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L'éveil des nationalités par Pierre Guiral Professeur à l'Université de Provence Une conscience nationale apparaît très tôt en certains pays.

Publié le 05/04/2015

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L'éveil des nationalités par Pierre Guiral Professeur à l'Université de Provence Une conscience nationale apparaît très tôt en certains pays. Les Italiens du Moyen Âge veulent rejeter au-delà des Alpes les barbares, allemands ou français ; les Français, dès la victoire de Bouvines ou dès l'action de Jeanne d'Arc, ont le sentiment d'une patrie. Sentiment encore confus : la France de Charles VII est reconquise par une partie des français, les Armagnacs, hommes du Midi, contre les Bourguignons, et plus précisément contre Paris. " ô Paris, tant mal conseillé, fols habitants sans confiance ", écrit Christine de Pisan. Sentiment malgré tout très fort dès le XVe siècle et qui, malgré des obscurcissements, ne cesse de se confirmer, apparaissant dans son unanimité lors de victoires, comme Fontenoy, ou lors de cérémonies de retrouvailles unanimes, comme la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790. Cependant, le concept de nation, indépendant du concept de monarchie, date seulement de la Révolution française ; il en devient une arme ; il s'impose contre le roi sur lequel la nation l'emporte. " La nation, la loi, le roi. " Ainsi l'idée de nation au sens moderne est d'abord une idée révolutionnaire, une idée de gauche que la droite annexera à la fin du XIXe siècle. Lancé à la fin de la Restauration par Thiers, Mignet, Carrel, le journal Le National attesterait, s'il en était besoin, que les libéraux dressent à nouveau la nation contre la monarchie légitime, revenue, à les entendre, dans les fourgons de l'étranger et suspecte, entre autres faiblesses, de complaisance à son endroit. De même, malgré des prodromes à la fin du XVIIIe siècle et notamment en Grèce, l'éveil des nationalités date du XIXe siècle. Dans une large mesure, il prolonge la Révolution française qui a posé le principe du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ; il ne poursuit pas moins l'oeuvre napoléonienne qui a simplifié la carte de l'Allemagne, placé toute l'Italie sous la même direction, habitué pour la première fois les Italiens à vivre ensemble, créé un grand-duché de Varsovie, amorce possible d'une reconstitution de la Pologne. Napoléon III sera toujours persuadé que son oncle a voulu reconstituer les nationalités et qu'il faut, pour assurer la paix de l'Europe et rendre à la France son prestige, s'inspirer de cet exemple. En tout cas, dès 1820, l'élan est donné. Tour à tour la Serbie, la Grèce, la Belgique, l'Allemagne, l'Italie, la Pologne, la Hongrie, la Bohême, la Roumanie, la Bulgarie veulent être des nations fortes, respectées, retrouvant à l'époque contemporaine la grandeur de leur passé. Faut-il rappeler les principales étapes de ces conflits intérieurs aux conséquences extérieures ? En 1829, est reconnue par le traité d'Andrinople l'existence d'une Grèce, réduite à la Morée et à l'Attique. En décembre 1830, la Conférence de Londres reconnaît l'indépendance de la Belgique. Le 14 mars 1861, Victor-Emmanuel II est proclamé roi d'Italie " par la grâce de Dieu et la volonté de la nation ". Le 18 janvier 1871, jour anniversaire du couronnement du premier roi de Prusse à Königsberg, Guillaume Ier est reconnu empereur, l'unité allemande devient un fait acquis jusqu'au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Le vrai triomphe du droit des nationalités, c'est le Traité de Versailles et les divers traités qui règlent le sort de l'Autriche-Hongrie et de la Turquie. Disparaît alors la vieille monarchie des Habsbourg qui avait représenté une sorte d'Europe en miniature, permettant longtemps aux Allemands, aux Italiens, aux Magyars, aux Slaves divers de vivre ensemble et de jouir d'une civilisation brillante. Beaucoup de bons esprits, à droite comme à gauche, ne s'en sont pas consolés. L'Europe centrale est pour un temps dangereusement balkanisée. En revanche, conformément au treizième des Quatorze Points du président Wilson, une Pologne indépendante est reconstituée avec accès à la mer. Conséquence imprévue des traités de Neuilly et de Sèvres qui dépècent la Turquie : ils donnent une nouvelle force au sentiment national turc réveillé dès les premières années du XXe siècle. Fini le rêve de domination des sultans de Constantinople ! La Turquie d'Ankara accepte d'être réduite pourvu qu'elle vive homogène et chasse, victorieuse, les Grecs d'Asie Mineure. Ainsi, dans ces années 1919-1920, la victoire des nationalités peut en Europe paraître complète. Ne parlons pas de l'Espagne : l'idée nationale, malgré une certaine colonisation économique, surtout française, au XIXe siècle, y a trouvé un terrain de choix ; l'Espagne a montré à Napoléon, au sommet de sa puissance, qu'elle entendait rester elle-même et qu'elle n'accepterait pas le souverain pourtant remarquable que Napoléon avait choisi. Les qualités de Joseph Bonaparte, la présence d'afrancesados, moins gagnés aux idées révolutionnaires que soucieux de préserver l'État, n'ont rien pu contre ce réflexe élémentaire. D'autres combats ont été également douloureux. Le plus long sans doute, puisqu'il se poursuit sous nos yeux, a été l'irlandais. On sait que depuis
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