Polybe 201-120 av.
Publié le 05/04/2015
Extrait du document
«
guerre, d'une société mieux adaptée à son tempérament que n'était l'Achaïe troublée et
querelleuse de son temps.
Cette découverte fut favorisée par la haute et précieuse amitié des propres fils de
Paul-Émile, le vainqueur de Pydna : Fabius et Publius, celui-ci connu sous le nom de
Scipion Émilien, le futur vainqueur de Carthage et de Numance.
Polybe nous a raconté en
des pages charmantes comment le prêt de quelques livres fut à l'origine de cette amitié et
comment le plus jeune des deux frères, Publius, qui n'avait alors que dix-huit ans (en 164),
sollicita avec modestie les conseils et l'attention de Polybe, qui jusque-là s'occupait surtout
de son frère aîné.
Dans cette maison, où il n'était plus un otage, mais un ami respecté,
Polybe rencontra Laelius et toute la fleur de l'aristocratie romaine.
Il dut à ces amitiés de
pouvoir rester à Rome, au lieu d'être envoyé, comme la plupart des exilés, dans un
municipe italien, et il put ainsi approcher familièrement beaucoup de Romains éminents
dans la politique et dans les lettres.
Scipion, par amitié pour lui, plaida auprès de Caton la cause des proscrits achéens, et
Caton finit par obtenir du Sénat leur libération, en 150.
Mais, lorsque Polybe regagna alors
son pays, Rome était devenue pour lui comme une seconde patrie ; il y revint plusieurs
fois et accompagna Scipion dans ses campagnes ; en 146, il se trouvait auprès de lui lors de
la prise de Carthage.
Entre temps, l'Achaïe s'était soulevée contre Rome, les sages conseils de Polybe n'ayant pas
été écoutés.
C'est alors que Corinthe fut prise et la Grèce réduite en province romaine.
Polybe usa de son influence pour sauver plusieurs de ses compatriotes compromis et
mérita la reconnaissance de certaines cités grecques, notamment d'Elis, qui lui éleva par
gratitude une statue à Olympie.
Il mena une vie active jusqu'à un âge avancé : il mourut à
quatre-vingt-deux ans, vers 128, d'une chute de cheval.
C'est sans doute lors de son exil à Rome que Polybe conçut le projet de son grand ouvrage :
une Histoire en quarante livres qui raconterait la conquête du monde par les Romains entre
le début de la seconde guerre punique (221) et la prise de Corinthe (146).
Polybe a eu
pleinement conscience de la grandeur et de l'unité de son sujet.
Comme Thucydide, il
pense que l'historien fait œ uvre utile en permettant aux hommes d'État et aux généraux de
profiter des exemples du passé, et il veut que son œ uvre soit “ pragmatique ”, c'est-à-dire
entièrement consacrée à la connaissance précise, technique de la politique, de la
diplomatie, des opérations militaires.
Formé par la pratique des affaires, il analyse
profondément les mobiles des hommes publics, le caractère des peuples et leurs
institutions.
Ses études sur les constitutions de Sparte, de Rome et de Carthage sont des
monuments d'information exacte et de pénétrante réflexion ; elles ont mérité de devenir
classiques.
Son exposé a une allure scientifique et, par endroits, philosophique, par exemple quand il
fait la théorie des causes.
Il sait qu'il paraîtra à bien des lecteurs “ sévère et monotone ”,
mais il ne veut qu'être utile, bien loin de désirer charmer et séduire à la façon d'un
Hérodote.
Son seul point faible, comme historien, est sa partialité à l'égard de certains
ennemis des Achéens, comme les Etoliens, qu'il accuse en toute occasion de brutalité et de
cupidité.
Comme écrivain, il possède à un haut degré la clarté, mais son style est terne et.
»
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