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Gustave Flaubert par René Dumesnil Institut de France Avant que fussent publiées les

Publié le 05/04/2015

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Gustave Flaubert par René Dumesnil Institut de France Avant que fussent publiées les OEuvres de Jeunesse et la Correspondance de Flaubert, Emile Faguet put prétendre qu'il y avait en lui un romantique et un réaliste acharnés à se combattre, et qui écrivirent, le premier La Tentation de saint Antoine, Salammbô, Hérodias, le second Madame Bovary, L'Education sentimentale, Un Coeur simple. Explication séduisante, à première vue, d'une dualité qui n'est qu'apparente : quand on y regarde de plus près, on aperçoit vite qu'il y a tout autant de réalisme dans les oeuvres de Flaubert que l'on dit romantiques, que de romantisme dans celles que l'on dit réalistes. Dès sa jeunesse, Flaubert haïssait les mots en -isme, sous lesquels on range les écoles et l'on étiquette les artistes. Peut-être pressentait-il qu'un de ces mots-là amènerait l'auteur de Madame Bovary à s'asseoir au banc des prévenus de la Sixième chambre correctionnelle pour y répondre du délit d'outrage aux moeurs, et que les deux ensemble feraient porter sur son oeuvre d'absurdes jugements. Aujourd'hui, avec le recul des années, nous prenons plus exactement sa mesure. Exempts de parti pris, nous voyons qu'il n'est point un Janus à deux visages, mais qu'il apparaît, au milieu du XIXe siècle, à un carrefour où se joignent deux époques. Il est l'aboutissement des courants qui ont entraîné la génération romantique, et qui ont porté sa propre jeunesse ; mais il est le point de départ du mouvement qui va décider l'orientation de la génération suivante. C'est lui qui va lui donner l'impulsion, parce que lui seul en a la force. Ceux qui, autour de lui, se réclament des mêmes doctrines, professent les mêmes idées, ne laisseront que des oeuvres mineures, tandis que la postérité vivra longtemps de son héritage : de Madame Bovary, de L'Éducation sentimentale, sortiront en foule romans français et étrangers, et l'on imitera tout autant Salammbô sans parvenir à l'égaler jamais. Quant à La Tentation de saint Antoine, elle demeurera dans la littérature française ce que Faust est dans la littérature allemande, une oeuvre d'un caractère si spécial qu'elle ne cessera sans doute point de rester unique. Albert Thibaudet a pu dire pour toutes ces raisons que Flaubert " était fait pour donner le tableau et la synthèse de son siècle ", et qu'il est, à la manière d'un La Bruyère " par le pouvoir de son art, par le bienfait de son influence, indiscutablement et pleinement un classique ". Son oeuvre est donc à l'image de sa vie, d'une singulière unité. Il a, depuis ses premiers pas, suivi une route rectiligne, non point celle qui se dirige vers le succès, mais celle qui monte vers un idéal. Il savait le sien inaccessible, puisqu'il le nommait " perfection ". Il n'a pas moins cherché à s'en rapprocher chaque jour davantage. Il a dit, et c'était scrupuleusement vrai : " J'écris pour le seul plaisir d'écrire, pour moi seul, sans aucune arrière-pensée d'argent ou de tapage. " Et s'il a fait au collège des rêves de gloire comme en font tous les écoliers, jamais d'autre souci ne s'y est mêlé que de créer quelque oeuvre qui s'imposerait par sa nouveauté et par sa force. Jamais il n'a pensé que sa vie pourrait suivre une autre pente que celle où il l'incline déjà lorsqu'à quatorze ans il fonde une petite revue, et qu'il y insère une " physiologie " de forme balzacienne, Une leçon d'histoire naturelle : ...
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