien des cas, perception et image.

Comment distinguer une image vive et une perception faible? Les empiristes répondent qu'en fait, image et perception sont souvent confondues.

Flaubert préten­ dait ressentir tous les symptômes d'un empoisonnement à l'arsenic en décrivant l'empoisonnement de Mme Bovary.

Dans le rêve nocturne, je prends mes images mentales pour des réalités.

Il en est de même pour des malades atteints d'halluci-. »

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