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ATHÉISME (Atheisin)

Publié le 03/04/2015

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ATHÉISME (Atheisin)

Doctrine qui nie l'existence de Dieu ou, plus exactement, qui contredit le théisme. Elle est aussi variée que les conceptions de Dieu auxquelles elle s'oppose. Le penseur, par exemple, qui nie l'existence d'un dieu personnel, mais admet une énergie origi¬nelle, est athée pour celui qui confère à cette énergie les attributs d'une personne ; il est théiste pour celui qui rejette toute idée de transcendance. Les religions qui ne reconnaissent comme Dieu qu'un principe impersonnel peuvent passer pour athées aux yeux des autres.

L'agnostique se distingue de l'athée en ce qu'il nie la possibilité de connaître l'existence de Dieu, sans se prononcer négativement sur le fait de cette existence. Il existe des formes d'athéisme non dénuées d'un sens du sacré, qui se confondent avec le sentiment d'une nature mystérieuse, dépassant par son aveugle puissance toutes les forces humaines. D'autres formes d'athéisme, au con¬traire, tendent à éliminer toute trace du sacré, mais érigent en absolu un principe explicatif ou axiologique comme la raison, l'histoire, l'Etat, l'ensemble des relations dans un univers évolu¬tif et jamais complètement connu, etc.

« Dieu est mort «. Nietzsche a donné à l'athéisme moderne sa formule : « Dieu est mort «, qui a été reprise jusque dans les milieux religieux. Cet athéisme procède moins d'une philosophie matérialiste ou naturaliste que d'une révolte contre les Eglises qui ont imposé des images caricaturales, répressives ou anthropo-morphiques de Dieu, inacceptables à la conscience d'aujourd'hui. Il progresse à mesure que s'affaiblit l'emprise sociale des institu¬tions religieuses et que s'accomplit la sécularisation de la société. L'athéisme pratique de croyants qui n'ont de chrétien que le nom a contribué à généraliser l'incroyance.

Après Marx. L'idée de Dieu appartient à l'arsenal idéologique d'une classe qui fonde sur elle sa volonté de puissance et l'exploitation capitaliste. La formation scientifique et technolo¬gique, s'ajoutant à la libération des tabous moraux, notamment sexuels, et aux immenses mutations sociales dues à la société industrielle, à la rapidité des communications, à la densité démographique croissante des villes, a finalement fait de l'athéisme le climat naturel, presque la structure de la pensée contemporaine. L'homme a pris les proportions d'un démiurge. L'athéisme est devenu à la fois une forme de culture, une habitude mentale et un ferment révolutionnaire.

Face à cet athéisme aux allures conquérantes, se développe ce que G. Sierwerth appelle l'athéisme du désenchantement univer 

 

sel, celui du pessimisme existentiel, des philosophies de l'an¬goisse, du désespoir religieux. Il tend à prendre la forme du nihilisme, au lieu du triomphalisme.

Ses formes modernes. Selon G. Girardi, si l'athéisme théorique est une « doctrine selon laquelle l'existence de Dieu ne peut être affirmée avec certitude «, on distinguera l'athéisme dogmatique ou objectif, qui nie catégoriquement l'existence de Dieu, l'athéisme agnostique, qui considère le problème de l'existence de Dieu comme insoluble, l'athéisme sémantique, pour lequel le pro¬blème même est dénué de sens. Cette dernière position est liée aux polémiques les plus récentes sur le langage, le structu¬ralisme et l'herméneutique. D'après certaines théories modernes de l'interprétation, une phrase comportant une mention de Dieu, étant sans référence saisissable, échappe à l'intelligence.

Certains philosophes parlent aussi d'un pseudo-athéisme, celui de « ceux qui croient qu'ils ne croient pas en Dieu, mais qui en réalité croient inconsciemment en lui, parce que le dieu dont ils nient l'existence n'est pas Dieu mais quelque chose d'autre « (Jacques Maritain). Il s'agit ici d'une disposition d'ordre psycholo¬gique, plutôt que d'une doctrine définie. De même, une certaine conduite morale se confond avec un athéisme pratique.: « Il y a un athéisme caché dans tous les coeurs, qui se répand dans toutes les actions.: on compte Dieu pour rien (Bossuet). Cet athéisme pratique — qui démontre seulement l'inefficacité morale d'une croyance en Dieu superficielle — se manifeste chez des personnes qui, par ailleurs, affirment l'existence de Dieu. Cette inconsé¬quence sert d'argument à certains de ceux qui professent un athéisme théorique, seule position compatible intellectuellement avec une éthique sur laquelle l'existence de Dieu n'exerce aucune influence. Cette éthique n'est d'ailleurs pas un immora¬lisme, mais elle se fonde sur un autre principe que celui de Dieu, ou s'abstient de tout fondement théorique.

Un athéisme cohérent rejette aussi bien la formule de Dostoïevski : « Si Dieu n'existe pas, tout est permis «, que la formule kantienne : « On ne prouve pas que Dieu est, mais il est impossible qu'il ne soit pas. «

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