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les débordements de la végétation.

Publié le 06/01/2014

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les débordements de la végétation. L'inspecteur du F. B. I. arrive trois semaines après mon débarquement à San Juan. Je cours à la douane, j'ouvre la alle, l'instant est solennel. Un jeune homme courtois s'avance, tire au hasard une fiche, son oeil se durcit, il se tourne férocement vers moi : « C'est de l'allemand ! » En effet, il s'agit de la référence de l'ouvrage classique de von den Steinen, mon illustre et lointain prédécesseur dans le Mato Grosso central, Unter den Naturvolkem Zentral-Brasiliens, Berlin, 1894. Immédiatement apaisé par cette explication, l'expert si longtemps attendu se désintéresse de toute l'affaire. Ça va bien, O. K., je suis admis sur le sol américain, je suis libre. Il faut s'arrêter. Chacune de ces menues aventures, dans mon souvenir en fait jaillir une autre. Certaines, comme celle qu'on vient de lire, liées à la guerre, mais d'autres que j'ai contées plus haut, antérieures. Et je pourrais en ajouter encore e plus récentes, si j'empruntais à l'expérience de voyages asiatiques remontant à ces toutes dernières années. Quant à mon gentil inspecteur du F. B. I., il ne serait pas aujourd'hui si aisément satisfait. L'air devient partout aussi lourd. IV LA QUÊTE DU POUVOIR Ces senteurs douteuses, ces vents tournants annonciateurs d'une agitation plus profonde, un incident futile m'en a fourni le premier indice et reste dans ma mémoire comme un présage. Ayant renoncé au renouvellement de mon contrat à l'Université de São Paulo pour me consacrer à une longue campagne dans l'intérieur du pays, j'avais devancé mes collègues et pris, quelques semaines avant eux, le bateau qui devait me ramener au Brésil ; pour la première fois depuis uatre ans, j'étais donc seul universitaire à bord ; pour la première fois aussi il y avait beaucoup de passagers : hommes 'affaires étrangers, mais surtout l'effectif complet d'une mission militaire qui se rendait au Paraguay. Une traversée amilière en était rendue méconnaissable, ainsi que l'atmosphère, jadis si sereine, du paquebot. Ces officiers et leurs pouses confondaient un voyage transatlantique avec une expédition coloniale et le service comme instructeurs auprès 'une armée somme toute assez modeste, avec l'occupation d'un pays conquis à laquelle ils se préparaient, moralement u moins, sur le pont transformé en place d'armes, le rôle d'indigènes étant dévolu aux passagers civils. Ceux-ci ne avaient plus où fuir une insolence si bruyante qu'elle avait réussi à provoquer un malaise jusque sur la passerelle. 'attitude du chef de mission s'opposait à celle de ses subordonnés ; lui-même et sa femme étaient deux personnes à la onduite discrète et prévenante ; ils m'abordèrent un jour dans le coin peu fréquenté où j'essayais d'échapper au acarme, s'enquirent de mes travaux passés, de l'objet de ma mission, et surent par quelques allusions me faire comprendre leur rôle de témoins impuissants et clairvoyants. Le contraste était si flagrant qu'il paraissait recouvrir un mystère ; trois ou quatre ans plus tard, l'incident revint à ma mémoire en retrouvant dans la presse le nom de cet officier dont la position personnelle était, en effet, paradoxale. Est-ce alors que j'ai, pour la première fois, compris ce qu'en d'autres régions du monde, d'aussi démoralisantes circonstances m'ont définitivement enseigné ? Voyages, coffrets magiques aux promesses rêveuses, vous ne livrerez plus vos trésors intacts. Une civilisation proliférante et surexcitée trouble à jamais le silence des mers. Les parfums des tropiques et la fraîcheur des êtres sont viciés par une fermentation aux relents suspects, qui mortifie nos désirs et nous voue à cueillir des souvenirs à demi corrompus. Aujourd'hui où des îles polynésiennes noyées de béton sont transformées en porte-avions pesamment ancrés au fond des mers du Sud, où l'Asie tout entière prend le visage d'une zone maladive, où les bidonvilles rongent l'Afrique, où l'aviation commerciale et militaire flétrit la candeur de la forêt américaine ou mélanésienne avant même d'en pouvoir détruire la virginité, comment la prétendue évasion du voyage pourrait-elle réussir autre chose que nous confronter aux formes les plus malheureuses de notre existence historique ? Cette grande civilisation occidentale, créatrice des merveilles dont nous jouissons, elle n'a certes pas réussi à les produire sans contrepartie. Comme son oeuvre la plus fameuse, pile où s'élaborent des architectures d'une complexité inconnue, l'ordre et l'harmonie de l'Occident exigent l'élimination d'une masse prodigieuse de sous-produits maléfiques dont la terre est aujourd'hui infectée. Ce que d'abord vous nous montrez, voyages, c'est notre ordure lancée au visage de l'humanité. Je comprends alors la passion, la folie, la duperie des récits de voyage. Ils apportent l'illusion de ce qui n'existe plus et qui devrait être encore, pour que nous échappions à l'accablante évidence que vingt mille ans d'histoire sont joués. Il n'y a plus rien à faire : la civilisation n'est plus cette fleur fragile qu'on préservait, qu'on développait à grand-peine dans quelques coins abrités d'un terroir riche en espèces rustiques, menaçantes sans doute par leur vivacité, mais qui permettaient aussi de varier et de revigorer les semis. L'humanité s'installe dans la monoculture ; elle s'apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave. Son ordinaire ne comportera plus que ce plat. On risquait jadis sa vie dans les Indes ou aux Amériques pour rapporter des biens qui nous paraissent aujourd'hui dérisoires : bois de braise (d'où Brésil) : teinture rouge, ou poivre dont, au temps d'Henri IV, on avait à ce point la folie que la Cour en mettait dans des bonbonnières des grains à croquer. Ces secousses visuelles ou olfactives, cette joyeuse chaleur pour les yeux, cette brûlure exquise pour la langue ajoutaient un nouveau registre au clavier sensoriel d'une civilisation qui ne s'était pas doutée de sa fadeur. Dirons-nous alors que, par un double renversement, nos modernes Marco Polo rapportent de ces mêmes terres, cette fois sous forme de photographies, de livres et de récits, les épices morales dont notre société éprouve un besoin plus aigu en se sentant sombrer dans l'ennui ? Un autre parallèle me semble plus significatif. Car ces modernes assaisonnements sont, qu'on le veuille ou non, falsifiés. Non certes parce que leur nature est purement psychologique ; mais parce que, si honnête que soit le narrateur, il ne peut pas, il ne peut plus nous les livrer sous une forme authentique. Pour que nous consentions à les recevoir, il faut, par une manipulation qui chez les plus sincères est seulement inconsciente, trier et tamiser les souvenirs et substituer le poncif au vécu. J'ouvre ces récits d'explorateurs : telle tribu, qu'on me décrit comme sauvage et conservant jusqu'à l'époque actuelle les moeurs de je ne sais quelle humanité primitive caricaturée en quelques légers chapitres, j'ai passé des semaines de ma vie d'étudiant à annoter les ouvrages que, voici cinquante ans, parfois même tout récemment, des hommes de science ont consacrés à son étude, avant que le contact avec les blancs et les épidémies subséquentes ne l'aient réduite à une poignée de misérables déracinés. Cet autre groupe, dont l'existence, dit-on, a été découverte et l'étude menée en quarante-huit heures par un voyageur adolescent, il a été entrevu (et ce n'est pas négligeable) au cours d'un déplacement hors de son territoire dans un campement provisoire, naïvement pris pour un village permanent. Et on a minutieusement gazé les méthodes d'accès, qui auraient révélé le poste missionnaire depuis vingt ans en relations ermanentes avec les indigènes, la petite ligne de navigation à moteur qui pénètre au plus profond du pays, mais dont 'oeil entraîné infère aussitôt l'existence d'après de menus détails photographiques, le cadrage n'ayant pas toujours éussi à éviter les bidons rouillés où cette humanité vierge fait sa popote. La vanité de ces prétentions, la crédulité naïve qui les accueille et même les suscite, le mérite enfin qui sanctionne ant d'efforts inutiles (si ce n'est qu'ils contribuent à étendre la détérioration qu'ils s'appliquent par ailleurs à dissimuler), out cela implique des ressorts psychologiques puissants, tant chez les acteurs que dans leur public, et que l'étude de ertaines institutions indigènes peut contribuer à mettre à jour. Car l'ethnographie doit aider à comprendre la mode qui ttire vers elle tous ces concours qui la desservent. Chez un bon nombre de tribus de l'Amérique du Nord, le prestige social de chaque individu est déterminé par les irconstances entourant des épreuves auxquelles les adolescents doivent se soumettre à l'âge de la puberté. Certains 'abandonnent sans nourriture sur un radeau solitaire ; d'autres vont chercher l'isolement dans la montagne, exposés aux êtes féroces, au froid et à la pluie. Pendant des jours, des semaines ou des mois selon le cas, ils se privent de nourriture : 'absorbant que des produits grossiers, ou jeûnant pendant de longues périodes, aggravant même leur délabrement hysiologique par l'usage d'émétiques. Tout est prétexte à provoquer l'au-delà : bains glacés et prolongés, mutilations olontaires d'une ou de plusieurs phalanges, déchirement des aponévroses par l'insertion, sous les muscles dorsaux, de hevilles pointues attachées par des cordes à de lourds fardeaux qu'on essaye de traîner. Quand même ils n'en viennent as à de telles extrémités, au moins s'épuisent-ils dans des travaux gratuits : épilage du corps poil par poil, ou encore de ranchages de sapin jusqu'à ce qu'ils soient débarrassés de toutes leurs aiguilles ; évidement de blocs de pierre. Dans l'état d'hébétude, d'affaiblissement ou de délire où les plongent ces épreuves, ils espèrent entrer en ommunication avec le monde surnaturel. Émus par l'intensité de leurs souffrances et de leurs prières, un animal agique sera contraint de leur apparaître ; une vision leur révélera celui qui sera désormais leur esprit gardien en même emps que le nom par lequel ils seront connus, et le pouvoir particulier, tenu de leur protecteur, qui leur donnera, au sein u groupe social, leurs privilèges et leur rang. Dira-t-on que, pour ces indigènes, il n'y a rien à attendre de la société ? Institutions et coutumes leur semblent areilles à un mécanisme dont le fonctionnement monotone ne laisse pas de jeu au hasard, à la chance ou au talent. Le eul moyen de forcer le sort serait de se risquer sur ces franges périlleuses où les normes sociales cessent d'avoir un sens n même temps que s'évanouissent les garanties et les exigences du groupe : aller jusqu'aux frontières du territoire olicé, jusqu'aux limites de la résistance physiologique ou de la souffrance physique et morale. Car c'est sur cette bordure nstable qu'on s'expose soit à tomber de l'autre côté pour ne plus revenir, soit au contraire à capter, dans l'immense céan de forces inexploitées qui entoure une humanité bien réglée, une provision personnelle de puissance grâce à quoi n ordre social autrement immuable sera révoqué en faveur du risque-tout. Toutefois, une telle interprétation serait encore superficielle. Car il ne s'agit pas, dans ces tribus des plaines ou du lateau nord-américains, de croyances individuelles s'opposant à une doctrine collective. La dialectique totale relève des outumes et de la philosophie du groupe. C'est du groupe que les individus apprennent leur leçon ; la croyance aux sprits gardiens est le fait du groupe, et c'est la société tout entière qui enseigne à ses membres qu'il n'est pour eux de hance, au sein de l'ordre social, qu'au prix d'une tentative absurde et désespérée pour en sortir. Qui ne voit à quel point cette « quête du pouvoir » se trouve remise en honneur dans la société française ontemporaine sous la forme naïve du rapport entre le public et « ses » explorateurs ? Dès l'âge de la puberté aussi, nos dolescents trouvent licence d'obéir aux stimulations auxquelles tout les soumet depuis la petite enfance, et de franchir, 'une manière quelconque, l'emprise momentanée de leur civilisation. Ce peut être en hauteur, par l'ascension de uelque montagne ; ou en profondeur, en descendant dans les abîmes ; horizontalement aussi, si l'on s'avance au coeur e régions lointaines. Enfin, la démesure cherchée peut être d'ordre moral, comme chez ceux qui se placent olontairement dans des situations si difficiles que les connaissances actuelles semblent exclure toute possibilité de urvie. Vis-à-vis des résultats qu'on voudrait appeler rationnels de ces aventures, la société affiche une indifférence totale. Il e s'agit ni de découverte scientifique, ni d'enrichissement poétique et littéraire, les témoignages étant le plus souvent 'une pauvreté choquante. C'est le fait de la tentative qui compte et non pas son objet. Comme dans notre exemple ndigène, le jeune homme qui, pendant quelques semaines ou quelques mois, s'est isolé du groupe pour s'exposer (tantôt vec conviction et sincérité, tantôt au contraire avec prudence et roublardise, mais les sociétés indigènes connaissent ussi ces nuances) à une situation excessive, revient nanti d'un pouvoir, lequel s'exprime chez nous par les articles de resse, les gros tirages et les conférences à bureau fermé, mais dont le caractère magique est attesté par le processus 'automystification du groupe par lui-même qui explique le phénomène dans tous les cas. Car ces primitifs à qui il suffit e rendre visite pour en revenir sanctifié, ces cimes glacées, ces grottes et ces forêts profondes, temples de hautes et rofitables révélations, ce sont, à des titres divers, les ennemis d'une société qui se joue à elle-même la comédie de les noblir au moment où elle achève de les supprimer, mais qui n'éprouvait pour eux qu'effroi et dégoût quand ils étaient es adversaires véritables. Pauvre gibier pris aux pièges de la civilisation mécanique, sauvages de la forêt amazonienne,

« IV LA QUÊTE DUPOUVOIRCes senteurs douteuses, cesvents tournants annonciateurs d’uneagitation plusprofonde, unincident futilem’ena fourni lepremier indiceetreste dansmamémoire commeunprésage.

Ayantrenoncé aurenouvellement demon contrat à l’Université deSão Paulo pourmeconsacrer àune longue campagne dansl’intérieur dupays, j’avais devancé mes collègues etpris, quelques semaines avanteux,lebateau quidevait meramener auBrésil ; pourlapremière foisdepuis quatre ans,j’étais doncseuluniversitaire àbord ; pourlapremière foisaussi ilyavait beaucoup depassagers : hommes d’affaires étrangers, maissurtout l’effectif completd’unemission militaire quiserendait auParaguay.

Unetraversée familière enétait rendue méconnaissable, ainsiquel’atmosphère, jadissisereine, dupaquebot.

Cesofficiers etleurs épouses confondaient unvoyage transatlantique avecuneexpédition colonialeetleservice comme instructeurs auprès d’une armée somme touteassezmodeste, avecl’occupation d’unpays conquis àlaquelle ilsse préparaient, moralement au moins, surlepont transformé enplace d’armes, lerôle d’indigènes étantdévolu auxpassagers civils.Ceux-ci ne savaient plusoùfuir une insolence sibruyante qu’elleavaitréussi àprovoquer unmalaise jusquesurlapasserelle. L’attitude duchef demission s’opposait àcelle deses subordonnés ; lui-mêmeetsa femme étaient deuxpersonnes àla conduite discrèteetprévenante ; ilsm’abordèrent unjour dans lecoin peufréquenté oùj’essayais d’échapper au vacarme, s’enquirent demes travaux passés,del’objet dema mission, etsurent parquelques allusionsmefaire comprendre leurrôle detémoins impuissants etclairvoyants.

Lecontraste étaitsiflagrant qu’ilparaissait recouvrirun mystère ; troisouquatre ansplus tard, l’incident revintàma mémoire enretrouvant danslapresse lenom decet officier dont laposition personnelle était,eneffet, paradoxale. Est-ce alorsquej’ai,pour lapremière fois,compris cequ’en d’autres régionsdumonde, d’aussidémoralisantes circonstances m’ontdéfinitivement enseigné ?Voyages,coffretsmagiques auxpromesses rêveuses,vousnelivrerez plus vos trésors intacts.

Unecivilisation proliférante etsurexcitée troubleàjamais lesilence desmers.

Lesparfums des tropiques etlafraîcheur desêtres sontviciés parune fermentation auxrelents suspects, quimortifie nosdésirs etnous voue àcueillir dessouvenirs àdemi corrompus. Aujourd’hui oùdes îlespolynésiennes noyéesdebéton sonttransformées enporte-avions pesammentancrésaufond des mers duSud, oùl’Asie toutentière prendlevisage d’unezonemaladive, oùles bidonvilles rongentl’Afrique, où l’aviation commerciale etmilitaire flétritlacandeur delaforêt américaine oumélanésienne avantmême d’enpouvoir détruire lavirginité, comment laprétendue évasionduvoyage pourrait-elle réussirautrechose quenous confronter aux formes lesplus malheureuses denotre existence historique ? Cettegrande civilisation occidentale, créatricedes merveilles dontnous jouissons, ellen’acertes pasréussi àles produire sanscontrepartie.

Commesonœuvre laplus fameuse, pileoùs’élaborent desarchitectures d’unecomplexité inconnue,l’ordreetl’harmonie del’Occident exigent l’élimination d’unemasse prodigieuse desous-produits maléfiquesdontlaterre estaujourd’hui infectée.Ceque d’abord vous nous montrez, voyages,c’estnotre ordure lancéeauvisage del’humanité. Je comprends alorslapassion, lafolie, laduperie desrécits devoyage.

Ilsapportent l’illusiondecequi n’existe pluset qui devrait êtreencore, pourquenous échappions àl’accablante évidencequevingt milleansd’histoire sontjoués.

Iln’y a plus rienàfaire : lacivilisation n’estpluscette fleurfragile qu’onpréservait, qu’ondéveloppait àgrand-peine dans quelques coinsabrités d’unterroir richeenespèces rustiques, menaçantes sansdoute parleur vivacité, maisqui permettaient aussidevarier etde revigorer lessemis.

L’humanité s’installedanslamonoculture ; elles’apprête à produire lacivilisation enmasse, comme labetterave.

Sonordinaire necomportera plusqueceplat. On risquait jadissavie dans lesIndes ouaux Amériques pourrapporter desbiens quinous paraissent aujourd’hui dérisoires : boisdebraise (d’oùBrésil) : teinture rouge,oupoivre dont,autemps d’Henri IV,onavait àce point lafolie que laCour enmettait dansdesbonbonnières desgrains àcroquer.

Cessecousses visuellesouolfactives, cettejoyeuse chaleur pourlesyeux, cettebrûlure exquise pourlalangue ajoutaient unnouveau registreauclavier sensoriel d’une civilisation quines’était pasdoutée desafadeur.

Dirons-nous alorsque,parundouble renversement, nosmodernes Marco Polorapportent deces mêmes terres,cettefoissous forme dephotographies, delivres etde récits, lesépices morales dontnotre société éprouve unbesoin plusaigu ensesentant sombrer dansl’ennui ? Un autre parallèle mesemble plussignificatif.

Carcesmodernes assaisonnements sont,qu’on leveuille ounon, falsifiés.

Noncertes parcequeleur nature estpurement psychologique ; maisparce que,sihonnête quesoitlenarrateur, il ne peut pas,ilne peut plusnous leslivrer sousuneforme authentique.

Pourquenous consentions àles recevoir, ilfaut, par une manipulation quichez lesplus sincères estseulement inconsciente, trierettamiser lessouvenirs etsubstituer le poncif auvécu.

J’ouvre cesrécits d’explorateurs : telletribu, qu’on medécrit comme sauvage etconservant jusqu’à l’époque actuellelesmœurs dejene sais quelle humanité primitivecaricaturée enquelques légerschapitres, j’aipassé des semaines dema vied’étudiant àannoter lesouvrages que,voici cinquante ans,parfois mêmetoutrécemment, des hommes descience ontconsacrés àson étude, avantquelecontact aveclesblancs etles épidémies subséquentes ne l’aient réduite àune poignée demisérables déracinés.Cetautre groupe, dontl’existence, dit-on,aété découverte et l’étude menéeenquarante-huit heuresparunvoyageur adolescent, ila été entrevu (etcen’est pasnégligeable) aucours d’un déplacement horsdeson territoire dansuncampement provisoire,naïvement prispour unvillage permanent.

Eton. »

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