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L'imagination est-elle le refuge de la liberté ?

Publié le 12/01/2004

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En fait, il convient de préciser ce que l'on entend par «image». Si «image» signifie une représentation mentale constituant une répétition plus ou moins affaiblie d'une sensation, ou plus exactement d'une perception, c'est-à-dire une reproduction de la réalité, alors l'imagination vraie ne forme pas d'images. Mais si « image » signifie une représentation construite, une combinaison nouvelle des données de la perception qui ne reproduit pas mais réinvente la réalité, alors l'imagination forme des images, des « images imaginées » (cf. La Terre et les rêveries du repos, p. 3). L'imagination « est la faculté de former des images qui dépassent la réalité, qui chantent la réalité » (L'Eau et les rêves, p. 23). b) Une libre création L'imagination va donc «déformer» les images copies du réel fournies par la perception. Elle altérera une image en la fragmentant et en réassemblant ces fragments de manière originale ; en modifiant le rapport de ses parties, grossissant l'une, diminuant l'autre; en lui ajoutant des éléments étrangers, etc. Elle va également procéder à des substitutions d'images; à des associations d'images, chaque image en appelant d'autres, «déterminant une prodigalité d'images aberrantes» qui constituent son «auréole imaginaire».


« dépassement vers une conscience imageante, qui elle-même autorise et fonde la conscience réalisante.

«Il nesaurait y avoir de conscience réalisante sans conscience imageante et réciproquement» (id., p.

361).

C'est la raisonpour laquelle l'imagination est «une condition essentielle et transcendantale de la conscience.

Il est aussi absurdede concevoir une conscience qui n'imaginerait pas que de concevoir une conscience qui ne pourrait effectuer lecogito » (id.). d) TransitionOn peut cependant se demander s'il existe pas une autre forme d'imagination qui dépasserait cette simple faculté deformer des images, et ouvrirait sur un «irréel» qui serait davantage qu'une simple négation de la réalité perçue, et leroyaume d'une liberté plus créatrice.

En d'autres termes, l'objet de l'imagination n'est-il un irréel que par rapport à laperception actuelle, ou son irréalité est-elle radicale? Le monde de l'imaginaire ne possède-t-il pas une complèteautonomie à l'égard de celui de la perception? 2) Bachelard : l'imagination fonction de l'irréel a) L'imagination nous libère des images de la réalité• « On veut toujours, observe Bachelard, que l'imagination soit la faculté deformer des images.

Or elle est plutôt la faculté de déformer les imagesfournies par la perception, elle est surtout la faculté de nous libérer desimages premières, de changer les images.

S'il n'y a pas changement d'images,union inattendue des images, il n'y a pas imagination, il n'y a pas d'actionimaginante» (L'Air et les songes, p.

7).• Les instance qui fournissent les images, ce sont la perception et la mémoire.En fait, il convient de préciser ce que l'on entend par «image».

Si «image»signifie une représentation mentale constituant une répétition plus ou moinsaffaiblie d'une sensation, ou plus exactement d'une perception, c'est-à-direune reproduction de la réalité, alors l'imagination vraie ne forme pas d'images.Mais si« image » signifie une représentation construite, une combinaison nouvelledes données de la perception qui ne reproduit pas mais réinvente la réalité,alors l'imagination forme des images, des « images imaginées » (cf.

La Terreet les rêveries du repos, p.

3).

L'imagination « est la faculté de former desimages qui dépassent la réalité, qui chantent la réalité » (L'Eau et les rêves,p.

23). b) Une libre créationL'imagination va donc «déformer» les images copies du réel fournies par la perception.

Elle altérera une image en lafragmentant et en réassemblant ces fragments de manière originale ; en modifiant le rapport de ses parties,grossissant l'une, diminuant l'autre; en lui ajoutant des éléments étrangers, etc.

Elle va également procéder à dessubstitutions d'images; à des associations d'images, chaque image en appelant d'autres, «déterminant uneprodigalité d'images aberrantes» qui constituent son «auréole imaginaire».

Mais cela ne signifie pas que «cettelibération des images premières», à laquelle nous invite cette faculté d'imagination qui «spécifie le psychismehumain5, qui est même «une faculté de surhumanité » (id., p.

23), ne réponde à aucune loi : même le jaillissement leplus inattendu d'images, le plus débridé et le plus irrationnel, obéit à une certaine logique, fût-elle ténue, qui estspécifique à l'imaginaire. c) L'expérience de l'ouvertureAinsi l'imagination n'est pas une faculté passive, comme la perception.

Elle est une puissance foncièrementdynamique et organisatrice qui travaille à déréaliser le réel atteint dans la perception en le déstructurant pouropérer une structuration nouvelle, en sorte que dans l'imagination l'univers tout entier n'est plus donné au sujet,mais librement produit par lui.

« L'imagination invente plus que des choses et des drames, elle invente de la vienouvelle, elle invente de l'esprit nouveau, elle ouvre des yeux qui ont des types nouveaux de vision » (id., p.

24).

Encela l'imagination, qui est la fonction de l'irréel ou du surréel, est « l'expérience même de l'ouverture, l'expériencemême de la nouveauté», tandis que « la fonction du réel est une fonction d'arrêt, une fonction d'inhibition qui réduitles images de manière à leur donner une simple valeur de signe » (La Terre et les rêveries du repos, p.

22). conclusion Imaginer, comme l'a bien montré Sartre, c'est nier ou «néantiser» le réel, c'est s'échapper hors du monde, del'existant, et par là c'est réaliser sa liberté.

Mais imaginer ce n'est pas simplement s'évader de la réalité en la niant,c'est construire un monde spécifique, celui de l'imaginaire, qui ne se conforme, ainsi que l'a souligné Bachelard, enrien au réel, mais se tient dans un écart absolu avec lui.

L'imagination est donc bien le refuge de la liberté.. »

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