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En quel sens peut-on dire que l'historien "fait" l'histoire ?

Publié le 28/08/2005

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histoire
prié de rendre compte passivement des faits. Au fond, l'historien est nécessaire à l'histoire (il faut bien quelqu'un pour dépouiller les documents). mais l'irruption de sa subjectivité est un risque permanent pour la valeur de son travail Pour obtenir la suite de ce devoir CITATIONS: « On peut envisager l'histoire de l'espèce humaine en gros comme la réalisation d'un plan caché de la nature pour produire une constitution politique parfaite sur le plan intérieur, et, en fonction de ce but à atteindre, également parfaite sur le plan extérieur. » Kant, Idée d'une histoire universelle, 1784. « Une philosophie de l'histoire suppose (...) que l'histoire humaine n'est pas une simple somme de faits juxtaposés (...), mais qu'elle est dans l'instant et dans la succession une totalité, en mouvement vers un état privilégié qui donne le sens à l'ensemble. » Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, 1945. « C'est leur bien propre que peuples et individus cherchent et obtiennent dans leur agissante vitalité, mais en même temps ils sont les moyens et les instruments d'une chose plus élevée, plus vaste, qu'ils ignorent et accomplissent inconsciemment. » Hegel, La Raison dans l'histoire, 1837 (posth.
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« Marron définit l'histoire : « connaissance du passé humain », en insistant spécialement sur le premier terme;connaissance et non narration, ou récit.

Connaître, pour l'historien, c'est « s'élever au-dessus de la poussière despetits faits, de ces molécules dont l'agitation en désordre a constitué le présent pour y substituer une visionordonnée, qui dégage des lignes générales, des orientations susceptibles d'être comprises ».

Il faut le direnettement, l'histoire « objective ».

« pure » , comme collection de faits bruts n'attendant que leur narrateur fidèle,une telle histoire n'existe pas, elle n'est, à proprement parler, rien du tout.

Il n'y a d'histoire que rationnelle, que s'ily a reprise rationnelle et donc active du passé par l'historien.

N'ayons donc pas peur d'affirmer que l'historien faitl'histoire; Marron qualifie même son effort de créateur, mot qui ne manque pas de force pour celui qui était censé secontenter de "rendre compte".L'histoire ne présenterait aucun intérêt si elle ne nous permettait pas de comprendre, c'est-à-dire de nousapproprier le passé (dans comprendre, il y a prendre).

Sans l'historien, c'est-à-dire avant son intervention, le passén'est qu' "un vague fantôme, sans forme ni consistance" ; autant dire qu'il n'est rien.

Le travail de l'historien faitproprement exister le passé, en lui donnant forme.

Donner forme au passé, c'est l'intégrer dans une perspectivepossible de l'homme présent, dans un ensemble de processus, de lois.

Tout historien sait assez qu'un fait, par lui-même, n'est rien encore; le fait ne deviendra événement que relié aux causes qui permettent de l'expliquer, auxconséquences qui lui donnent un sens.

Il y a bien là travail, activité, création de l'historien.Supposons un instant que l'on veuille réduire l'histoire à la simple récapitulation des faits.

Marron évoque cethistorien (Langlois) qui, à la fin de sa carrière, n'osait plus livrer au public autre chose que des montages de textes ;il fait remarquer que le choix même des textes fait largement intervenir la subjectivité de l'historien, « avec sesorientations, ses préjugés, ses limites".

Il en va exactement de même pour les faits.

Qu'est-ce qu'un fait historique ?Qu'est-ce qui mérite le nom de fait ? Une bataille, un traité, un coup d'État sont des faits ; mais les nouvellestendances de la science historique (par exemple l' « École historique française" ) ont pris en compte d'autresniveaux de faits, concernant par exemple la vie quotidienne.

Il est donc clair qu'il ne saurait y avoir de connaissance historique sans une intervention active de l'historien surles données matérielles (documents) dont il dispose.

L'enregistrement passif de faits, qu'on croit observer et qu'onsélectionne à son insu, n'a jamais suffi à constituer une science ; Bachelard l'a assez rappelé pour ce qui concerneles sciences physiques.

Pourquoi l'histoire ferait-elle exception ?Bien sûr, il serait insensé de dire que l'historien crée de toutes pièces l'objet de son investigation.

Il trouve -ilvaudrait mieux dire qu'il cherche- des documents qui sont la trace d'un passé irrévocablement figé.

Sur l' "histoireobjective", l'historien n'a aucune prise, mais la connaissance du passé est tout entière son oeuvre.Il faudrait ajouter, concernant ce que Marron appelle la mission sociale de l'histoire que l'historien, les historiens fontlittéralement exister le passé d'un peuple ou d'une nation, pour ce peuple ou cette nation.

Une humanité sanshistoriens serait une humanité sans mémoire, une humanité sans passé.

Même s'il est douteux qu'on tire des leçonsde l'histoire, il est probable qu'une telle situation serait politiquement dangereuse. CITATIONS: « On peut envisager l'histoire de l'espèce humaine en gros comme la réalisation d'un plan caché de la nature pourproduire une constitution politique parfaite sur le plan intérieur, et, en fonction de ce but à atteindre, égalementparfaite sur le plan extérieur.

» Kant, Idée d'une histoire universelle, 1784. « Une philosophie de l'histoire suppose (...) que l'histoire humaine n'est pas une simple somme de faits juxtaposés(...), mais qu'elle est dans l'instant et dans la succession une totalité, en mouvement vers un état privilégié quidonne le sens à l'ensemble.

» Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception, 1945. « C'est leur bien propre que peuples et individus cherchent et obtiennent dans leur agissante vitalité, mais enmême temps ils sont les moyens et les instruments d'une chose plus élevée, plus vaste, qu'ils ignorent etaccomplissent inconsciemment.

» Hegel, La Raison dans l'histoire, 1837 (posth.) « La fin de l'histoire n'est pas une valeur d'exemple et de perfectionnement.

Elle est un principe d'arbitraire et deterreur.

» Camus, L'Homme révolté, 1951. « Le moulin à bras vous donnera la société avec le suzerain ; le moulin à vapeur, la société avec le capitalismeindustriel.

» Marx, Misère de la philosophie, 1847. Pour Marx, ce sont les processus économiques à l'oeuvre dans une société – et, au premier chef, les moyens deproduction dont elle dispose – qui déterminent son évolution historique. « A quoi bon se demander si l'histoire est faite par les hommes ou par les choses, puisque de toute évidence lesinitiatives humaines n'annulent pas le poids des choses et que "la force des choses" opère toujours à travers deshommes? » Merleau-Ponty, Signes, 1960. « La Raison gouverne le monde et par conséquent gouverne et a gouverné l'histoire universelle.

» Hegel, La Raison dans l'histoire, 1837 (posth.). »

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