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Est-il valable de justifier une chose en utilisant la formule: "c'est naturel" ?

Publié le 20/02/2005

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  Mais la nature est hostile.   a) Un problème survient car Aristote croit que sa doctrine permet d'affirmer que la tendance naturelle pousse l'homme à la moralité, prétextant que là est la fonction que la nature a attribué à l'homme. Mais Aristote affirme cela de la nature en se basant sur ce qu'il voit. Or, peut-on affirmer que ce qu'Aristote voit, c'est bien la nature ? Ainsi que l'écrit Hobbes : « si les hommes s'aimaient naturellement, c'est-à-dire, en tant qu'homme, il n'y a aucune raison pourquoi chacun n'aimerait pas le premier venu, comme étant autant homme qu'un autre » (Du citoyen, I, 1) Aristote aurait ainsi confondu des corps politiques et de simples rassemblements, en faisant de manière erronée l'amalgame entre l'organisation humaine et l'instinct animal. Si les abeilles se rassemblent par instinct, il n'en est pas de même chez les hommes, car pour eux, il n'y a pas d'accord spontané, pas de consensus qui ne soit remis en question, mais uniquement le pouvoir d'un gouvernement, toujours instable et critiqué. On ne peut donc considérer que l'homme est un être que la nature pousse à la moralité, car instinctivement, l'accord entre les concitoyens n'a pas lieu : ne constate-t-on pas que chaque homme cherche à prendre le dessus sur son voisin et qu'une concurrence sans relâche existe entre les individus ? b) La réalité semble beaucoup moins sympathique. Reprenant les mots de Plaute, Hobbes nous rappelle que « l'homme est un loup pour l'homme » (Du citoyen, dédicace). A l'état naturel, l'humanité en est réduite à la guerre de tous contre tous et la compétition ainsi que la rivalité pour s'approprier toujours plus de pouvoir sont poussées jusqu'à leur degré le plus extrême.

« question, mais uniquement le pouvoir d'un gouvernement, toujours instable et critiqué.

On ne peut donc considérerque l'homme est un être que la nature pousse à la moralité, car instinctivement, l'accord entre les concitoyens n'apas lieu : ne constate-t-on pas que chaque homme cherche à prendre le dessus sur son voisin et qu'uneconcurrence sans relâche existe entre les individus ?b) La réalité semble beaucoup moins sympathique.

Reprenant les mots de Plaute, Hobbes nous rappelle que« l'homme est un loup pour l'homme » ( Du citoyen , dédicace).

A l'état naturel, l'humanité en est réduite à la guerre de tous contre tous et la compétition ainsi que la rivalité pour s'approprier toujours plus de pouvoir sont pousséesjusqu'à leur degré le plus extrême.

Dès lors, ce n'est pas la concorde qui règne, mais une légitime peur du prochain.c) Il en découle que si ce qui est « naturel » c'est d'agresser ses comparses, si « le penchant à l'agression est uneprédisposition pulsionnelle originelle et autonome de l'homme » comme l'écrit Freud dans Le malaise dans la culture, alors, l'homme a tout intérêt à s'opposer à la nature.

La nature se révèle être le lieu de la loi de la jungle, unpaysage hostile dont on voudrait fuir les rivages escarpés.

Par conséquent, « c'est naturel » devrait être une façonde condamner quelque chose, et non une manière de le justifier.

Lorsqu'un maniaque torture un autre être humain,c'est là qu'on devrait affirmer « c'est naturel », mais cela ne devrait pas dire « cela est bien » mais plutôt « cela estmal ».

Transition : Toutefois, cette définition de la nature est-elle beaucoup plus valable que la précédente ? Tout est naturel.

3. a) Un nouveau problème apparaît en suivant le postulat selon lequel la nature serait mauvaise et brutale : si telétait le cas, d'où viendrait donc l'amour et la compassion ? Faudrait-il affirmer que ce sont là des choses« surnaturelles » ? Y aurait-il un état de nature fait de violence, et un état de culture fait de courtoisie ? Commentpourrions-nous rendre compte rationnellement du passage d'un état à l'autre ?b) Nous ne pouvons en réalité pas en rendre compte rationnellement, parce qu'il n'y a pas de rupture entre l'état denature et l'état de culture, il n'y a qu'une continuité.

La culture est tout simplement quelque chose de naturel.

Ceque l'on a coutume de nommer la « culture » n'est qu'un développement possible des potentialités naturellesprésentes en l'homme.

Il n'y a pas d'opposition entre la nature et la culture, et peut-être même pas de différence.Et il en est ainsi parce qu'il n'y a rien d'autre en notre monde que la « nature ».

La nature, c'est en effet l'ensembledu monde physique et matériel, or, sauf à poser qu'il existe d'autres forces en notre univers, c'est-à-dire des forces« surnaturelles », il faut accepter l'hypothèse selon laquelle il n'existe rien en dehors de la nature.

Il se trouve que laraison nous impose de ne pas accepter les postulats « surnaturels » et qu'on ne peut donc, en philosophie, sortir dela nature.

De la sorte, dire « c'est naturel » revient à dire « cela est ».

Il est donc « naturel » qu'il y ait desbourreaux, des victimes, des héros, des rots, des flatulences, de la pudeur et de l'élégance car nous devonsconstater une chose : il y en a effectivement, et comme la nature contient tout, ces choses-là sont « naturelles.

»c) Cela implique également que la « nature » ne permet pas de poser quelque valeur morale que ce soit.

En effet, onne peut pas justifier une chose juste parce qu'elle « est », car sinon, tout serait justifié du simple fait qu'il existe.L'idée selon laquelle la nature serait bonne en tant que telle constitue ce que G.E.

Moore appelle le « sophismenaturaliste ».

Hume en avait déjà exposé la supercherie, expliquant que l'on a pas le droit de passer de propositions qui portent sur ce qui est à des propositions qui disent ce qui doit être. C'est dans le tome 2 du Traité de la nature humaine , que Hume rédige cette loi, écrivant : « Dans tous les systèmes de morale que j'ai rencontrés jusqu'ici, j'ai toujours remarqué que l'auteur procède quelque temps selon la manièreordinaire de raisonner, qu'il établit l'existence de Dieu ou qu'il fait desremarques sur la condition humaine ; puis tout à coup j'ai la surprise detrouver qu'au lieu des copules est ou n'est pas habituelles dans les propositions, je ne rencontre que des propositions où la liaison est établie pardoit ou ne doit pas .

Ce changement est imperceptible ; mais il est pourtant de la plus haute importance.

En effet, comme ce doit ou ce ne doit pas expriment une nouvelle relation et une nouvelle affirmation, il est nécessaireque celles-ci soient expliquées : et qu'en même temps on rende raison de cequi paraît tout à fait inconcevable, comment cette nouvelle relation peut sedéduire d'autres relations qui en sont entièrement différentes.

» Il en découleque la morale ne peut s'appuyer sur la « nature » pour établir ses valeurs.

Conclusion : Dans une première partie, nous avons exposé la doctrine selon laquellel'homme devrait vivre en accord avec la nature.

Nous avons ensuite montrédans une deuxième partie que cette doctrine était absurde si l'on posait quela nature était hostile et violente.

Cela nous a amené à démontrer dans unetroisième partie que ce que nous appelons la « nature » consiste en fait en latotalité de ce qui est, et que l'on ne peut dire ce qui doit être en fonction dece qui est effectivement.. »

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