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Bouddha (Siddhârta Gautama) par Jean Filliozat Collège de France Selon la chronologie traditionnelle

Publié le 05/04/2015

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Bouddha (Siddhârta Gautama) par Jean Filliozat Collège de France Selon la chronologie traditionnelle dans " l'École des Anciens ", le Theravâda, la plus proche en général de l'enseignement primitif, le Bouddha est mort à quatre-vingts ans, il y a eu exactement 2 500 ans à la Pleine Lune de mai 1956. Cette date est toutefois en désaccord avec celle qui se déduit des chroniques de la même école quand on fait état des synchronismes qui rattachent leur chronologie à la chronologie générale. On obtient alors, en effet, la date de 478 av. JC comme date de sa mort et, par conséquent, de 558 av. JC comme celle de sa naissance. Sa vie est toute chargée de légendes, qui varient souvent selon les sectes en lesquelles s'est partagée la Communauté qu'il a fondée. Un accord existe cependant dès les documents les plus anciens, sur un grand nombre de points essentiels et parfaitement plausibles. Il était fils d'un chef de clan noble, celui des Çâkya, établi à Kapilavastu, dans l'Inde du Nord-Est, un peu au sud de l'Himalaya népalais. Les devins auraient prédit qu'il deviendrait un souverain universel, s'il restait dans le monde, ou un " Éveillé ", un Bouddha, s'il l'abandonnait pour mener la vie érémitique et religieuse. On lui donna le nom personnel de Siddhârtha " But-atteint ", et celui de sa lignée était Gautama. Selon les hagiographes, le jeune Siddhârtha fut un enfant prodige et son enfance faisait pressentir la justesse des prédictions faites à sa naissance. Sa mère était morte peu après lui avoir donné le jour et son père l'avait confié à une tante qui le chérissait. On s'évertuait à lui procurer toutes les joies du monde et à lui en cacher toutes les douleurs dans la crainte qu'il ne vienne à s'en détacher, car on le voulait roi plutôt que saint. Instruit, rompu à tous les arts et à tous les sports, il fut marié de bonne heure, et il eût pu se juger heureux, si les précautions mêmes prises pour lui cacher les malheurs de la vie ne les lui avaient fait paraître plus angoissants quand il les découvrit. Quatre rencontres successives sur le chemin d'un jardin de plaisance auraient déclenché la crise qui éveilla sa vocation définitive de renoncement. Ce furent celle d'un vieillard, d'un malade, d'un mort, et finalement d'un religieux. Il sentit que, comme ce dernier, il lui fallait partir, laissant là les biens instables dont la perte était inéluctable, partir pour chercher un mode d'être à jamais permanent, exempt des prises de l'incertitude et de la douleur. Il était plein d'attachement pour les siens ; un fils justement lui naissait ou allait lui naître. La crise était cruelle, mais elle fut décisive. Survenant au moment où son devoir d'homme engagé dans les liens de la famille se trouvait accompli par la procréation d'un fils, elle le trouvait libre selon la vieille règle brahmanique qui, en pareille circonstance, tient l'homme pour quitte à l'égard de la société et des siens. Une nuit, le spectacle de son épouse et de son entourage de fête endormis le saisit de dégoût. Hanté par l'idée de la mort, il croit voir un charnier, et il s'enfuit, à cheval, suivi seulement de son fidèle écuyer. Pour la légende, c'est le " Grand Départ ", accompagné de maints miracles. Mais la scène déchirante des adieux du serviteur dévoué, que bientôt il renvoie, reste d'un pathétique tout humain. Le sacrifice est accompli, mais Siddhârtha ne sait pas encore où chercher la vérité. Une voie pourtant lui est connue : il devient religieux errant. La charité brahmanique s'honore d'assurer partout la subsistance de tels hommes et il peut se consacrer au service d'un maître qui saura le guider. Un premier auquel il s'attache lui enseigne des doctrines que nous identifions volontiers à une forme d'analyse des réalités du monde extérieur et intérieur classiquement enseignée plus tard sous le nom de sâmkhya. Il s'agit d'un dénombrement général de ces réalités, d'un recensement des éléments constitutifs de la nature et de l'être psychique qui perçoit et conçoit. Mais il apparaît surtout que le nouvel étudiant fut initié à des pratiques de discipline psychologique relevant de la grande méthode du yoga, méthode générale commune dans l'Inde à ceux qui, religieusement ou non, s'entraînent à une maîtrise de leur organisme et de leur pensée. Le yoga, par suite d'analogies extérieures de certaines de ses pratiques et de certains des pouvoirs qu'il vise avec des manifestations " chamaniques " chez des peuples de civilisation peu développée, est considéré par certains auteurs comme ayant des origines préhistoriques. Il proviendrait, au moins en partie, dans la civilisation indienne classique, d'un substrat autochtone préexistant. En réalité, on le voit apparaître dans des textes brahmaniques d'une époque où se développent déjà les théories physiologiques qui en sont caractéristiques et en vertu desquelles s'explique aisément qu'on ait tenté les expériences pratiques qui ont abouti à la fixation de ses techniques. Il se fonde sur la doctrine d'après laquelle l'élément essentiel de la vie est le souffle, partout répandu et agissant dans le corps, sous diverses formes, animateur des fonctions psychiques aussi bien que somatiques, circulant dans des canaux, lesquels correspondent aux nerfs aussi bien qu'aux vaisseaux, et se concentrant particulièrement dans des points comme le coeur, l'ombilic, etc., reconnus par la médecine indienne comme points vitaux spécialement vulnérabl...
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