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Les faits parlent-ils d'eux-mêmes ?

Publié le 21/03/2005

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En fait la vérité scientifique est une prédiction, mieux une prédication. Nous appelons les esprits à la convergence en annonçant la nouvelle scientifique, en transmettant du même coup une pensée et une expérience, liant la pensée à l'expérience dans une vérification: le monde scientifique est donc notre vérification. Au-dessus du sujet, au delà de l'objet immédiat la science moderne se fonde sur le projet. Dans la pensée scientifique la méditation de l'objet par le sujet prend toujours la forme du projet.       [...] Déjà l'observation a besoin d'un corps de précautions qui conduisent à réfléchir avant de regarder, qui réforment du moins la première vision de sorte que ce n'est jamais la première observation qui est la bonne. L'observation scientifique est toujours une observation polémique; elle confirme ou infirme une thèse antérieure.     Naturellement dès qu'on passe de l'observation à l'expérimentation, le caractère polémique de la connaissance devient plus net encore. Alors il faut que le phénomène soit trié, filtré, épuré, coulé dans le moule des instruments... Or les instruments ne sont que des théories matérialisées.

« Les faits sont indubitablesParler de fait, c'est parler d'une donnée objective de l'expérience.

Ou ilpleut, ou il ne pleut pas.

Seul celui qui a perdu la raison peut croire qu'ilfait jour alors que le soleil s'est depuis longtemps couché.

Quel moyenaurions-nous de croire que ce que nous pensons est vrai si les faitsn'étaient pas là pour corriger nos erreurs d'analyse et de jugement?L'empirisme affirme qu'il n'y a rien dans l'entendement qui n'ait étéauparavant dans les sens, cad que l'expérience est la source de toutesnos connaissances.

Toutes nos idées ne sont jamais, comme dit Hume,que des « copies de nos impressions sensibles ».

Non seulementl'expérience est la source de nos idées mais encore elle expliquel'association de ces idées entre elles, cad le fonctionnement de notreesprit.

Qu'il s'agisse d'association par ressemblance (deux idéess'appellent l'une l'autre quand leurs objets ont été donnés denombreuses fois soit l'un à côté de l'autre, soit l'un après l'autre).

C'esttoujours dans des expériences antérieures et répétées que se trouve laraison de ces associations. Les faits sont réelsIntellectuellement, je peux douter de tout.

Mais comme le faitremarquer Diderot dans ses Pensées philosophiques, il suffit de quelquesbons coups de bâton pour convaincre l'irréductible sceptique qu'il a un corps, que la douleur physique n'est pas une simple vue de l'esprit, qu'il y a une différence entre un coup defouet et la caresse d'une plume. [Les faits, par eux-mêmes, sont des phénomènes muets.

C'est l'intelligence humaine qui, en les questionnant, en les mettant en relation les uns avec les autres, parvient à en extraire des éléments de connaissance.] Le fait est un fait sans causeToute connaissance constitue un ensemble de données logiquement organisées.

Aussi, connaître n'est pasconstater.

Je constate que la terre tremble.

Le géologue, se référant à la tectonique, expliquera la cause dece phénomène.

Cette cause est extérieure au fait lui-même.

Il ne livre jamais, en se produisant, les élémentsqui le rendent intelligible. Dans son « Introduction à l'étude de la médecine expérimentale » (1865), Claude Bernard caractérise la démarche expérimentale comme un processus qui comporte trois moments : § L'observation .

Le savant constate purement et simplement le phénomène qu'il a sous les yeux.

Il doit observer sans idée préconçue, en évitant toute erreur, en faisant usage des instruments quipourront l'aider à rendre son observation plus complète.

Photographe passif des phénomènes,l'observateur « écoute la nature et écrit sous sa dictée ». § L'interprétation ou hypothèse .

Le fait constaté et le phénomène bien observé appellent l'idée. § L'expérimentation .

Le savant institue une expérience qui puisse confirmer ou infirmer l'hypothèse. L'expérience n'est qu'une « observation provoquée ou préméditée dans le but de vérifier la validité d'une hypothèse ». Claude Bernard montre bien que, sans hypothèse, il n'existe pas de méthode expérimentale.

Une idée anticipée est le point de départ de tout raisonnement expérimental.

Sans cela, le savant ne pourraitqu'accumuler des observations stériles.

Mais d'un autre côté, Bernard affirme que l'observateur doit, sous peine de prendre les conceptions de son esprit pour la réalité, éviter toute idée préconçue etenregistrer passivement les phénomènes.

Le développement des sciences expérimentales amèneraBachelard à s'opposer à cette idée de passivité de l'observateur.. »

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