Devoir de Philosophie

DÉMOCRATIE________________________________

Publié le 02/04/2015

Extrait du document

DÉMOCRATIE________________________________

La démocratie est d'abord un concept traditionnel du droit poli­tique; celui-ci classe les formes de gouvernement selon la nature de l'autorité souveraine : dans la monarchie, le souverain est un individu, dans l'aristocratie, c'est un groupe d'individus, dans la démocratie, c'est le peuple dans son ensemble. Pratiquement, ce concept suppose au moins que tous les citoyens soient égaux en tant que membres du pouvoir souverain. La conception de l'homme comme sujet libre a fait de la démocratie une valeur: elle correspond soit à l'exigence de reconnaître la liberté, soit au moyen politique de faire exister la liberté. Toutes ces déterminations ne se recouvrent pas et l'idée démocratique est revendiquée tant par le libéralisme, que par l'anar‑

chisme ou le socialisme.

0 Depuis le XVIIIe siècle est apparue l'idée fondamentale que la liberté politique de chacun et l'exercice du pouvoir par tous sont une seule et même chose : Rousseau en fait le fondement de son Contrat social et de sa théorie du souverain. A strictement parler, la liberté (la souveraineté individuelle) est inaliénable ; il en résulte un premier para­doxe de la démocratie : toute délégation de souveraineté est déjà une dégénérescence de la démocratie, et pourtant une démocratie directe paraît impraticable dans les Etats modernes (1). Le problème fondamental est de concevoir comment le peuple peut exercer le pouvoir politique. Le libéralisme politique, issu de Locke et de Montesquieu, met l'accent sur la reconnaissance de la liberté individuelle et de l'égalité, et assure formellement l'exercice du pouvoir « populaire « par l'élection des dirigeants et le suffrage universel. La démocratie se définit alors par la liberté des élections (chacun est électeur et éligible) qu'on croit souvent assurer par le pluralisme des partis politiques, la garantie du respect des libertés publiques fondamentales (expression, réunion, opinion), la limitation du pouvoir central face aux libertés individuelles (d'où le thème de la séparation des pouvoirs).

Cette conception peut être l'objet de plusieurs critiques :

1 — L'élection ne garantit pas l'exercice du pouvoir par le peuple, si les moyens d'information, de propagande et de

pressions économiques sont aux mains de quelques-uns.

2 — Le suffrage universel peut devenir un élément anti­démocratique lorsque par exemple dans la pratique du plébis­cite ou du référendum, il vise à faire approuver un homme et non une politique ou à déterminer le choix du votant par une question imposée.

3 — La liberté et l'égalité sont simplement formelles, s'il se trouve que l'appartenance à un milieu social défini détermine pratiquement l'accès à certaines fonctions ou à certaines

compétences. La liberté par où se définit la démocratie n'est pas seulement la reconnaissance à chacun de droits égaux, c'est aussi l'exigence que chacun puisse également exercer ces droits ; la démocratie est inséparable de la justice sociale.

·     La structure politique et économique des Etats modernes, quels qu'ils soient, semble imposer l'idée que l'exercice du pouvoir politique réclame une compétence déterminée, qu'il est impossible de trouver en chacun. Les élections ne peuvent donc servir à faire reconnaître par tous cette compé­tence, puisque par définition tous ne la possèdent pas : semblables aux cérémonies rituelles des sociétés primitives, ne sont-elles pas alors réduites à la fonction de réinstaurer périodiquement le consensus social ? L'idée de la démocratie peut-elle être séparée de l'idée que la politique dans son ensemble est l'affaire de chacun ?

 

1. Voir anarchisme.

Liens utiles