AUTRUI____________________________________
« L'analyse de la perception d'autrui rencontre la difficulté de
principe que soulève le monde culturel, puisqu'elle doit résoudre le paradoxe d'une conscience vue par le dehors, d'une pensée qui réside
dans l'extérieur, et qui donc au regard de la mienne, est déjà sans sujet et anonyme « (Merleau-Ponty).
En réduisant la pensée au. « je pense «, Descartes se trouve obligé d'expliquer comment, à partir de là, on peut poser l'extériorité ; celle-ci posée, c'est par inférence que le sujet conclut du comportement de certains corps à la présence d'une âme en eux. Si la subjectivité est fondatrice, l'intersubjectivité est seconde ; mais si inversement, on remarque que l'individu n'est jamais seul, qu'aucune connaissance ne se développe en lui indépendamment de son rapport à autrui, n'est-ce pas la subjectivité qui est seconde ? Hegel a le premier montré que les deux aspects sont inséparables ; • tel est l'enseignement de la fameuse dialectique du mai tre et de l'esclave. Celle-ci part du désir, le désir est une façon de nier le monde, et sa véritable fin est l'affirmation de la conscience. La subjectivité s'affirme dans la seule mesure où le désir porte sur une autre conscience, c'est-à-dire un autre désir. Pour chaque conscience en elle-même l'autre est la négation de soi, et cette négation s'exprime dans une lutte à mort. En acceptant de devenir esclave pour préserver sa vie, l'une des deux reconnaît l'autre pour maître ; il s'ensuit que toutes deux se reconnaissent comme étant autre, aucune n'est véritablement conscience de soi, elle ne se connaît que dans l'altérité. Mais le maître devient l'esclave de l'esclave puisque celui-ci le nourrit par son travail, et se trouve ainsi le veritable maitre du maître ; en niant la négation que constituait l'altérité, toutes deux se reconnaissent pour ce qu'elles sont : des consciences de soi. La conscience n'est conscience de soi que parce qu'elle est conscience de soi pour une autre conscience de soi.
