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Au nom de quoi peut-on reprocher a autrui d'être égoïste ?

Publié le 13/08/2005

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)   - Ce n'est donc pas au nom d'une éthique immanente à la société humaine (l' « honnêteté ») que Pascal va condamner l'égoïsme, à l'égard d'autrui et envers soi-même, mais au nom de la religion. Selon lui, seule la grâce et la charité peuvent rendre « l'homme aimable et heureux tout ensemble » (§ 680, « Le discours de la machine »), tandis que l'honnêteté ne le rendrait aimable que superficiellement, conservant intact la corruption de sa nature. Deuxième partie   - La condamnation pascalienne de l'égoïsme, qui vise autant le sien propre que celui d'autrui, se fait donc au nom de la foi. L'égoïsme apparaît comme une donnée irréductible de la nature humaine : l'honnêteté, c'est-à-dire les comportements vertueux et altruistes, ne feront que le « couvrir » et le dissimuler. Au fond, c'est aussi au nom du bonheur que Pascal critique l'éthique immanente de l'honnêteté : rien ne sert de chercher son bonheur en « cultivant son propre jardin », comme le fait le Candide de Voltaire, car il n'y a pas de bonheur individuel : celui-ci ne saurait être qu'universel (fin du §181, liasse « le souverain bien » ; cf. aussi §519 et 26).   - Au-delà - ou en-deça - de l'aspect théologique de la pensée de Pascal, celui-ci nous invite à réfléchir, sur le plan philosophique, sur ce qui lie inextricablement le bonheur et la justice. Or, l'égoïste, c'est précisément celui qui cherche à faire son propre bonheur en demeurant indifférent à l'injustice de notre monde (par opposition à L'homme révolté de Camus). Plutôt que de lui reprocher son immoralité (critique à laquelle on s'expose soi-même), c'est donc sur le plan politique et rationnel que l'on montrera l'incohérence de l'égoïste. Si l'égoïsme peut être dit « rationnel » (Hobbes, utilitarisme...) il se révèle incohérent dès lors que l'individu n'étend pas son intérêt propre à celui d'autrui (cf.

Si l’égoïsme est spontanément condamné en tant que comportement immoral consistant à préférer son bien propre à celui d’autrui, qu’est-ce qui fonde ou justifie une telle condamnation ? Un tel reproche n’est pas légitime en soi : s’il est habituel, l’égoïsme semble aussi être la chose la plus partagée au monde. Ne caractérise-t-il pas le comportement généralisé de l’espèce humaine, chacun préférant son propre intérêt à celui d’autrui ? Dès lors, reprocher à autrui d’être égoïste, n’est-ce pas s’exposer soi-même à être démasqué en tant qu’être égoïste ? Le cas échéant, comment alors justifier une telle condamnation ?

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