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Les Sciences Peuvent-elles Nous Eclairer Sur le Bien et le Mal ?

Publié le 27/02/2008

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Mais si les sciences ont le droit de se prononcer sur le bien et le mal, comment pourraient-elles prendre en charge le concept de liberté qui semble à l'origine de toute moralité ? peut-on chercher à rendre compte des valeurs humaines de la même façon que l'on s'attache à rendre compte des phénomènes matériels ? Le bien et le mal ne peuvent-ils en dernière instance être éclairés que par les sciences dites « humaines » ? Quelles sont-elles (quelle est leur méthodologie) et quel éclairage sont-elles susceptibles de porter sur ces valeurs ?     1-      les sciences (empiriques) peuvent nous éclairer sur ce qu'est le bien et le mal   a)      bien et mal = utile et nuisible D'un point de vue strictement empirique, le bien désigne ce qui est digne d'être poursuivi, alors que le mal doit être évité. Dès lors, bien et mal peuvent être mis en relation avec les plaisirs et les peines. Or, les sciences qui étudient la sensibilité peuvent ainsi nous éclairer sur le bien et le mal au sens où ces notions sont concernés par des mouvements naturels, physiques (corporels) d'attraction et de répulsion par lesquels bien et mal apparaissent comme renvoyant à ce qui est utile ou nuisible. Tel est le point de départ des théories anglo-saxonnes du sentiment moral.   b)      bien et mal = mots par lesquels on désigne une approbation fondée sur notre sensibilité naturelle La théorie du sentiment moral consiste à faire de la sensibilité le fondement de la morale. Ainsi je tiens une action ou une norme pour bonne parce que je l'approuve et mon approbation repose sur un sentiment, sur un affect.

« a) Il n'y a ni bien ni mal dans la nature La nature n'obéit à aucun dessein, à aucune fin.

Tel est le présupposé des sciences modernes : physique, biologie et mécaniques se doivent d'étudier l'être sans le référer à des fins, c'est-à-dire sans le rapporter à unequelconque intention.

D'où l'idée que le bien et le mal en sont exclus.

En effet, bien et mal ne sont tels que parrapport à une certaine finalité : le bien désigne le fait pour une chose de parvenir à réaliser son essence, et la mal,l'échec.

Or au regard de la nature considérée comme système de causes et d'effets (et non en termes de moyen envue de fins) bien et mal n'ont aucun sens.

Exemple : une horloge ne fonctionne pas bien, ou la maladie est un mal =abus de langage, « une simple dénomination, laquelle dépend entièrement de ma pensée, qui compare un hommemalade et une horloge mal faite à l'idée que j'ai d'un homme sain et d'une horloge bien faites, et laquelle ne signifierien de la chose dont elle se dit » (Descartes, Méditations métaphysiques, méd.

6 ème ).

Il y a donc une relative inconsistance du bien et du mal, lesquels n'ont de sens que dans ma pensée qui compare l'être au devoir-être. Une telle mise en relation n'existe pas en sciences.

b) bien et mal sont objets de la raison pratique pure Pour Kant, le bien et le mal en tant que concepts de la raison pratique (par distinction d'avec la raison théorique qui a pour but la connaissance des phénomènes), n'appartiennent pas au domaine de l'expérience : la morale repose toute entière sur le postulat de la liberté de la volonté ou capacité qu'a l'homme de se donner ses propres fins = postulat de la raison pratique pure).

Conséquence : il faut renoncer à connaître sur le mode de la connaissance des phénomènes, le bien et le mal. Exemple du menteur : peut-on juger du bien et du mal de ce mensonge en partant de ce que nous disent les sciences ? si l'on considère scientifiquement le menteur : son mensonge était a priori nécessaire (= déterminé pardes causes) et on ne peut le condamner, car pour cela, il faudrait que l'on prouve que son mensonge a été voulu,choisi.

Or, parce que nous jugeons ce mensonge comme immoral, nous présupposons bien que celui-ci n'était pasnécessaire, aurait pu ne pas être, et donc est un acte libre.

Transition : Si les sciences qui ont la nature pour objet ne peuvent nous renseigner sur le bien et le mal, c'est parce que la morale n'est pas affaire de sciences : elle échappe au complexe cause-effet du mécanisme naturel : elle signale,par opposition aux phénomènes naturels, la liberté de l'homme, sa capacité à se donner des fins.

Est-ce alors qu'aucune science ne puisse nous éclairer sur le bien et le mal ? 3- LES SCIENCES PEUVENT NOUS ÉCLAIRER SUR LA GENÈSE DU BIEN ET DU MAL (NON SUR LEUR « ESSENCE ») Parler de bien et de mal, c'est apprécier l'être à l'aune d'un devoir-être, comme s'il existait, au-dessus des faits, un ensemble de normes permettant de demander des comptes à ce qui advient.

Or pour Nietzsche, une telleattitude témoigne d'une certaine faiblesse, lassitude de vivre, exténuation de la volonté de puissance.

En d'autrestermes, éclairer le bien et le mal demande le secours d'un « médecin de la civilisation » qui en diagnostiqueraitl'origine (la maladie qui amène un peuple à stigmatiser telle ou telle action comme bonne ou mauvaise). Les sciences qui mettent en évidence l'innocence du devenir peuvent donc, par contraste, nous éclairer sur le bien et le mal en montrant le type de volonté ou d'attitude par rapport à la vie qui en est à l'origine ; tel est letravail du médecin, du psychologue et de l'historien réunis.. »

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