Devoir de Philosophie

Le devoir d'oubli n'est-il pas plus nécessaire que le devoir de mémoire ?

Publié le 28/10/2005

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DEVOIR (lat. debere, tenir qqch de qqn, être débiteur)

Gén. Le verbe devoir est bien équivoque puisqu'il exprime aussi bien la probabilité (il doit pleuvoir), la nécessité (je dois mourir), que l'obligation (je dois payer mes impôts). Mor. Le devoir est l'obligation morale qu'il faut distinguer de l'obligation simplement sociale. Ainsi, toute obligation n'est pas un devoir moral. Les obligations sociales peuvent varier d'un individu à l'autre selon la place que chacun occupe. En revanche, un commandement est moral dès lors qu'il énonce ce que tout homme, quelles que soient ses particularités, doit faire. Ainsi, pour Kant le devoir est un impératif catégorique. On obéit au devoir sans être déterminé par d'autres motifs que le respect de la loi qui commande à chacun ce qu'elle commande à tous. L'acte moral est donc toujours libre dans la mesure où il ne procède que de la volonté désintéressée de bien faire, ou bonne volonté. On comprend alors comment obligation morale et nécessité s'opposent : chacun peut toujours ne pas s'obliger.

MÉMOIRE (lat. memoria, mémoire, souvenir)

Gén. Conscience présente d'une Expérience passée. Phi. Pour qu'il y ait souvenir de quelque chose, il faut qu'une chose ait été d'abord perçue dans le passé de sorte que cette perception se soit conservée sans s'effacer sous la forme d'une trace mnésique. Toutefois, il ne suffit pas que cette trace soit réactivée pour qu'il y ait souvenir; il faut encore que l'âme ne prenne pas cette réactivation pour une première impression ou perception neuve, mais reconnaisse dans l'impression présente le souvenir d'une impression passée. Descartes distingue ainsi la réminiscence, comme souvenir d'une perception ancienne non reconnue comme telle et que la conscience prend pour une création originale, de la mémoire, comme conscience réfléchie du souvenir. Cette distinction recoupe celle de la conscience spontanée et de la conscience réfléchie.

NÉCESSAIRE (lat. necessarius, inévitable)

Gén. Qui ne peut pas ne pas être, ou ne peut être autrement qu'il n'est. D'où : qu'on ne peut concevoir comme n'étant pas, ou qu'on ne peut pas concevoir autrement. Opp. à contingent. Crit. Syn. d'apodictique. Kant appelle vérités nécessaires les propositions dont les contradictoires impliquent toujours contradiction, ou sont connues comme fausses a priori . Par ex., « le tout est plus grand que la partie ».

 

Le devoir est le caractère de ce qui doit être, l’obligation morale qui prend la forme d’un commandement ou l’impératif auquel on obéit par respect pour cette loi morale. La définition kantienne du devoir peut nous aider à approcher le sujet : il existe d’après Kant des impératifs hypothétiques et des impératifs catégoriques. Les premiers sont des commandements qui obéissent à une finalité : ils prescrivent  un comportement parce qu’il est conforme à une fin recherchée (il prend la forme « si tu veux X, alors tu dois Y «). Les seconds, eux, n’obéissent  à aucune condition : ils sont une pure obligation, un « tu dois « impératif qui ne souffre aucune prise en compte des circonstances et qui s’applique automatiquement. Qu’entendons-nous par devoir d’oubli ? Par devoir d’oubli nous entendons une obligation d’ordre moral de cesser de nous souvenir du passé. Le devoir d’oubli est cette injonction qui nous est faite, sur l’origine de laquelle nous aurons à nous interroger, qui consiste à nous imposer le silence et jusqu’à la disparition du souvenir de ce que nous avons vu, connu, ou de ce dont on nous a parlé. En revanche, le devoir de mémoire représente une nécessité morale, redoublée par une injonction sociale, de nous souvenir du passé et plus précisément des évènements tragiques qui ont émaillés celui-ci. Un tel devoir est sous tendu par une pensée de l’Histoire bien exprimée par cette phrase de Brecht : « L’homme est condamné à revivre ce qu’il a oublié «. C’est donc parce que nous croyons en la possibilité d’une réitération des évènements historiques au cours du temps, ainsi qu’en la possibilité d’une éducation de l’homme suffisante pour éviter leur néfaste reproduction, que nous croyons en l’existence d’un devoir de mémoire.

 

« Interrogez-vous sur l'essence de l'oubli et sur la nature du souvenir.

Qu'est-ce qui les sépare, qu'est-ce qu'ils ont encommun? En quoi l'un serait plus facile à réaliser que l'autre ? En fait, tout dépend du contenu de ce que nous avonsà oublier ou à nous souvenir ainsi que de ce que l'objet de l'oubli ou du souvenir évoque pour nous.

Nous oublionsdes choses et nous nous souvenons d'autres choses de manière presque mécanique...

Il y a à la fois une nécessitédu souvenir et une nécessité de l'oubli.

Ainsi le devoir de mémoire n'est pas le seul devoir qui nous lie au passé.

Sinous ne pouvions pas oublier, nous aurions une sorte de mémoire intégrale qui nous empêcherait d'agir.

Mais acontrario si nous devions tout oublier, nous serions également comme paralysés et nous vivrions dans une sorte deprésent perpétuel, vide de toute conscience (un peu comme les animaux qui n'ont pas de souvenir au sens humaindu terme).

La question est donc de savoir à quelle condition l'oubli ne nous éloigne pas de notre responsabilité, celled'entretenir avec le passé une relation qui puisse éclairer notre présente et nous guider vers l'avenir.

Peut-on parexemple faire l'apologie de ce devoir d'oubli qui porterait sur les atrocités des guerres passées ainsi que le sacrificede ceux qui se sont battus pour la liberté ? Dans tous les cas, il faut donc plutôt parler d'un travail d'oubli, travailsélectif et éclairé, plutôt que d'un devoir d'oubli car la notion de devoir est sans doute trop systématique.. »

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