DÉMOCRATIE________________________________
La démocratie est d'abord un concept traditionnel du droit politique; celui-ci classe les formes de gouvernement selon la nature de l'autorité souveraine : dans la monarchie, le souverain est un individu, dans l'aristocratie, c'est un groupe d'individus, dans la démocratie, c'est le peuple dans son ensemble. Pratiquement, ce concept suppose au moins que tous les citoyens soient égaux en tant que membres du pouvoir souverain. La conception de l'homme comme sujet libre a fait de la démocratie une valeur: elle correspond soit à l'exigence de reconnaître la liberté, soit au moyen politique de faire exister la liberté. Toutes ces déterminations ne se recouvrent pas et l'idée démocratique est revendiquée tant par le libéralisme, que par l'anar‑
chisme ou le socialisme.
0 Depuis le XVIIIe siècle est apparue l'idée fondamentale que la liberté politique de chacun et l'exercice du pouvoir par tous sont une seule et même chose : Rousseau en fait le fondement de son Contrat social et de sa théorie du souverain. A strictement parler, la liberté (la souveraineté individuelle) est inaliénable ; il en résulte un premier paradoxe de la démocratie : toute délégation de souveraineté est déjà une dégénérescence de la démocratie, et pourtant une démocratie directe paraît impraticable dans les Etats modernes (1). Le problème fondamental est de concevoir comment le peuple peut exercer le pouvoir politique. Le libéralisme politique, issu de Locke et de Montesquieu, met l'accent sur la reconnaissance de la liberté individuelle et de l'égalité, et assure formellement l'exercice du pouvoir « populaire « par l'élection des dirigeants et le suffrage universel. La démocratie se définit alors par la liberté des élections (chacun est électeur et éligible) qu'on croit souvent assurer par le pluralisme des partis politiques, la garantie du respect des libertés publiques fondamentales (expression, réunion, opinion), la limitation du pouvoir central face aux libertés individuelles (d'où le thème de la séparation des pouvoirs).
Cette conception peut être l'objet de plusieurs critiques :
1 — L'élection ne garantit pas l'exercice du pouvoir par le peuple, si les moyens d'information, de propagande et de
pressions économiques sont aux mains de quelques-uns.
2 — Le suffrage universel peut devenir un élément antidémocratique lorsque par exemple dans la pratique du plébiscite ou du référendum, il vise à faire approuver un homme et non une politique ou à déterminer le choix du votant par une question imposée.
3 — La liberté et l'égalité sont simplement formelles, s'il se trouve que l'appartenance à un milieu social défini détermine pratiquement l'accès à certaines fonctions ou à certaines