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Fig. 22 Généalogie sommaire de la IVe dynastie, générations 4-6 :

Publié le 06/01/2014

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Fig. 22 Généalogie sommaire de la IVe dynastie, générations 4-6 : branches cadettes. religieuse différente de celle de ses prédécesseurs : s'il prend un édit -- le premier connu -- pour protéger eurs domaines funéraires, il rompt pour lui-même avec la tradition et se fait construire à Saqqara-sud un ombeau en forme de grand sarcophage. Khentkaous, elle aussi, paraît partagée : elle possède deux tombeaux, 'un à Gîza, l'autre à Abousir, à proximité de la pyramide de son fils, mais dans un style qui marque un net etour à la IIIe dynastie. Cette distance prise par rapport aux conceptions héliopolitaines apparaît encore dans e choix par Chespseskaf du grand prêtre de Memphis Ptahchepses comme époux pour sa fille Khâmaât. Ouserkaf et les premiers temps de la Ve dynastie a montée sur le trône d'Ouserkaf, « Puissant est son ka », ne semble pas avoir provoqué de ouleversements dans le pays ni dans l'administration (on connaît des exemples de maintien dans leur poste e fonctionnaires de la IVe dynastie, comme Nykaânkh à Tehna en Moyenne-Égypte). D'ailleurs, il n'y a que le apyrus Westcar pour faire de lui un enfant de Redjedjet, donc peut-être de Khentkaous : une tradition solide oit en lui un fils de la princesse Néferhétepès, dont le Musée du Louvre possède un extraordinaire buste en alcaire (Vandier : 1958, 48-49). Il serait alors le petit-fils de Djedefrê et de la reine Hétephérès II : un escendant de la branche cadette de la famille royale... Mais tout dépend de l'identité du mari de Hétephérès ! n ne le connaît pas : est-ce lui le « prêtre de Rê, seigneur de Sakhébou » du Papyrus Westcar ? Ouserkaf se ait, en effet, construire à Saqqara-nord, à quelque distance du complexe de Djoser, une pyramide de imensions modestes et aujourd'hui très ruinée, mais, dans le même temps, il inaugure une tradition qui sera uivie par ses successeurs en faisant édifier à Abousir un temple solaire qui devait être une réplique de celui 'Héliopolis, la ville dont se réclame par excellence la nouvelle dynastie. Le choix du site d'Abousir, où se feront nterrer Sahourê, Néferirkarê et Niouserrê, est sans doute lié au lieu d'origine même de la nouvelle famille oyale, cette ville de Sakhébou, dans laquelle on s'entend généralement pour voir Zat elkôm, à une dizaine de ilomètres au nord d'Abou Roach, à peu près au niveau du point où le Nil se sépare en deux branches, celle de osette et celle de Damiette. Le nouvel ordre des choses est également exprimé dans le nom d'Horus que se hoisit Ouserkaf, iry-maât, « celui qui met en pratique Maât », l'équilibre de l'univers qu'assure le créateur : 'est-à-dire qu'il se considère comme celui qui remet en ordre la création. Son règne fut probablement court, lus proche des sept ans que lui accorde le Canon de Turin que des vingt-huit de Manéthon, et l'abandon de on culte funéraire à la fin de la Ve dynastie montre assez son importance relative. Il a toutefois eu une certaine ctivité, en particulier en Haute-Égypte où il développa le temple de Tôd consacré à Montou, le dieu de la hébaïde avant d'être celui de la guerre. De son règne également dateraient les rapports de l'Égypte avec le onde égéen : on a retrouvé dans son temple funéraire un vase provenant de Cythère. C'est le premier émoignage connu de ces relations, probablement commerciales, attestées à la Ve dynastie par la présence à orak d'un siège estampillé au nom de Sahourê et, dans la région, d'objets portant les noms de Menkaouhor et jedkarê-Izézi. La suprématie héliopolitaine Ve a dynastie semble avoir ouvert l'Égypte sur l'extérieur, autant vers le nord que vers le sud. Les reliefs du emple funéraire que le successeur d'Ouserkaf, Sahourê, se fit construire à Abousir montrent, outre des eprésentations de pays vaincus qui sont plus un lieu commun de la phraséologie qu'un témoignage historique, e retour d'une expédition maritime probablement à Byblos, avec des prolongements dans l'arrière-pays syrien, i l'on en croit la présence d'ours dans ces régions. On a prêté également à Sahourê une campagne contre les Libyens, sur la réalité de laquelle des doutes sont permis. Il semblerait que l'essentiel des relations qu'il a entretenues avec les pays étrangers aient eu, comme sous le règne d'Ouserkaf, une base économique, qu'il s'agisse de l'exploitation des mines du Sinaï, des carrières de diorite qu'il reprend à l'ouest d'Assouan ou d'une expédition au pays de Pount que lui attribue la Pierre de Palerme et dont on retrouve peut-être trace sur les reliefs de son temple funéraire. Les Égyptiens localisaient Pount dans le « Pays du dieu » -- un nom qui désigne depuis le début du Moyen Empire les contrées orientales. On pense qu'il devait se situer quelque part entre l'est du Soudan et le nord de l'Érythrée. C'est un pays dont ils importaient essentiellement de la myrrhe et, plus tard, de l'encens, mais aussi de l'électrum, de l'or, de l'ivoire, de l'ébène, des résines, des gommes, des peaux de léopards, etc. : autant de produits exotiques, tous localisables en Afrique. Les relations commerciales avec Pount sont attestées tout au long des Ve et VIe dynasties, surtout au Moyen Empire, où les expéditions menées pour le compte de Montouhotep III par Hénénou, puis par d'autres pour celui de Sésostris Ier et Amenemhat II donnent des indications précieuses sur le chemin suivi. Ces expéditions, parties de la région de Thèbes, gagnaient le Ouadi Hammamat, puis embarquaient à Mersa Gawasis, où les fouilles conjointes de l'université d'Alexandrie et de l'Organisation des Antiquités Égyptiennes ont mis au jour il y a quelques années des installations portuaires du Moyen Empire. Au terme d'une navigation sur la mer Rouge dont on retrouve trace sur les reliefs que la reine Hatchepsout, à la XVIIIe dynastie, fit graver sur les parois de son temple funéraire de Deir el-Bahari pour commémorer une expédition qu'elle y envoya, elles devaient toucher terre du côté de Port-Soudan, et, de là s'enfoncer vers l'ouest, vers le sud de la Cinquième Cataracte. Ces relations, poursuivies au Nouvel Empire par Thoutmosis III, Amenhotep III, Horemheb, Séthi Ier, Ramsès II et surtout Ramsès III, s'estompent ensuite, pour ne plus relever que du mythe à la fin de l'époque pharaonique. e règne des successeurs immédiats de Sahourê est mal documenté. De la politique de Néferirkarê-Kakaï, son frère d'après le Papyrus Westcar, on ne peut pas dire grand-chose, sinon que c'est probablement sous son règne que fut gravée la Pierre de Palerme. Son temple funéraire d'Abousir a livré, de 1893 à 1907, un très important lot de papyri documentaires datant du règne d'Izézi à celui de Pépi II. Cet ensemble était la plus mportante archive connue de l'Ancien Empire jusqu'à ce que la mission de l'Institut Égyptologique de l'Université de Prague découvre non loin de là, en 1982, un lot encore plus riche dans un magasin du temple unéraire de Rênéferef. L'étude des quatre trouvailles d'Abousir et de celles du temple funéraire de Rênéferef, venues s'y ajouter ces dernières années, complétera notre connaissance du fonctionnement des grands domaines royaux de l'Ancien Empire. ntre Néferirkarê et Rênéferef se situe le règne de Chepseskarê, souverain éphémère qui n'a dû régner que quelques mois et dont la seule trace conservée, Manéthon mis à part, est une empreinte de sceau provenant d'Abousir. Rênéferef, en revanche, est mieux connu, surtout depuis que la mission tchèque a entrepris de fouiller son temple funéraire. Les découvertes faites de 1980 à 1986 ont modifié quelque peu l'image que l'on avait de ce roi, que sa pyramide inachevée laissait supposer secondaire : en plus de la grande trouvaille des papyri et des tablettes inscrites, les barques de bois, les statues de prisonniers et celles du roi mises au jour en 1985 témoignent de la grandeur de ce souverain méconnu. Niouserrê régna environ vingt-cinq ans. Il était peut-être le fils de Néferirkarê dont il réutilisa pour son temple d'accueil les constructions inachevées à Abousir. Il est surtout connu pour le temple solaire qu'il fit édifier à Abou Gourob, le seul entièrement en pierre qui nous soit parvenu presque complet et dont l'architecture et les reliefs donnent une idée de ce que devait être son modèle héliopolitain. On en a déduit que son règne marquait l'apogée du culte solaire, ce qui est sans doute exagéré. Il faut toutefois constater qu'un certain changement intervient après lui : son successeur, Menkaouhor, dont on ne sait pas grand-chose sinon que, comme Niouserrê, il entretint l'activité des mines du Sinaï, ne s'est pas fait enterrer à Abousir. On hésite, pour sa pyramide, qui n'a pas été retrouvée, entre Dahchour et Saqqara-nord où il bénéficiait d'un culte au Nouvel Empire (Berlandini, RdE 31, 3-28). Mais l'attribution de la pyramide ruinée située à l'est de celle de Téti à Saqqara-nord à Menkaouhor se heurte à un problème de stratigraphie difficilement surmontable : l'imbrication dans les vestiges de son coin sud d'un mastaba de la IIIe dynastie (Stadelmann, LÄ IV, 1219). On ne sait pas non plus si son temple solaire, connu également par les inscriptions, se trouvait à Abousir. Dans ce cas, il serait le dernier à utiliser ce site, tous ses successeurs ayant ensuite choisi Saqqara. 'est l'époque où les fonctionnaires provinciaux et ceux de la Cour gagnent en puissance et en autonomie, réant un mouvement qui ne cessera de s'accentuer, minant progressivement l'autorité du pouvoir central. On eut juger de cette ascension à la richesse du mastaba de l'un d'eux, Ti, qui épousa une princesse, éferhétepès, fit carrière sous Néferirkarê-Kakaï et mourut sous Niouserrê. Il est enterré à Saqqara (cf. infra fig. 61 ). Ce « perruquier en chef de la maison royale » avait la haute main sur les domaines funéraires de Néferirkarê et Néferefrê. Il était également contrôleur des étangs, des fermes et des cultures. La taille et la qualité de la écoration du tombeau qu'il se fit aménager pour lui-même et sa famille étaient encore hors de portée d'un imple particulier à la dynastie précédente. Izézi et Ounas zézi mène une politique qui, sans s'écarter du dogme héliopolitain, prend ses distances avec lui. Il choisit un om de roi de Haute et Basse-Égypte qui continue à le placer sous l'invocation de Rê : Djedkarê, « Stable est le a de Rê »; mais il n'entreprend pas de temple solaire et se fait enterrer à Saqqara-sud, plus près de Memphis onc, à proximité du village moderne de Saqqara. Son règne est long : Manéthon lui accorde une quarantaine 'années, chiffre que ne confirme pas le Canon de Turin, qui ne lui en donne que vingt-huit. De toute façon, ela représente le temps au moins d'une fête jubilaire, attestée par un vase conservé au Musée du Louvre. omme Sahourê, il mène une vigoureuse politique extérieure qui le conduit vers les mêmes partenaires : le inaï où deux expéditions sont attestées à dix ans d'intervalle dans le Ouadi Maghara, les carrières de diorite à 'ouest d'Abou Simbel -- cette dernière expédition étant évoquée par un graffito trouvé à Tômas --, et, eaucoup plus loin, Byblos et le Pays de Pount. L'accroissement du pouvoir des fonctionnaires continue sous on règne, et l'on voit naître de véritables féodalités. Les vizirs qui se sont succédé pendant ce tiers de siècle nt laissé eux aussi à Saqqara des tombeaux qui témoignent de leur opulence, comme, par exemple, êchepses, qui fut également le premier gouverneur de Haute-Égypte. Le plus célèbre d'entre eux est tahhotep, dont la tradition fait l'auteur d'un Enseignement, auquel les textes sapientiaux et royaux feront éférence jusqu'à l'époque éthiopienne. En réalité, il faudrait parler de plusieurs Ptahhotep, dont deux possèdent un tombeau à Saqqara, dans le secteur au nord de la pyramide de Djoser. Le vizir de Djedkarê est celui qui est enterré seul (PM III2 596 sq.). Son petit-fils, Ptahhotep Tchéfi, qui vécut jusque sous Ounas, est enterré à proximité, dans une annexe du mastaba d'Akhtihotep, fils du vizir et vizir lui-même (PM III2 599). C'est à lui que l'on attribue des Maximes, qui nous sont parvenues à travers une dizaine de manuscrits. Parmi ceux-ci, un papyrus et trois ostraca proviennent du village d'artisans de Deir el-Médineh, ce qui confirme l'audience de ce texte à l'époque ramesside, où il était encore matière à enseignement dans les écoles de scribes. L'attribution de cette oeuvre à Ptahhotep ne veut pas nécessairement dire qu'il en est l'auteur. Les plus anciennes copies datent du Moyen Empire et ne permettent pas d'affirmer que l'original remonte à l'Ancien Empire et, plus spécialement, à la fin de la Ve dynastie, même si l'on sait qu'il était déjà cité à la XIIe dynastie. La question est d'ailleurs sans grande importance : on a attribué ces Maximes, dont le contenu, très conformiste, définit des règles de vie générales, à Ptahhotep, selon toute vraisemblance parce qu'il était le symbole de ces hauts fonctionnaires garants de l'ordre établi. Le personnel politique et administratif reste remarquablement stable, contrairement à la famille régnante qui s'éteint avec Ounas, dont on suppose, sans garantie, qu'il est le fils de Djedkarê. Le découpage de Manéthon fait de lui le dernier souverain de la Ve dynastie, et l'on arrête généralement à son règne la période classique e l'Ancien Empire pour faire de la VIe dynastie le début d'une décadence qui englobe toute la Première ériode Intermédiaire, jusqu'à la réunification des Deux Terres par Montouhotep II. Cette coupure est oublement artificielle. D'abord parce qu'elle n'est qu'une projection du découpage de Manéthon, mais aussi arce qu'elle fait violence au cours de l'Histoire en créant une rupture que l'historiographie égyptienne n'a pas erçue comme telle. Outre le fait que l'on connaisse bon nombre de fonctionnaires qui ont servi successivement jedkarê, Ounas et Téti, le premier roi de la VIe dynastie, l'ère d'Ounas est loin de sentir la décadence ! Sous on règne, auquel le Canon de Turin et Manéthon s'accordent pour attribuer une trentaine d'années, l'Égypte oursuit une diplomatie active avec Byblos et la Nubie, et le roi est connu comme bâtisseur, à Éléphantine et urtout à Saqqara-nord, où son complexe funéraire, restauré sous Ramsès II par le prince Khâemouaset, émoigne d'une grandeur qui lui valut plus tard le rang de divinité locale. Naissance de la VIe dynastie ême si l'Ancien Empire est à son apogée et si aucune trace de violence n'est visible, il est probable que les éodalités installées dans le pays faisaient peser quelque menace sur le pouvoir central. À ce problème s'en joutait un autre : l'absence d'héritier mâle. Il semblerait que la montée sur le trône de Téti ait fourni une olution à cette double crise. Il prend en effet comme nom d'Horus Séhétep-taoui, « Qui pacifie les Deux erres », ce qui laisse augurer de son programme politique. Ce nom, en effet, sera repris au cours de l'histoire e l'Égypte, et toujours par des rois qui ont eu à rétablir l'unité du pays après des troubles politiques graves : menemhat Ier, Apophis, Pétoubastis II, Pi(ânkh)y... D'un autre côté, bien loin de rompre avec la dynastie récédente, il épouse une fille d'Ounas, Ipout, qui lui donnera Pépi Ier. Inscrit dans la lignée légitime, il pratique ne politique d'alliance avec la noblesse en donnant sa fille aînée Sechechet à Mérérouka, qui fut son vizir, puis e contrôleur des prêtres de sa pyramide, à proximité de laquelle il se fit enterrer, dans l'un des plus beaux astabas de Saqqara-nord. La pyramide que Téti se fait édifier, la deuxième pyramide à textes après celle 'Ounas, marque un retour à certaines traditions de la IVe dynastie. Il renoue en particulier avec les pyramides e reines, alors qu'Ounas s'était contenté de mastabas pour ses épouses. Celle de la reine Khouit a disparu; mais on a retrouvé les restes d'Ipout dans une petite pyramide élevée à une centaine de mètres au nord-ouest e celle de son époux. ans doute sa politique de pacification porta-t-elle des fruits. Son activité de législateur est attestée à Abydos ar un décret exemptant le temple de l'impôt; il est aussi le premier souverain nommément en relation avec le ulte d'Hathor à Dendara. Surtout, signe de la bonne santé de la politique intérieure, il poursuit les relations nternationales de la Ve dynastie : toujours avec Byblos, peut-être avec Pount et la Nubie, en tout cas au moins usqu'à Tômas. Les diverses sources ne s'accordent pas sur la durée de son règne : moins de sept mois pour le aryrus de Turin, ce qui n'est pas plausible, trente ou trente-trois ans pour Manéthon, ce qui paraît trop, dans la esure où l'on n'a pas pour lui d'attestation d'une fête jubilaire. La plus basse date connue est celle du « sixième recensement », opération qui avait lieu en moyenne tous les deux ans ou tous les ans et demi. anéthon dit qu'il périt assassiné. Voilà qui conforte l'idée de troubles civils et constitue un second point de rencontre avec Amenemhat Ier ! Cette mort violente expliquerait le court règne de son successeur, Ouserkarê, ont le nom -- « Puissant est le ka de Rê » -- a des résonances tellement proches de la Ve dynastie qu'on a arfois voulu voir en lui l'un des chefs de l'opposition qui aurait, selon Manéthon, assassiné Téti. Contrairement ce que l'on écrit souvent, Ouserkarê n'est pas totalement inconnu. Il n'est certes cité que par le Canon de urin et la liste d'Abydos, mais on possède quelques autres documents portant son nom. L'un mentionne une quipe de travailleurs salariés provenant du nome de Qau el-Kébir, au sud d'Assiout, engagée pour des grands ravaux, sans doute la construction de son tombeau. Le passage à Pépi Ier paraissant s'être fait sans heurt, eut-être faut-il au contraire voir en lui un appui qui aurait favorisé la régence de la reine Ipout, veuve de Téti, our le compte de son fils trop jeune pour accéder au pouvoir. Fig. 23 Généalogie sommaire de la VIe dynastie : générations 1-4. Pépi Ier La longueur du règne de Pépi Ier -- une cinquantaine d'années pour Manéthon et autant pour le Canon de Turin malgré une faute de copie, en réalité au moins quarante -- laisse supposer qu'il est monté très jeune sur le trône : dès la fin de la régence de sa mère. Il prend comme nom d'Horus mery-taoui, « Celui qu'aiment les Deux Terres », ce qui suppose à tout le moins une volonté d'apaisement. Mais deux événements laissent à penser que les difficultés évoquées plus haut devaient prendre une réalité de plus en plus grande. Le premier est un fait difficile à localiser avec précision dans le règne et pour lequel on ne possède qu'un seul témoignage irect : une conspiration aurait été ourdie contre le roi dans le harem et se serait soldée par le châtiment de l'épouse coupable et -- du moins on peut le supposer -- du fils pour le bénéfice duquel elle agissait. Le témoignage en question est celui que nous a laissé un officier nommé Ouni dans l'autobiographie qu'il fit graver dans sa chapelle funéraire à Abydos. L'autobiographie est le genre littéraire le plus ancien de l'Égypte; c'est aussi le mieux documenté. À l'époque qui nous occupe, il s'agit d'un récit, écrit exclusivement dans la chapelle funéraire et qui joue le même rôle que les diverses représentations du défunt : le caractériser en marquant à travers les étapes importantes de sa vie ce qui le rend digne de jouir de l'offrande funéraire. Autant dire que ces textes tiennent le plus souvent de la pièce justificative. Mais à côté du panégyrique traditionnel qui tend à faire du bénéficiaire un modèle d'intégration dans l'ordre de l'univers, ces textes comportent une partie purement descriptive qui retrace sa carrière. Par la suite, ces biographies ne se cantonnent plus dans les chapelles funéraires : on les grave au dos de statues ou sur des stèles qui ne sont pas nécessairement liées aux nécropoles. Elles reflètent l'évolution de la société : loyalisme « humaniste » sous l'Ancien Empire, individualisme traduisant la montée des pouvoirs locaux, puis retour, au Moyen Empire, à un loyalisme plus lié à une adhésion personnelle, -- ce qui peut aller jusqu'à des formes très romancées : le conte de Sinouhé par exemple. À partir du Nouvel Empire, leur intérêt historique augmente, dans la mesure où, tout en conservant les lois du genre, elles ont tendance à se libérer des contraintes de la phraséologie pour laisser une plus grande place à l'individu. Le mouvement s'accentue au Ier millénaire avant notre ère pour arriver à des compositions qui, comme chez Pétosiris, rejoignent les ouvrages philosophiques que sont devenus les traités sapientiaux. Ouni, lui, a servi les trois premiers pharaons de la VIe dynastie, et sa carrière est un modèle du cursus des fonctionnaires, avec tous les stéréotypes que cela implique : passage de l'administration à l'armée, puis, après une dotation funéraire royale, aux grands travaux, de l'exploitation des carrières au percement d'un canal à la Première Cataracte. Le tout est exprimé dans une forme littéraire achevée, qui ne rend pas toujours facilement perceptible la réalité des faits : « Il y eut un procès dans le harem royal contre l'épouse royale grande favorite, en secret. Sa Majesté fit que je me porte à juger seul, sans qu'il y eût aucun vizir de l'État, ni aucun magistrat là sauf moi, parce que j'étais capable, parce que j'avais du succès (?) dans l'estime de Sa Majesté, parce que Sa Majesté avait confiance en moi. C'est moi qui mis (le procès-verbal) par écrit étant seul avec un attaché de l'État à Hiérakonpolis qui était seul, alors que ma fonction était celle de directeur des employés du grand palais. Jamais quelqu'un de ma condition n'avait entendu un secret du harem royal auparavant, mais Sa Majesté me le fit écouter, parce que j'étais capable dans l'estime de Sa Majesté plus que tout sien magistrat, plus que tout sien dignitaire, plus que tout sien serviteur. » (Roccati : 1982, 192-193.) Cette conspiration trouve des échos dans le dernier tiers du règne : l'année du 21e recensement, le roi épouse successivement deux filles d'un noble d'Abydos, Khoui. Ces deux reines, qui reçoivent toutes deux lors de leur ariage le nom d'Ankhenesmérirê -- « Mérirê vit pour elle » --, vont chacune lui donner des enfants. La première est la mère de Mérenrê et de la princesse Neit, qui épousera son demi-frère Pépi II, né, lui, de l'union e Pépi Ier et de Ankhenesmérirê II. Il est d'autant plus tentant de lier ce remariage à la conspiration que c'est e lui que sont issus les successeurs de Pépi Ier, et qu'il s'accompagne d'un changement manifeste de politique. 'alliance avec la famille de Khoui privilégie la noblesse abydénienne au-delà même du mariage, puisque le fils e Khoui, Djâou sera, au moins en titre, vizir de Merenrê, puis de Pépi II, auprès duquel on suppose qu'il a joué ans les débuts de son règne le rôle d'un tuteur. Le choix d'une famille d'Abydos répond sans doute au désir de 'attacher la Moyenne et Haute-Égypte dont les liens avec le pouvoir central se relâchaient et qui jouait un rôle lef dans le transit à la fois caravanier et fluvial entre le Sud et le Nord. Cette position explique d'ailleurs en artie la puissance des provinces comme celle d'Hérakléopolis à la Première et à la Troisième Période ntermédiaire. Pépi Ier conduit également une politique de présence en faisant mener des grands travaux dans es principaux sanctuaires de Haute-Égypte : Dendara, Abydos, Éléphantine, Hiérakonpolis où F. Green et J. uibell ont découvert deux statues de cuivre, aujourd'hui conservées au Musée du Caire, figurant, l'une, la plus rande, Pépi Ier en taille réelle ( ig. 30 ) et l'autre, beaucoup plus petite, Mérenrê ainsi associé à son père. Tous deux foulent aux pieds les Neuf Arcs, c'est-à-dire la représentation stylisée des nations traditionnellement soumises à l'Egypte et qui sont à la cosmologie pharaonique plus ou moins ce que sont les Barbares pour les Grecs. Cette affirmation du pouvoir royal, sensible également en Basse-Égypte, avec des travaux dans le temple de Bubastis, se double d'un retour évident aux valeurs anciennes : Pépi Ier modifie son nom de couronnement, Néferzahor, en Mérirê, « Le zélateur de Rê ». Il édicte également, en l'an 21, une charte immunitaire pour la ville née du domaine funéraire de Snéfrou à Dahchour. Sa propre « ville de pyramide », Mennéfer-Pépi, implantée à proximité du temple de Ptah dans la capitale, donnera son nom, à la XVIIIe dynastie, à la ville de Memphis tout entière. L'expansion vers le sud Son fils Mérenrê Ier, « L'aimé de Rê », marque nettement ses liens avec la Haute-Égypte en adoptant comme nom de couronnement Antiemzaf, « Anti est sa protection », Anti étant un dieu faucon guerrier adoré du 12e au 18e nome de Haute-Égypte et particulièrement à Deir el-Gebrawi. Le fait qu'il soit monté jeune sur le trône confirme la date tardive du remariage de Pépi Ier qui laissait de ses deux épouses des héritiers en bas âge. Mérenrê meurt rapidement, peut-être après neuf ans de règne, et son demi-frère Pépi II, lorsqu'il lui succède, n'est âgé que de dix ans. L'état inachevé de la pyramide qu'il se fit édifier à proximité de celle de son père à Saqqara-sud confirme que la mort de Mérenrê a été prématurée ; il reste toutefois hasardé de risquer un âge précis : on a bien retrouvé dans son caveau le corps d'un jeune homme, mais il s'agit probablement d'une réutilisation de cette tombe, qui, étant inachevée, offrait un accès facile aux pillards et, ensuite, à d'éventuels réutilisateurs. Mérenrê a poursuivi la politique de son père : sur le plan économique avec l'exploitation des mines du Sinaï et, pour la construction de sa pyramide, des carrières de Nubie, d'Éléphantine et d'Hatnoub où un graffito vient

« Libyens, surlaréalité delaquelle desdoutes sontpermis.

Ilsemblerait quel'essentiel desrelations qu'ila entretenues aveclespays étrangers aienteu,comme souslerègne d'Ouserkaf, unebase économique, qu'il s'agisse del'exploitation desmines duSinaï, descarrières dediorite qu'ilreprend àl'ouest d'Assouan oud'une expédition aupays dePount queluiattribue laPierre dePalerme etdont onretrouve peut-être tracesurles reliefs deson temple funéraire.Les Égyptiens localisaient Pountdansle«Pays dudieu »— un nom quidésigne depuisledébut duMoyen Empire lescontrées orientales.

Onpense qu'ildevait sesituer quelque partentre l'estduSoudanet lenord del'Érythrée.

C'estunpays dontilsimportaient essentiellement delamyrrhe et,plus tard, del'encens, maisaussi del'électrum, del'or, del'ivoire, del'ébène, desrésines, desgommes, despeaux deléopards, etc.:autant deproduits exotiques, touslocalisables enAfrique.

Lesrelations commercialesavec Pount sontattestées toutaulong desVe etVIe dynasties, surtoutauMoyen Empire, oùlesexpéditions menéespourlecompte deMontouhotep IIIpar Hénénou, puispard'autres pourcelui deSésostris Ier etAmenemhat IIdonnent desindications précieuses surlechemin suivi.Cesexpéditions,parties delarégion deThèbes, gagnaient leOuadi Hammamat, puisembarquaient àMersa Gawasis, oùles fouilles conjointes del'université d'Alexandrie etde l'Organisation desAntiquités Égyptiennes ontmisau jour ily a quelques annéesdesinstallations portuairesduMoyen Empire.

Auterme d'unenavigationsur lamer Rouge dontonretrouve tracesurlesreliefs quelareine Hatchepsout, àla XVIII e dynastie, fitgraver surlesparois deson temple funéraire deDeir el-Bahari pourcommémorer uneexpédition qu'elleyenvoya, ellesdevaient toucherterreducôté dePort-Soudan, et,de làs'enfoncer versl'ouest, verslesud de laCinquième Cataracte.Cesrelations, poursuivies auNouvel Empire parThoutmosis III,AmenhotepIII, Horemheb, SéthiIer ,Ramsès IIet surtout Ramsès III,s'estompent ensuite,pourneplus relever quedumythe àla fin de l'époque pharaonique. Le règne dessuccesseurs immédiatsdeSahourê estmal documenté.

Delapolitique deNéferirkarê-Kakaï, son frère d'après lePapyrus Westcar, onnepeut pasdire grand-chose, sinonquec'est probablement sousson règne quefutgravée laPierre dePalerme.

Sontemple funéraire d'Abousir alivré, de1893 à1907, untrès important lotde papyri documentaires datantdurègne d'Izézi àcelui dePépi II.Cet ensemble étaitlaplus importante archiveconnue del'Ancien Empirejusqu'àceque lamission del'Institut Égyptologique de l'Université dePrague découvre nonloindelà,en 1982, unlotencore plusriche dans unmagasin dutemple funéraire deRênéferef.

L'étudedesquatre trouvailles d'Abousiretde celles dutemple funéraire deRênéferef, venues s'yajouter cesdernières années,complétera notreconnaissance dufonctionnement desgrands domaines royauxdel'Ancien Empire. Entre Néferirkarê etRênéferef sesitue lerègne deChepseskarê, souverainéphémère quin'adûrégner que quelques moisetdont laseule traceconservée, Manéthonmisàpart, estune empreinte desceau provenant d'Abousir.

Rênéferef, enrevanche, estmieux connu, surtout depuisquelamission tchèque aentrepris de fouiller sontemple funéraire.

Lesdécouvertes faitesde1980 à1986 ontmodifié quelque peul'image quel'on avait deceroi, que sapyramide inachevée laissaitsupposer secondaire :en plus delagrande trouvaille des papyri etdes tablettes inscrites, lesbarques debois, lesstatues deprisonniers etcelles duroimises aujour en 1985 témoignent delagrandeur decesouverain méconnu. Niouserrê régnaenviron vingt-cinq ans.Ilétait peut-être lefils deNéferirkarê dontilréutilisa poursontemple d'accueil lesconstructions inachevéesàAbousir.

Ilest surtout connupourletemple solairequ'ilfitédifier à Abou Gourob, leseul entièrement enpierre quinous soitparvenu presquecompletetdont l'architecture etles reliefs donnent uneidée deceque devait êtresonmodèle héliopolitain.

Onenadéduit quesonrègne marquait l'apogée duculte solaire, cequi estsans doute exagéré.

Ilfaut toutefois constater qu'uncertain changement intervient aprèslui:son successeur, Menkaouhor, dontonne sait pas grand-chose sinonque,comme Niouserrê, ilentretint l'activitédesmines duSinaï, nes'est pasfaitenterrer àAbousir.

On hésite, poursapyramide, quin'apas étéretrouvée, entreDahchour etSaqqara-nord oùilbénéficiait d'un culte auNouvel Empire (Berlandini, RdE31,3-28).

Maisl'attribution delapyramide ruinéesituéeàl'est decelle deTéti àSaqqara-nord àMenkaouhor seheurte àun problème destratigraphie difficilementsurmontable :l'imbrication danslesvestiges deson coin sudd'un mastaba delaIIIe dynastie(Stadelmann, LÄIV,1219).

Onnesait pas non plus sison temple solaire, connuégalement parlesinscriptions, setrouvait àAbousir.

Danscecas, ilserait ledernier àutiliser cesite, tous sessuccesseursayant ensuite choisiSaqqara. C'est l'époque oùles fonctionnaires provinciauxetceux delaCour gagnent enpuissance eten autonomie, créant unmouvement quinecessera des'accentuer, minantprogressivement l'autoritédupouvoir central.On peut juger decette ascension àla richesse dumastaba del'un d'eux, Ti,qui épousa uneprincesse, Néferhétepès, fitcarrière sousNéferirkarê-Kakaï etmourut sousNiouserrê.

Ilest enterré àSaqqara (cf.infra fig.

61 ). Ce «perruquier enchef delamaison royale»avait lahaute mainsurlesdomaines funéraires deNéferirkarê. »

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