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terre pour pouvoir le piquer.

Publié le 06/01/2014

Extrait du document

terre pour pouvoir le piquer. Villaverde tira deux fois vers le second attaquant, qui venait de sortir de la cuisine, mais sa vision se brouillait déjà, et ses muscles s'amollissaient contre son gré. Les balles s'enfoncèrent dans le mur. Il sentit qu'il glissait dans le sommeil. Avant de perdre totalement conscience, Villaverde comprit qu'il n'irait sans doute pas surfer sur les déferlantes, le lendemain matin. 58 Quand je la vis, je compris que Tess avait peur. Elle avait l'intention d'aller droit au but. Dès mon arrivée, lle m'entraîna dans le jardin, le plus loin possible de la maison. J'ignorais ce qui la tracassait, mais je résumais que c'étaient les retombées de notre conversation de la veille au soir, et je me dis que la discussion ne serait pas une partie de plaisir. Mais elle me surprit : -- J'ai appelé le psy. Jim. Jim Stephenson. Ce n'était pas ce que je croyais. -- Celui chez qui, selon toi, Michelle a emmené Alex ? -- Oui. Mais il n'est pas simplement psy. Il consulte en psychiatrie infantile, mais il est aussi le patron du département psychiatrie et sciences neurocomportementales à Berkeley. Plus précisément, il dirige une section spéciale, la division des études sur la perception. Je ne savais pas trop où elle voulait en venir, ni en quoi tout cela était urgent. Mais, visiblement, c'était important. J'essayai de ne pas paraître trop désinvolte. -- D'accord. J'avais peut-être accentué le mot un peu plus que nécessaire. -- Son principal centre d'intérêt, et ça représente plus de quarante ans d'études et d'expériences cliniques, ce sont les recherches sur la survie. Elle me regarda, comme pour me demander si j'en avais entendu parler. Je fis une grimace. Ce n'était pas le cas. -- Qu'est-ce que c'est que ça ? -- Les recherches sur la survie essaient de comprendre si certaines parties de nous peuvent survivre à la mort de notre corps physique. Survivre à la mort du corps physique ? J'étais largué. -- De quoi parles-tu ? -- Des gens comme Stephenson essaient de découvrir si l'âme est capable de survivre à la mort du corps. Pour le savoir, ils explorent des phénomènes comme les expériences aux frontières de la mort ou expériences extracorporelles, visions sur le lit de mort, communications post mortem... et ce qu'ils appellent la « transmigration de l'âme ». Et voilà ce qu'est la spécialité de Stephenson. La réincarnation. -- Attends... tu veux dire que le toubib chez qui Michelle a emmené Alex est un spécialiste de la réincarnation ? ! -- Oui. Et avant de lever les yeux au ciel comme tu aimes tant le faire, essaie de garder ceci à l'esprit. Je te parle d'un universitaire sérieux, qualifié et très compétent, d'accord ? Michelle n'a pas conduit Alex chez un e ces médiums enturbannés de fête foraine. Ce type est une légende dans les milieux de la parapsychologie. ui ne sont pas très importants, pour les raisons que tu peux imaginer. Il possède des qualifications rréprochables. Il est diplômé de Harvard. C'est un psychanalyste reconnu, qui a publié des dizaines d'articles ur la psychiatrie dans toutes sortes de revues médicales. Ses livres sont étudiés à l'université. On lui a offert es postes dans les hôpitaux les plus prestigieux. C'est un membre de plein droit de l'élite médicale de ce pays. -- Et il travaille sur la réincarnation, répétai-je, en m'efforçant de cacher mon ironie. Pour être sûr d'avoir bien compris, je devais poser la question : -- Cela veut dire qu'il y croit ? -- Oui. C'est-à-dire... à sa manière, c'est-à-dire avec prudence. Il a étudié des milliers de récits, pendant es années. Il dispose d'une équipe de chercheurs qui travaillent pour lui. Il ne s'occupe pas de la... « égression vers les vies antérieures » en hypnotisant des adultes... Il n'y croit pas. Il ne s'intéresse qu'aux cas ù des enfants ont ce qu'on appelle la « mémoire spontanée ». Quand ils se rappellent des choses. Des choses ombées du ciel. Et en dépit de tous les indices qu'il a rassemblés au cours des années, il ne passe pas son emps à affirmer des choses qu'il ne peut pas démontrer. Il reconnaît qu'il n'a pas de preuves de la éincarnation. Ce qu'il dit, c'est que, dans nombre de cas étudiés par lui, la réincarnation est la meilleure xplication qu'il ait trouvée. Celle qui colle le mieux. Il a des indices, mais pas de preuves. Si tu vois ce que je eux dire. Tout cela me semblait du pain bénit pour n'importe quel charlatan, mais si Tess le prenait au sérieux, j'étais out ouïe. J'avais, si j'ose dire, appris cette leçon à la dure, au cours des années. -- D'accord. Et quel est le rapport avec Alex ? -- Il semble qu'il ait un comportement inhabituel... un comportement qui induit la réincarnation. -- La mémoire spontanée ? -- Oui. -- Quoi, par exemple ? Tu veux parler des dessins que tu m'as montrés ? -- En partie, oui. Elle me regardait fixement, agitant les mains tout en parlant. -- Typiquement, dans ce genre de cas, les enfants qui prétendent se rappeler une vie antérieure ommencent à un très jeune âge, parfois dès qu'ils savent parler. Ils commencent à parler de choses qu'ils ne ont pas censés connaître. Les noms de gens qu'ils n'ont jamais rencontrés ou d'endroits où ils ne sont jamais allés, parfois dans une langue qui leur est étrangère. Ils parlent de choses qui devraient les dépasser à leur ge, comme, disons, les détails techniques d'un avion de la Seconde Guerre mondiale : ils voient par exemple ne photo et ils savent si la chose qui est accrochée sous l'aile est une bombe ou un réservoir largable. Des étails. Et quand ils en parlent, ils sont plus clairs et plus lucides qu'en temps normal. Beaucoup plus qu'ils ne ont censés l'être à leur âge. Puis, classiquement, ces souvenirs s'effacent peu à peu vers l'âge de six ou sept ns. La théorie, c'est qu'ils sont écrasés par d'autres souvenirs - ceux de la vie présente. Je faisais de mon mieux pour garder l'esprit ouvert. -- Tu veux dire qu'Alex connaissait des choses d'une vie antérieure ? -- D'après sa maîtresse, il tenait des propos qui surprenaient Michelle. Et d'autres qui étonnaient sa aîtresse elle-même. Ses dessins, aussi. Et il avait des cauchemars. Michelle n'avait pas très envie d'en parler, ais c'est sans doute pour ça qu'elle l'a conduit chez Stephenson. J'essayais d'imaginer Michelle en train de faire ça. Curieusement, cela ne me semblait pas si bizarre, car lle traversait à l'époque une sorte de période new age, et je la charriais pas mal à ce sujet. Je ne dis pas que e marchais. Je dis simplement que je comprenais qu'elle ait pu y penser et emmener son fils chez un type omme Stephenson. Tess voyait bien que je doutais. -- Tu penses que ça n'a ni queue ni tête. -- Non, mais... hé, qu'est-ce que j'en sais ? Elle secoua légèrement la tête, d'un air de reproche. -- Ecoute... je suis aussi sceptique que n'importe qui, sur ce sujet. Mais j'ai lu tous ces documents sur tephenson... C'est étonnant, Sean. Ces gosses, ceux dont il analyse les récits... Stephenson et son équipe ne ont pas des imbéciles. Ils se penchent sur ces récits comme s'ils étaient des techniciens « scientifiques » de la éincarnation. Ils interrogent les mômes, ils parlent à leur entourage, aux membres de la famille, de leur vie présente et passée. Ils prennent note de tout ce qu'on leur dit et procèdent à des contre-vérifications, au mot près, et ils cherchent toujours des raisons de les rejeter. Ils cherchent les lacunes, les explications alternatives, ou des parents qui pourraient alimenter sans le vouloir leurs propres fantasmes ou leurs prédispositions culturelles - et, bien évidemment, ils cherchent aussi les éventuelles escroqueries. Mais dans certains cas (des dizaines, au cours des ans), Stephenson et son équipe finissent par être convaincus que les enfants pourraient bien être des âmes réincarnées. Et il ne s'agit pas simplement de souvenirs. Certains de ces gosses ont des liens physiques avec ce qu'ils appellent leur vie antérieure. Son site en est plein, c'est génial. Un enfant qui se et à parler de sa vie antérieure est né avec un grave défaut de naissance : son artère pulmonaire n'était pas complètement formée. A l'âge de trois ans, il disait à sa mère, par exemple : « Je ne t'ai jamais battue quand tu tais petite, même quand tu étais très méchante »... Il s'est mis à raconter toutes sortes de choses sur son grand-père - qui était flic à New York, et qui était mort bien avant la naissance du gosse. Il avait été touché six fois dans une fusillade en essayant d'arrêter un hold-up. Et la balle qui l'avait achevé avait pénétré par le dos, raversé les poumons et déchiré une artère importante, provoquant l'hémorragie fatale. Devine de quelle artère l s'agissait ? Elle était rouge, sous l'effet de l'excitation. Elle n'attendit pas ma réponse : -- L'artère pulmonaire. Un autre osse qui s'est mis à raconter sa vie antérieure avait une marque de naissance sous le menton. Il apparut que a vie antérieure dont il parlait était celle d'un trafiquant de drogue qui s'était suicidé en se tirant une balle sous e menton. Quand Stephenson et son équipe ont examiné le cas, ils ont lu les rapports du légiste et les émoignages directs, puis ils ont regardé l'enfant de plus près. Tu sais ce qu'ils ont trouvé ? Une autre tache de aissance, glabre, au sommet du crâne, exactement à l'endroit où, selon le rapport d'autopsie, la balle était essortie. Stephenson affirme sur son site Internet qu'à chaque fois qu'ils avaient vu une envie correspondant u point d'impact d'une balle ils en découvraient une autre, à l'endroit où le projectile était sorti. Il y a de quoi êver, non ? J'étais scotché, force m'est de le reconnaître. Deux arguments m'aidaient à me faire une meilleure idée. 'une, c'était Tess qui me racontait tout cela. Elle avait un pifomètre parfaitement réglé, et je lui faisais onfiance. L'autre, c'était Stephenson. Le fait qu'un diplômé de Harvard, avec toutes ces références, puisse onsacrer sa vie à analyser des centaines de cas et soit au bout du compte convaincu par un nombre non négligeable d'entre eux, voilà qui n'était pas facile à rejeter. J'avais du mal à croire que j'étais vraiment assis, là, n train d'admettre cette idée loufoque, mais j'étais intrigué, et je me retrouvai en train de soutenir son raisonnement : -- Est-ce que les vies antérieures dont ces enfants se souviennent se concluent toujours par une mort violente ? Est-ce que personne ne se rappelle jamais avoir été quelqu'un qui serait mort paisiblement dans son lit ? Elle me contempla, l'air dubitatif. Elle se demandait si j'étais sérieux ou simplement crétin. Je ne plaisantais pas. -- Une grande majorité des cas qu'il a étudiés - plus de 70 %, en fait - renvoient à des vies antérieures qui ne se sont pas achevées de mort naturelle : dans un accident de voiture, par exemple, ou parce que la personne a été abattue ou assassinée, ou parce qu'elle a connu une fin violente, de quelque nature que ce soit. Sa théorie, c'est que le choc provoqué par ces décès bouleverse le cours des choses et incite ces âmes à

« 58 Quand jelavis, jecompris queTess avait peur.

Elleavait l’intention d’allerdroitaubut.

Dès mon arrivée, elle m’entraîna danslejardin, leplus loinpossible delamaison.

J’ignorais cequi latracassait, maisje présumais quec’étaient lesretombées denotre conversation delaveille ausoir, etjeme disque ladiscussion ne serait pasune partie deplaisir. Mais ellemesurprit : — J’ai appelé lepsy.

Jim.JimStephenson. Ce n’était pasceque jecroyais. — Celui chezqui,selon toi,Michelle aemmené Alex? — Oui.

Mais iln’est passimplement psy.Ilconsulte enpsychiatrie infantile,maisilest aussi lepatron du département psychiatrieetsciences neurocomportementales àBerkeley.

Plusprécisément, ildirige unesection spéciale, ladivision desétudes surlaperception. Je ne savais pastrop oùelle voulait envenir, nien quoi toutcela était urgent.

Mais,visiblement, c’était important.

J’essayaidenepas paraître tropdésinvolte. — D’accord. J’avais peut-être accentué lemot unpeu plus quenécessaire. — Son principal centred’intérêt, etça représente plusdequarante ansd’études etd’expériences cliniques, ce sont lesrecherches surlasurvie. Elle meregarda, commepourmedemander sij’en avais entendu parler.Jefisune grimace.

Cen’était pas le cas. — Qu’est-ce quec’est queça? — Les recherches surlasurvie essaient decomprendre sicertaines partiesdenous peuvent survivreàla mort denotre corps physique. Survivre àla mort ducorps physique ?J’étais largué. — De quoi parles-tu ? — Des gens comme Stephenson essaientdedécouvrir sil’âme estcapable desurvivre àla mort ducorps. Pour lesavoir, ilsexplorent desphénomènes commelesexpériences auxfrontières delamort ouexpériences extracorporelles, visionssurlelitde mort, communications postmortem… etce qu’ils appellent la« transmigration del’âme ».Et voilà cequ’est laspécialité deStephenson.

Laréincarnation. — Attends… tuveux direque letoubib chezquiMichelle aemmené Alexestunspécialiste dela réincarnation ?! — Oui.

Etavant delever lesyeux auciel comme tuaimes tantlefaire, essaie degarder ceciàl’esprit.

Je te parle d’ununiversitaire sérieux,qualifiéettrès compétent, d’accord?Michelle n’apas conduit Alexchez un de ces médiums enturbannés defête foraine.

Cetype estune légende danslesmilieux delaparapsychologie. Qui nesont pastrès importants, pourlesraisons quetupeux imaginer.

Ilpossède desqualifications irréprochables.

Ilest diplômé deHarvard.

C’estunpsychanalyste reconnu,quiapublié desdizaines d’articles sur lapsychiatrie danstoutes sortesderevues médicales.

Seslivres sontétudiés àl’université.

Onluiaoffert des postes dansleshôpitaux lesplus prestigieux.

C’estunmembre deplein droitdel’élite médicale decepays. — Etiltravaille surlaréincarnation, répétai-je,enm’efforçant decacher monironie. Pour êtresûrd’avoir biencompris, jedevais poserlaquestion :— Cela veutdirequ’il ycroit ? — Oui.

C’est-à-dire… àsa manière, c’est-à-dire avecprudence.

Ila étudié desmilliers derécits, pendant des années.

Ildispose d’uneéquipe dechercheurs quitravaillent pourlui.Ilne s’occupe pasdela… « régression verslesvies antérieures »en hypnotisant desadultes… Iln’y croit pas.

Ilne s’intéresse qu’auxcas où des enfants ontcequ’on appelle la«mémoire spontanée ».Quand ilsse rappellent deschoses.

Deschoses tombées duciel.

Eten dépit detous lesindices qu’ilarassemblés aucours desannées, ilne passe passon temps àaffirmer deschoses qu’ilnepeut pasdémontrer.

Ilreconnaît qu’iln’apas depreuves dela réincarnation.

Cequ’il dit,c’est que,dans nombre decas étudiés parlui,laréincarnation estlameilleure explication qu’ilaittrouvée.

Cellequicolle lemieux.

Ila des indices, maispasdepreuves.

Situvois ceque je veux dire. Tout celamesemblait dupain bénit pourn’importe quelcharlatan, maissiTess leprenait ausérieux, j’étais tout ouïe.

J’avais, sij’ose dire,appris cetteleçon àla dure, aucours desannées. — D’accord.

Etquel estlerapport avecAlex? — Ilsemble qu’ilaitun comportement inhabituel…uncomportement quiinduit laréincarnation. — La mémoire spontanée ? — Oui. — Quoi, parexemple ?Tu veux parler desdessins quetum’as montrés ? — En partie, oui. Elle meregardait fixement, agitantlesmains toutenparlant. — Typiquement, danscegenre decas, lesenfants quiprétendent serappeler unevieantérieure commencent àun très jeune âge,parfois dèsqu’ils savent parler.Ilscommencent àparler dechoses qu’ilsne sont pascensés connaître.

Lesnoms degens qu’ils n’ontjamais rencontrés oud’endroits oùilsne sont jamais. »

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