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le besoin de se singulariser comme groupe, ainsi l'institution du purdah : « Que vos femmes soient voilées pour qu'on les reconnaisse des autres !

Publié le 06/01/2014

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le besoin de se singulariser comme groupe, ainsi l'institution du purdah : « Que vos femmes soient voilées pour qu'on les reconnaisse des autres ! ». La fraternité islamique repose sur une base culturelle et religieuse. Elle n'a aucun caractère économique ou social. uisque nous avons le même dieu, le bon musulman sera celui qui partagera son hooka avec le balayeur. Le mendiant st mon frère en effet : en ce sens, surtout, que nous partageons fraternellement la même approbation de l'inégalité qui ous sépare ; d'où ces deux espèces sociologiquement si remarquables : le musulman germanophile et l'Allemand slamisé ; si un corps de garde pouvait être religieux, l'Islam paraîtrait sa religion idéale : stricte observance du règlement prières cinq fois par jour, chacune exigeant cinquante génuflexions) ; revues de détail et soins de propreté (les ablutions ituelles) ; promiscuité masculine dans la vie spirituelle comme dans l'accomplissement des fonctions religieuses ; et pas e femmes. Ces anxieux sont aussi des hommes d'action ; pris entre des sentiments incompatibles, ils compensent l'infériorité u'ils ressentent par des formes traditionnelles de sublimation qu'on associe depuis toujours à l'âme arabe ; jalousie, ierté, héroïsme. Mais cette volonté d'être entre soi, cet esprit de clocher allié à un déracinement chronique (l'urdu est ne langue bien nommée « du campement »), qui sont à l'origine de la formation du Pakistan, s'expliquent très mparfaitement par une communauté de foi religieuse et par une tradition historique. C'est un fait social actuel, et qui oit être interprété comme tel : drame de conscience collectif qui a contraint des millions d'individus à un choix rrévocable, à l'abandon de leurs terres, de leur fortune souvent, de leurs parents parfois, de leur profession, de leurs rojets d'avenir, du sol de leurs aïeux et de leurs tombes, pour rester entre musulmans, et parce qu'ils ne se sentent à 'aise qu'entre musulmans. Grande religion qui se fonde moins sur l'évidence d'une révélation que sur l'impuissance à nouer des liens au-dehors. n face de la bienveillance universelle du bouddhisme, du désir chrétien de dialogue, l'intolérance musulmane adopte ne forme inconsciente chez ceux qui s'en rendent coupables ; car s'ils ne cherchent pas toujours, de façon brutale, à mener autrui à partager leur vérité, ils sont pourtant (et c'est plus grave) incapables de supporter l'existence d'autrui omme autrui. Le seul moyen pour eux de se mettre à l'abri du doute et de l'humiliation consiste dans une  néantisation » d'autrui, considéré comme témoin d'une autre foi et d'une autre conduite. La fraternité islamique est la onverse d'une exclusive contre les infidèles qui ne peut pas s'avouer, puisque, en se reconnaissant comme telle, elle quivaudrait à les reconnaître eux-mêmes comme existants. XL VISITE AU KYONG Ce malaise ressenti au voisinage de l'Islam, je n'en connais que trop les raisons : je retrouve en lui l'univers d'où je iens ; l'Islam, c'est l'Occident de l'Orient. Plus précisément encore, il m'a fallu rencontrer l'Islam pour mesurer le péril ui menace aujourd'hui la pensée française. Je pardonne mal au premier de me présenter notre image, de m'obliger à onstater combien la France est en train de devenir musulmane. Chez les musulmans comme chez nous, j'observe la même attitude livresque, le même esprit utopique, et cette conviction obstinée qu'il suffit de trancher les problèmes sur le papier pour en être débarrassé aussitôt. À l'abri d'un rationalisme juridique et formaliste, nous nous construisons areillement une image du monde et de la société où toutes les difficultés sont justiciables d'une logique artificieuse, et nous ne nous rendons pas compte que l'univers ne se compose plus des objets dont nous parlons. Comme l'Islam est esté figé dans sa contemplation d'une société qui fut réelle il y a sept siècles, et pour trancher les problèmes de laquelle l conçut alors des solutions efficaces, nous n'arrivons plus à penser hors des cadres d'une époque révolue depuis un iècle et demi, qui fut celle où nous sûmes nous accorder à l'histoire ; et encore trop brièvement, car Napoléon, ce ahomet de l'Occident, a échoué là où a réussi l'autre. Parallèlement au monde islamique, la France de la Révolution ubit le destin réservé aux révolutionnaires repentis, qui est de devenir les conservateurs nostalgiques de l'état de choses ar rapport auquel ils se situèrent une fois dans le sens du mouvement. Vis-à-vis des peuples et des cultures encore placés sous notre dépendance, nous sommes prisonniers de la même ontradiction dont souffre l'Islam en présence de ses protégés et du reste du monde. Nous ne concevons pas que des rincipes, qui furent féconds pour assurer notre propre épanouissement, ne soient pas vénérés par les autres au point de es inciter à y renoncer pour leur usage propre, tant devrait être grande, croyons-nous, leur reconnaissance envers nous de les avoir imaginés en premier. Ainsi l'Islam qui, dans le Proche-Orient, fut l'inventeur de la tolérance, pardonne mal aux non-musulmans de ne pas abjurer leur foi au profit de la sienne, puisqu'elle a sur toutes les autres la supériorité crasante de les respecter. Le paradoxe est, dans notre cas, que la majorité de nos interlocuteurs sont musulmans, et que 'esprit molaire qui nous anime les uns et les autres offre trop de traits communs pour ne pas nous opposer. Sur le plan nternational s'entend ; car ces différends sont le fait de deux bourgeoisies qui s'affrontent. L'oppression politique et l'exploitation économique n'ont pas le droit d'aller chercher des excuses chez leurs victimes. Si, pourtant, une France de quarante-cinq millions d'habitants s'ouvrait largement sur la base de l'égalité des droits, pour admettre vingt-cinq millions de citoyens musulmans, même en grande proportion illettrés (11), elle n'entreprendrait pas une démarche plus audacieuse que celle à quoi l'Amérique dut de ne pas rester une petite province du monde anglo-saxon. Quand les citoyens de la Nouvelle-Angleterre décidèrent il y a un siècle d'autoriser l'immigration provenant des régions les plus arriérées de l'Europe et des couches sociales les plus déshéritées, et de se laisser submerger par cette vague, ils firent et gagnèrent un pari dont l'enjeu était aussi grave que celui que nous refusons de risquer. Le pourrons-nous jamais ? En s'ajoutant, deux forces régressives voient-elles leur direction s'inverser ? Nous sauverions-nous nous-mêmes, ou plutôt ne consacrerions-nous pas notre perte si, renforçant notre erreur de celle qui lui est symétrique, nous nous résignions à étriquer le patrimoine de l'Ancien Monde à ces dix ou quinze siècles d'appauvrissement spirituel dont sa moitié occidentale a été le théâtre et l'agent ? Ici, à Taxila, dans ces monastères bouddhistes que l'influence grecque a fait bourgeonner de statues, je suis confronté à cette chance fugitive qu'eut notre Ancien Monde de rester un ; la scission n'est pas encore accomplie. Un autre destin est possible, celui, précisément, que l'Islam interdit en dressant sa barrière entre un Occident et un Orient qui, sans lui, n'auraient peut-être pas perdu leur attachement au sol commun où plongent leurs racines. Sans doute, à ce fond oriental, l'Islam et le bouddhisme se sont opposés chacun à sa façon, tout en s'opposant l'un à l'autre. Mais pour comprendre leurs rapports, il ne faut pas comparer l'Islam et le bouddhisme en les envisageant sous la forme historique qu'ils assumaient au moment où ils sont entrés en contact ; car l'un avait alors cinq siècles d'existence et l'autre près de vingt. Malgré cet écart, on doit les restituer tous deux dans leur fleur qui, pour le bouddhisme, se respire aussi fraîche devant ses premiers monuments qu'auprès de ses plus humbles manifestations d'aujourd'hui. Mon souvenir répugne à dissocier les temples paysans de la frontière birmane et les stèles de Bharhut qui datent du IIe siècle avant notre ère, et dont il faut chercher à Calcutta et à Delhi les fragments dispersés. Les stèles, exécutées à une époque et dans une région où l'influence grecque ne s'était pas encore exercée, m'ont apporté un premier motif de saisissement ; à l'observateur européen, elles apparaissent hors des lieux et des âges, comme si leurs sculpteurs, possesseurs d'une machine à supprimer le temps, avaient concentré dans leur oeuvre trois mille ans d'histoire de l'art et - placés à égale distance entre l'Égypte et la Renaissance - étaient parvenus à capturer dans l'instant une évolution qui débute à une époque qu'ils n'ont pu connaître, et s'achève au terme d'une autre, pas encore commencée. S'il est un art éternel, c'est bien celui-là : il remonte à cinq millénaires, il est d'hier, on ne sait. Il appartient aux pyramides et à nos maisons ; les formes humaines, sculptées dans cette pierre rose à grain serré, pourraient s'en détacher et se mêler à notre société. Aucune statuaire ne procure un plus profond sentiment de paix et de familiarité que celle-ci, avec ses femmes chastement impudiques et sa sensualité maternelle qui se complaît à l'opposition des mères-amantes et des filles-cloîtrées, s'opposant toutes deux aux amantes-cloîtrées de l'Inde non bouddhique : féminité placide et comme affranchie du conflit des sexes qu'évoquent aussi, pour leur part, les bonzes des temples confondus par la tête rasée avec les nonnes dans une sorte de troisième sexe, à demi parasite et à demi prisonnier. Si le bouddhisme cherche, comme l'Islam, à dominer la démesure des cultes primitifs, c'est grâce à l'apaisement unifiant que porte en elle la promesse du retour au sein maternel ; par ce biais, il réintègre l'érotisme après l'avoir libéré de la frénésie et de l'angoisse. Au contraire, l'Islam se développe selon une orientation masculine. En enfermant les femmes, il verrouille l'accès au sein maternel : du monde des femmes, l'homme a fait un monde clos. Par ce moyen, sans doute, il espère aussi gagner la quiétude ; mais il la gage sur des exclusions : celle des femmes hors de la vie sociale et celle des infidèles hors de la communauté spirituelle : tandis que le bouddhisme conçoit plutôt cette quiétude comme une fusion : avec la femme, avec l'humanité, et dans une représentation asexuée de la divinité. On ne saurait imaginer de contraste plus marqué que celui du Sage et du Prophète. Ni l'un ni l'autre ne sont des dieux, voilà leur unique point commun. À tous autres égards ils s'opposent : l'un chaste, l'autre puissant avec ses quatre épouses ; l'un androgyne, l'autre barbu ; l'un pacifique, l'autre belliqueux ; l'un exemplaire et l'autre messianique. Mais aussi, douze cents ans les séparent ; et c'est l'autre malheur de la conscience occidentale que le christianisme qui, né plus tard, eût pu opérer leur synthèse, soit apparu « avant la lettre » - trop tôt - non comme une conciliation a posteriori de deux extrêmes, mais passage de l'un à l'autre : terme moyen d'une série destinée par sa logique interne, par la éographie et par l'histoire, à se développer dorénavant dans le sens de l'Islam ; puisque ce dernier - les musulmans triomphent sur ce point - représente la forme la plus évoluée de la pensée religieuse sans pour autant être la meilleure ; je dirais même en étant pour cette raison la plus inquiétante des trois. Les hommes ont fait trois grandes tentatives religieuses pour se libérer de la persécution des morts, de la malfaisance e l'au-delà et des angoisses de la magie. Séparés par l'intervalle approximatif d'un demi-millénaire, ils ont conçu uccessivement le bouddhisme, le christianisme et l'Islam ; et il est frappant que chaque étape, loin de marquer un rogrès sur la précédente, témoigne plutôt d'un recul. Il n'y a pas d'au-delà pour le bouddhisme ; tout s'y réduit à une ritique radicale, comme l'humanité ne devait plus jamais s'en montrer capable, au terme de laquelle le sage débouche ans un refus du sens des choses et des êtres : discipline abolissant l'univers et qui s'abolit elle-même comme religion. édant de nouveau à la peur, le christianisme rétablit l'autre monde, ses espoirs, ses menaces et son dernier jugement. Il e reste plus à l'Islam qu'à lui enchaîner celui-ci : le monde temporel et le monde spirituel se trouvent rassemblés. L'ordre ocial se pare des prestiges de l'ordre surnaturel, la politique devient théologie. En fin de compte, on a remplacé des sprits et des fantômes auxquels la superstition n'arrivait tout de même pas à donner la vie, par des maîtres déjà trop éels, auxquels on permet en surplus de monopoliser un au-delà qui ajoute son poids au poids déjà écrasant de l'ici-bas. Cet exemple justifie l'ambition de l'ethnographe, qui est de toujours remonter aux sources. L'homme ne crée vraiment rand qu'au début ; dans quelque domaine que ce soit, seule la première démarche est intégralement valide. Celles qui uivent barguignent et se repentent, s'emploient, parcelle après parcelle, à récupérer le territoire dépassé. Florence, que 'ai visitée après New York, ne m'a d'abord pas surpris ; dans son architecture et dans ses arts plastiques, je reconnaissais all Street au XVe siècle. En comparant les primitifs aux maîtres de la Renaissance et les peintres de Sienne à ceux de lorence, j'avais le sentiment d'une déchéance : qu'ont donc fait les derniers, sinon exactement tout ce qu'il aurait fallu e pas faire ? Et pourtant ils restent admirables. La grandeur qui s'attache aux commencements est si certaine que même es erreurs, à la condition d'être neuves, nous accablent encore de leur beauté. Aujourd'hui, c'est par-dessus l'Islam que je contemple l'Inde ; mais celle de Bouddha, avant Mahomet qui, pour moi uropéen et parce qu'européen, se dresse entre notre réflexion et des doctrines qui en sont les plus proches, comme le ustique empêcheur d'une ronde où les mains, prédestinées à se joindre, de l'Orient et de l'Occident ont été par lui ésunies. Quelle erreur allais-je commettre, à la suite de ces musulmans qui se proclament chrétiens et occidentaux et lacent à leur Orient la frontière entre les deux mondes ! Les deux mondes sont plus proches qu'aucun des deux ne l'est e leur anachronisme. L'évolution rationnelle est inverse de celle de l'histoire : l'Islam a coupé en deux un monde plus ivilisé. Ce qui lui paraît actuel relève d'une époque révolue, il vit dans un décalage millénaire. Il a su accomplir une oeuvre évolutionnaire ; mais comme celle-ci s'appliquait à une fraction attardée de l'humanité, en ensemençant le réel il a térilisé le virtuel : il a déterminé un progrès qui est l'envers d'un projet. Que l'Occident remonte aux sources de son déchirement : en s'interposant entre le bouddhisme et le christianisme, 'Islam nous a islamisés, quand l'Occident s'est laissé entraîner par les croisades à s'opposer à lui et donc à lui ressembler, lutôt que se prêter - s'il n'avait pas existé - à cette lente osmose avec le bouddhisme qui nous eût christianisés avantage, et dans un sens d'autant plus chrétien que nous serions remontés en deçà du christianisme même. C'est alors ue l'Occident a perdu sa chance de rester femme. Sous cette lumière, je comprends mieux l'équivoque de l'art mogol. L'émotion qu'il inspire n'a rien d'architectural : lle relève de la poésie et de la musique. Mais n'est-ce pas pour les raisons qu'on vient de voir que l'art musulman devait ester fantasmagorique ? « Un rêve de marbre », dit-on du Taj Mahal ; cette formule de Baedeker couvre une vérité très profonde. Les Mongols ont rêvé leur art, ils ont créé littéralement des palais de rêves ; ils n'ont pas construit, mais transcrit. Ainsi ces monuments peuvent-ils troubler simultanément par leur lyrisme, et par un aspect creux qui est celui

« XL VISITE AUKYONGCe malaise ressenti auvoisinage del’Islam, jen’en connais quetrop lesraisons : jeretrouve enluil’univers d’oùje viens ; l’Islam, c’estl’Occident del’Orient.

Plusprécisément encore,ilm’a fallu rencontrer l’Islampourmesurer lepéril qui menace aujourd’hui lapensée française.

Jepardonne malaupremier deme présenter notreimage, dem’obliger à constater combienlaFrance estentrain dedevenir musulmane.

Chezlesmusulmans commecheznous, j’observe la même attitude livresque, lemême espritutopique, etcette conviction obstinéequ’ilsuffit detrancher lesproblèmes sur le papier pourenêtre débarrassé aussitôt.Àl’abri d’unrationalisme juridiqueetformaliste, nousnousconstruisons pareillement uneimage dumonde etde lasociété oùtoutes lesdifficultés sontjusticiables d’unelogique artificieuse, et nous nenous rendons pascompte quel’univers nesecompose plusdesobjets dontnous parlons.

Commel’Islamest resté figédans sacontemplation d’unesociété quifutréelle ilya sept siècles, etpour trancher lesproblèmes delaquelle il conçut alorsdessolutions efficaces, nousn’arrivons plusàpenser horsdescadres d’uneépoque révoluedepuisun siècle etdemi, quifutcelle oùnous sûmes nousaccorder àl’histoire ; etencore tropbrièvement, carNapoléon, ce Mahomet del’Occident, aéchoué làoù aréussi l’autre.

Parallèlement aumonde islamique, laFrance delaRévolution subit ledestin réservé auxrévolutionnaires repentis,quiestdedevenir lesconservateurs nostalgiquesdel’état dechoses par rapport auquelilsse situèrent unefoisdans lesens dumouvement. Vis-à-vis despeuples etdes cultures encoreplacéssousnotre dépendance, noussommes prisonniers delamême contradiction dontsouffre l’Islamenprésence deses protégés etdu reste dumonde.

Nousneconcevons pasque des principes, quifurent féconds pourassurer notrepropre épanouissement, nesoient pasvénérés parlesautres aupoint de les inciter àyrenoncer pourleurusage propre, tantdevrait êtregrande, croyons-nous, leurreconnaissance enversnous de les avoir imaginés enpremier.

Ainsil’Islam qui,dans leProche-Orient, futl’inventeur delatolérance, pardonnemal aux non-musulmans denepas abjurer leurfoiauprofit delasienne, puisqu’elle asur toutes lesautres lasupériorité écrasante deles respecter.

Leparadoxe est,dans notre cas,que lamajorité denos interlocuteurs sontmusulmans, etque l’esprit molaire quinous anime lesuns etles autres offretropdetraits communs pournepas nous opposer.

Surleplan international s’entend ;carces différends sontlefait dedeux bourgeoisies quis’affrontent.

L’oppression politiqueet l’exploitation économiquen’ontpasledroit d’aller chercher desexcuses chezleurs victimes.

Si,pourtant, uneFrance de quarante-cinq millionsd’habitants s’ouvraitlargement surlabase del’égalité desdroits, pouradmettre vingt-cinq millions decitoyens musulmans, mêmeengrande proportion illettrés (11) , elle n’entreprendrait pasune démarche plus audacieuse quecelle àquoi l’Amérique dutdenepas rester unepetite province dumonde anglo-saxon.

Quandles citoyens delaNouvelle-Angleterre décidèrentilya un siècle d’autoriser l’immigration provenantdesrégions lesplus arriérées del’Europe etdes couches socialeslesplus déshéritées, etde selaisser submerger parcette vague, ilsfirent et gagnèrent unpari dont l’enjeu étaitaussi grave quecelui quenous refusons derisquer. Le pourrons-nous jamais ?Ens’ajoutant, deuxforces régressives voient-elles leurdirection s’inverser ? Nous sauverions-nous nous-mêmes,ouplutôt neconsacrerions-nous pasnotre pertesi,renforçant notreerreur decelle quilui est symétrique, nousnousrésignions àétriquer lepatrimoine del’Ancien Mondeàces dixouquinze siècles d’appauvrissement spiritueldontsamoitié occidentale aété lethéâtre etl’agent ? Ici,àTaxila, danscesmonastères bouddhistes quel’influence grecqueafait bourgeonner destatues, jesuis confronté àcette chance fugitive qu’eutnotre Ancien Monde derester un ;lascission n’estpasencore accomplie.

Unautre destin estpossible, celui,précisément, que l’Islam interdit endressant sabarrière entreunOccident etun Orient qui,sans lui,n’auraient peut-êtrepasperdu leur attachement ausol commun oùplongent leursracines. Sans doute, àce fond oriental, l’Islametlebouddhisme sesont opposés chacunàsa façon, toutens’opposant l’unà l’autre.

Maispourcomprendre leursrapports, ilne faut pascomparer l’Islametlebouddhisme enles envisageant sousla forme historique qu’ilsassumaient aumoment oùilssont entrés encontact ; carl’un avait alors cinqsiècles d’existence et l’autre prèsdevingt.

Malgré cetécart, ondoit lesrestituer tousdeux dansleurfleur qui,pour lebouddhisme, serespire aussi fraîche devant sespremiers monuments qu’auprèsdeses plus humbles manifestations d’aujourd’hui. Mon souvenir répugneàdissocier lestemples paysansdelafrontière birmaneetles stèles deBharhut quidatent du II e siècle avantnotreère,etdont ilfaut chercher àCalcutta etàDelhi lesfragments dispersés.Lesstèles, exécutées àune époque etdans unerégion oùl’influence grecquenes’était pasencore exercée, m’ontapporté unpremier motifde saisissement ; àl’observateur européen,ellesapparaissent horsdeslieux etdes âges, comme sileurs sculpteurs, possesseurs d’unemachine àsupprimer letemps, avaient concentré dansleurœuvre troismille ansd’histoire del’art et – placés àégale distance entrel’Égypte etlaRenaissance –étaient parvenus àcapturer dansl’instant uneévolution qui débute àune époque qu’ilsn’ont puconnaître, ets’achève auterme d’uneautre, pasencore commencée.

S’ilest unart éternel, c’estbiencelui-là : ilremonte àcinq millénaires, ilest d’hier, onnesait.

Ilappartient auxpyramides etànos maisons ; lesformes humaines, sculptéesdanscette pierre roseàgrain serré, pourraient s’endétacher etse mêler à notre société.

Aucunestatuaire neprocure unplus profond sentiment depaix etde familiarité quecelle-ci, avecses femmes chastement impudiquesetsa sensualité maternelle quisecomplaît àl’opposition desmères-amantes etdes. »

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