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La philosophie de la connaissance

Publié le 02/04/2015

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CONNAISSANCE

La philosophie de la connaissance étudie les problèmes qui sont sous-jacents à la question « qu'est-ce que connaître ? « Cette question est rendue difficile par la diversité avec laquelle on emploie couramment le terme, mais toute la philosophie tente d'y apporter une réponse (voir les auteurs). Celle-ci engage de nombreux autres thèmes (voir science, perception, mémoire, imagination, idéologie, sciences humaines). On remarquera qu'au cours de son histoire, la philosophie a élaboré certains problèmes concernant la connaissance ; on ne peut probablement les considérer ni comme définitifs, ni comme exhaustifs ; leur exposition permet toutefois de comprendre dans quelles conditions une réponse à la question peut être envisagée.

1.   Les problèmes traditionnels de la connaissance

1 — A quelles conditions peut-on dire que l'on connaît quelque chose ? Si par connaissance on entend une représen­tation vraie, qu'est-ce que la vérité ? Quels sont ses critères ?

2 — Quelles sont les diverses formes de la connaissance, et quel rapport ont-elles ? Par exemple, quel est le rapport entre l'intuition (visée immédiate d un objet, d'une idee) et

 

la démonstration (qui suppose la médiation d'autres connais­sances) ? Ou encore peut-on considérer la science et la religion comme étant au même titre des connaissances ?

3 — Quel est le rapport de la connaissance avec la certi­tude ? N'y a-t-il pas différents degrés de la connaissance qui sont autant de degrés de la certitude, et qui dépendent à la fois des objets que nous connaissons et de la manière dont nous les connaissons ? Par exemple, est-ce que je connais les propositions mathématiques, l'existence du monde, celle de Dieu, et les conditions du bonheur avec la même certi­tude ?

4 — Qu'est-ce que nous connaissons ? Les objets de notre connaissance sont-ils des représentations que nous avons du monde extérieur ou bien le monde lui-même ? Que peut-on connaître et pouvons-nous tout connaître ? Dieu, par exemple, est-il objet de connaissance ? Dans l'hypothèse où nous saurions fixer les limites de notre connaissance, pouvons-nous affirmer l'inexistence de ce qui tomberait hors de ces limites ?

5 — Si nos connaissances sont des représentations obéissant à certaines lois qui leur sont propres (lois logiques), comment se fait-il que ces lois soient aussi celles du réel ? Autrement dit, qu'est-ce qui fonde la rationalité du réel ou l'harmonie de la raison et de la réalité ?

6 — Quel est le rapport de la connaissance à la société où elle s'élabore, et à l'individu qui la possède ? Quel est son rapport à l'histoire ?

2. Toute étude de là connaissance humaine se trouve tôt ou tard confrontée à ces problèmes, et tente de les résoudre en constituant ainsi une théorie de la connaissance (gnoséo­logie). Toutefois, on peut distinguer trois problématiques générales, qui ont pour particularité de mettre en relief certains d'entre eux : la problématique du fondement, celle des sciences de la connaissance et celle de l'épistémologie.

1 — La problématique du fondement

C'est celle de la philosophie classique ; il s'agit non seule­ment de dire ce qu'est la connaissance, mais de déterminer à quelles conditions une connaissance (notamment la connais­sance scientifique) est valide, voire possible. Mais là encore on peut chercher à établir ce fondement de diverses façons, selon que l'on insiste sur le rôle de l'objet de la connais­sance, du sujet, ou de l'interaction des deux, sans que d'ailleurs ces points de vue soient exclusifs les uns des autres.

A — Lç fondement ontologique. La connaissance est fondée dans l'Etre lui-même ; ses éléments (les idées) ont par nature une valeur objective, soit qu'elles existent dans un monde intelligible (Platon), dans la réalité même (Aristote), dans l'entendement d'un Dieu créateur (Leibniz, Malebranche),

 

voire d'un Dieu constituant la substance unique de la réalité (Spinoza). Connaître, c'est posséder ces idées, et l'homme en est capable parceque son esprit jouit d'une communauté de nature avec elles (l'âme platonicienne, l'intellect aristoté­licien, l'entendement humain, conçu comme partie de l'âme chez les modernes).

B — Le fondement réflexif. On pose une conscience (le cogito) qui dans un retour absolu sur elle-même pourrait déterminer lesquelles parmi ses idées ont une valeur objective. L'évidence est alors le critère de la certitude et de la vérité. En fait, on est amené à admettre que la connais­sance vraie a ses germes dans l'esprit, soit sous forme d'idées innées (Descartes), soit de conditions a priori. C'est dans ces conditions propres au sujet que la philosophie transcen­dantale de Kant ou de Husserl place l'objectivité de la connaissance. Cependant, même si on en fait, non plus des contenus déterminés (cf. les idées innées), mais des formes pures, on peut invoquer l'histoire et l'évolution des sciences ou l'impossibilité logique de démontrer la valeur de certaines théories, pour refuser tout droit à une fondation de la science dans des conditions a priori et éternelles de la connaissance humaine.

C — Le fondement empiriste. La certitude de la connais­sance provient non de ses propriétés, mais de son accord avec les données de l'expérience. Par là ce type de réflexion ne préjuge pas du contenu de la science, ni de sa forme, et séparant la certitude de l'évidence subjective, il laisse libre cours à l'expérimentation de la science moderne. Cependant, comme problématique du fondement, il se doit de déter­miner d'où provient cette certitude ; il ne le peut faire qu'en admettant que l'accord de nos idées avec l'expérience a sa raison d'être dans ce que nos idées proviennent elles-mêmes de cette expérience. Le fondement de la connaissance est confondu avec les conditions historiques et psychologiques de son apparition, ce qui donne lieu à de délicats problèmes.

2 — La problématique des sciences de la connaissance

Il n'y a pas à proprement parler de science de la connais­sance, c'est-à-dire de discipline qui envisagerait le phénomène de la connaissance d'un point de vue global ; mais certaines sciences comme la psychologie, la logique ou la sociologie, traitent certains aspects de ce phénomène et par là se heurtent aux problèmes que l'on a dégagés.

A — La logique, traditionnellement était une partie de la théorie de la connaissance, et avait pour but de déterminer les conditions de la pensée vraie. Mathématisée, ayant des objets propres, elle ne porte plus que sur l'enchaînement des connaissances, sans préjuger de leur valeur objective dernière. Par certains de ses théorèmes (Gilde«, elle exclut le problème du fondement. Ne retenant du savoir qu'une forme sur laquelle ou à propros de laquelle elle opère ses démons‑

 

trations, négligeant le contenu de pensée, en tant qu'il est un contenu déterminé, la logique ne saurait être une gnoséo­logie.

B — La psychologie comme science de l'âme était aussi une partie de la théorie de la connaissance ; ayant diversifié ses objets, elle détermine notamment quel traitement nous faisons subir aux données externes, quel est le processus d'apprentissage, comment se constituent chez l'enfant les formes de raisonnement (voir Piaget). Si elle peut répondre aux questions concernant le sujet empirique de la connais­sance, voire aborder de façon concrète le problème de l'inné et de l'acquis, elle ne se préoccupe jamais de la valeur de la connaissance mais considère le processus cognitif comme une donnée à étudier.

C — La sociologie a affaire à la connaissance comme phéno­mène culturel. Traditionnellement, on liait la connaissance à la société (cf. le positivisme) dans l'harmonie d'un progrès conjoint de la raison et des moeurs (Durkheim, Levy-Bruhl) ; aux « peuples primitifs « étaient attribuées une « mentalité primitive « et une connaissance de forme inférieure (magie). La sociologie donne nécessairement lieu à un pluralisme assez large des formes de connaissance. La théorie marxiste des idéologies a mis en lumière la dépen­dance des connaissances par rapport à la structure écono­mique des sociétés et à leur fonction dans le contexte de la lutte des classes. Par rapport à la science cependant, le relati­visme sociologique a l'inconvénient de poser de façon insoluble le problème de la vérité, surtout si on maintient corollairement la question de savoir si la relation avec les cadres sociologiques invalide ou non la connaissance. (Cf. le problème science bourgeoise/science prolétarienne.) Certains auteurs (G. H. Mead, R. Merton) tentent de détacher la socio­logie de la connaissance de toute présupposition philoso­phique ou épistémologique, en étudiant simplement les « corrélations fonctionnelles « entre divers types de connais­sance et cadres sociaux, voire en mettant en lumière le rôle de la diffusion de la connaissance et des medias (Mc Luhan). Par là, la sociologie de la connaissance exclut le point de vue gnoséologique.

3 — La problématique épistémologique

On peut dire que la problématique des sciences de la connaissance a pour caractère de rejeter le point de vue global sur la connaissance ; par définition, elle ouvre la question de savoir si la philosophie a un rôle à jouer dans l'étude de la connaissance, surtout après l'exclusion de la problématique du fondement. L'épistémologie prend pour objet la science et quand elle n'est pas normative, elle consi­dère celle-ci comme un fait, un ordre de réalité où elle n'a pas à intervenir directement. Le sens fondamental de cette nouvelle problématique paraît être la mise au jour d'une

 

impossibilité fondamentale : la signification de la connais­sance n'a pas à être cherchée en dehors de ce qui se mani­feste comme tel ; on ne doit pas demander qu'est-ce que connaître, mais par exemple qu'est-ce que la connaissance mathématique.

 

L'aspect global de cette problématique provient non de ce qu'elle tente comme la problématique du fondement d'envi­sager une totalité utopique, mais de ce qu'elle s'applique à tous les aspects de la connaissance dans un domaine donné, au lieu d'en détacher comme dans les sciences de la connais­sance un aspect susceptible d'être étudié pour lui-même et dans tous les domaines.

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