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Napoléon Ier par Jean Tulard Directeur d'études à l'École Pratique des Hautes

Publié le 05/04/2015

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Napoléon Ier par Jean Tulard Directeur d'études à l'École Pratique des Hautes Études, Paris " Il en est des États comme d'un bâtiment qui navigue et comme d'une armée : il faut de la froideur, de la modération, de la sagesse, de la raison dans la conception des ordres, commandements ou lois, et de l'énergie et de la vigueur dans leur exécution ", écrivait le général Bonaparte au gouvernement provisoire de la république ligurienne, le 11 novembre 1797. Nul ne pouvait alors prévoir, en dépit de la justesse de ces vues, que le vainqueur de la campagne d'Italie deviendrait l'un des hommes d'État les plus célèbres du XIXe siècle et régnerait sur un empire englobant près de la moitié de l'Europe continentale. Après Charlemagne et Louis XIV, Napoléon, au sortir de l'anarchie révolutionnaire, a porté en France la notion d'État à son apogée. Il fut tout à la fois le dernier des despotes éclairés et le premier des chefs d'État modernes. La République en partie discréditée par les excès qui avaient suivi la chute de Louis XVI, trois types de gouvernement s'offraient à Bonaparte après Brumaire : la monarchie parlementaire à l'anglaise, la monarchie absolue qui survivait dans les pays de l'Europe méridionale et la monarchie éclairée par la philosophie telle que l'avaient conçue et mise en pratique Catherine de Russie dans son empire, Joseph II en Autriche et Frédéric II le Grand en Prusse. Bonaparte connaissait mal l'Angleterre ; la restauration de la monarchie absolue était impossible en France au sortir de dix ans de révolution ; restait l'établissement d'un gouvernement autoritaire tempéré par les idées nouvelles. L'Empire fut en quelque sorte un compromis entre le despotisme d'un homme et les principes démocratiques hérités de la Révolution : suffrage universel, Assemblées, règles administratives fixes. Sans doute ces principes servirent-ils d'alibi à un système de centralisation à outrance, à l'absorption de tous les pouvoirs par un seul, ils n'en étaient pas moins proclamés par les constitutions. S'il est un monarque qui a marqué Napoléon, lui montrant la voie du despotisme éclairé, c'est sans nul doute Frédéric II. Le roi prussien a été le modèle que s'est assigné tout jeune Bonaparte. En décembre 1788, alors qu'il approche de ses vingt ans, petit officier corse qui s'ennuie dans sa garnison française, il consigne sur l'un de ses cahiers l'histoire du roi de Prusse d'après une vie en quatre volumes de Frédéric II que vient de publier un certain Laveaux. Notes sèches, quelque peu décousues mais qu'il juge suffisamment précieuses pour les garder jusqu'en 1815, ne s'en séparant qu'au moment du départ pour Sainte-Hélène. Dans l'exil, il rêve encore au destin du Grand Frédéric. Las Cases note dans le Mémorial : " J'observerai qu'il est assez bizarre que le hasard ne m'ait jamais laissé entendre le nom du Grand Frédéric dans la bouche de Napoléon. Toutefois, la grosse montre ou espèce de réveille-matin de ce prince emportée à Sainte-Hélène et placée à la cheminée de l'Empereur, l'empressement avec lequel Napoléon à Potsdam s'élança sur l'épée du Grand Frédéric en s'écriant : " Que d'autres saisissent d'autres dépouilles, voici pour moi qui est supérieur à tous les millions ! " ; enfin, la contemplation longue et silencieuse de Napoléon au tombeau de Frédéric prouvent assez à quel haut rang ce prince était dans l'esprit de l'Empereur et combien il avait dû remuer son âme. " Comme Frédéric, Napoléon a voulu unir le pouvoir polit...

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