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Comment définir le rapport entre technique et politique ?

Publié le 17/08/2005

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technique
). Si Max Weber souligne ainsi les processus de rationalisation à l'oeuvre dans la Modernité, ainsi que l'utilité des appareils bureaucratiques et de la constitution d'une classe de fonctionnaires loyaux et efficaces, réduire la politique à cette « machine », sans disposer de véritables politiques étant animés d'une passion pour une « cause » (ce qu'il appelle la « vocation » de politique), conduit nécessairement au règne de la médiocrité et du cynisme (Le Savant et la politique, La Découverte, 2003, pp.180-185).   - Si une part du politique semble pouvoir être « rationalisée », conduisant à un usage et à une puissance accrue de la technique, on ne peut raisonnablement croire que la politique sera, à l'avenir, absorbée par la technique (comme le croyait par exemple Engels prophétisant l'euthanasie de l'Etat : « Le gouvernement des personnes fait place à l'administration des choses et à la direction des opérations de production. L'Etat n'est pas « aboli ». Il s'éteint. » in Anti-Dühring (1877), Ed. Sociales, 1972, p.318). En effet, la politique, au contraire de la technique, ne prétend pas être « neutre » : les questions politiques comportent des dimensions affectives et morales qui échappent à tout règlement technique.

La politique fait-elle l’objet d’une technique ? Relève-t-elle d’une sorte de savoir-faire ou d’une teknè qui pourrait s’enseigner ? L’expression « sciences politiques « tendrait à nous le faire accroire. Mais ne peut-on faire valoir, au contraire, que la politique est incommensurable à la technique ? En effet, affirmer que la politique n’est qu’un savoir-faire parmi d’autres, n’est-ce pas courir le risque d’assujettir celle-ci à la technique et, par conséquent, de dissoudre toute politique possible dans un écheveau de considérations techniques ?

technique

« voire homogène, à son milieu d'origine, il est a fortiori réglé de bout en bout par l'instinct et doncn'est capable d'aucun progrès, puisque qu'il est naturellement parfait (dans la tâche que la naturelui a assignée).

Régi donc par l'instinct, l'animal n'est pas capable de liberté, c'est-à-dire n'est pascapable de perfectibilité (puisqu'il agit déjà de manière parfaitement réglée). · A l'inverse, l'homme, qui n'a rien, et n'est rien de manière originaire, doit se construire par ses seules forces, et doit a fortiori trouver les moyens pour survivre et, au-delà, pour s'adapter etmaîtriser la nature. · La perfectibilité propre à l'homme est donc tout est fait figurative d'une liberté, elle-même propre à l'homme.

Cette liberté est le signe paradoxal que ce manque originaire ne doit pas êtrecompris négativement : bien au contraire, puisqu'il est condition de possibilité de touteperfectibilité et que donc il ne peut avoir que des conséquences positives. · Or, c'est cette liberté qui est la condition de tout progrès, encore une fois propre humain, c'est-à-dire fait par l'homme sur lui-même et sur la nature : d'ailleurs l'histoire n'estcompréhensible que dans cette perspective de liberté humaine : l'homme étant à la fois l'auteur etl'œuvre de sa propre perfectibilité tout à fait indéfinie.

L'histoire est, de ce point de vue, le témoinde cette perfectibilité humaine et a fortiori de cette liberté propre à l'homme. - Dès lors, la politique se distingue de la technique.

Si elle est savoir, il s'agit d'un savoir général, celui du Bien.

Ellese caractérise en effet par la recherche de l'intérêt général, donc du bien de la polis (cité).

Aussi, si la politique est liée à la morale, elle se distingue de toute compétence technique particulière : elle ne vise pas la survie, mais au« bien vivre ».

Platon fonde ainsi sa conception des « rois-philosophes » (cf.

La République , V, 473a-474a). - Les techniques déterminées doivent donc être subordonnées à la politique, qui vise non pas un bien particulier,mais celui de la cité (Platon).

Mais cette approche n'est-elle pas dépassée par les progrès de la science moderne etdes techniques ? La politique ne fait-elle pas désormais l'objet de techniques particulières (sondages,« statistique », démographie, économie, sociologie, « sciences politiques », etc.), qui aboutissent au renversementde la hiérarchie entre technique et politique, ou encore entre travail, œuvre et action (telle que décrite par HannahArendt dans La Condition de l'homme moderne ) ? N'assiste-t-on pas là, comme ailleurs, à l'essor de la technique et à sa prédominance sur toutes les activités sociales ? Deuxième partie - Plus encore : les enjeux techniques eux-mêmes ne prédominent-ils pas désormais sur les questions politiques ? Leremplacement des vieilles élites nourries à l'humanisme des Lumières par les ingénieurs et les énarques, ladévalorisation des humanités au profit de « sciences » plus « utiles », telles que l'économie, ne vérifient-ils pas lesprophéties d'Auguste Comte (« âge du positivisme ») ? - Nonobstant le caractère utile des techniques modernes, assujettir la politique au règne positiviste des« technocrates » apparaît soit comme un leurre vérifiant plutôt les prophéties de Nietzsche au sujet du nihilismemenaçant les sociétés industrielles, soit comme un voile idéologique visant à masquer la neutralisation du débat politique par l'argument d'autorité, hier fourni par l'Eglise, aujourd'hui par la Science (cf.

Isabelle Stengers, Sciences et pouvoirs , La Découverte, 2002).

Les enjeux politiques ne sauraient en effet être tranchés par de simples considérations techniques, d'autant plus que les questions ayant trait à la technique relèvent elles-mêmes deconsidérations politiques (pourquoi favoriser telle ou telle technique ?).

Si Max Weber souligne ainsi les processus derationalisation à l'œuvre dans la Modernité, ainsi que l'utilité des appareils bureaucratiques et de la constitutiond'une classe de fonctionnaires loyaux et efficaces, réduire la politique à cette « machine », sans disposer devéritables politiques étant animés d'une passion pour une « cause » (ce qu'il appelle la « vocation » de politique),conduit nécessairement au règne de la médiocrité et du cynisme ( Le Savant et la politique, La Découverte, 2003, pp.180-185).

- Si une part du politique semble pouvoir être « rationalisée », conduisant à un usage et à une puissance accrue dela technique, on ne peut raisonnablement croire que la politique sera, à l'avenir, absorbée par la technique (commele croyait par exemple Engels prophétisant l'euthanasie de l'Etat : « Le gouvernement des personnes fait place à l'administration des choses et à la direction des opérations de production.

L'Etat n'est pas « aboli ».

Il s'éteint. » in Anti-Dühring (1877), Ed.

Sociales, 1972, p.318).

En effet, la politique, au contraire de la technique, ne prétend pas être « neutre » : les questions politiques comportent des dimensions affectives et morales qui échappent à toutrèglement technique.

Exemple : la construction d'un barrage ne relève pas que de considérations techniques.

Certes, l'ingénieur sait leconstruire, mais quid des effets à court ou long terme sur la vallée, comment convaincre les populations d'évacuer leurs maisons, etc.

? Le politique arbitre ici entre ces différents intérêts, entre ces savoirs et ces techniques parfoisantagonistes (savoir-faire de l'ingénieur, prédictions sur les effets sur l'environnement ou le tourisme, conséquencespsycho-sociales sur la population locale, pouvant elles-mêmes mener à un malaise minant durablement l'économie dela vallée, qu'on voulait précisément développer par le barrage…).

Conclusion. »

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