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Peut-on choisir son destin ?

Publié le 10/12/2005

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6-     Existentialisme : Pouvoir de décision coextensif à la conscience. Sartre, l'Etre et le Néant, 4e partie, ch. 1.   ® Destin = Du latin destinare qui signifie « fixer, destiner, décider ». Il s'agit d'une puissance dirigeant le cours des choses et de la vie. Il est alors synonyme de fatum. Le destin désigne aussi la vie individuelle de l'homme en tant que la succession des événements semble y exprimer la cohérence d'un sens, et une forme de nécessité (décret divin, histoire, détermination génético-biologique, mais aussi « choix existentiel » d'une liberté en situation). -         Hegel, Phénoménologie de l'Esprit. -         Hegel, Esthétique. -         Sartre, L'Etre et le Néant.
  • Angles d’analyse

® La question peut sembler paradoxale : comment choisir son destin puisque le destin est cette figure à travers laquelle des forces mystérieuses et souvent divines ont déjà programmé la destinée de chacun dont la vie est entière écrite. ® L’enjeu du sujet réside donc clairement dans la tentative de redéfinitions précises et rigoureuses des notions à la fois de choix, de destin mais aussi a fortiori de liberté. Puisqu’au fond, l’enjeu majeur du sujet réside dans l’opposition entre liberté et nécessité (mais nécessité finale, c’est-à-dire destinée). ® Il s’agit donc de comprendre les rapports essentiels qu’entretiennent choix de vie, c’est-à-dire liberté existentielle et fondamentale que l’on attribue généralement à l’homme, et destin, c’est-à-dire encore nécessité, prédétermination absolue. Une pensée dialectique des deux notions sera donc nécessairement à envisager si l’on veut pouvoir dépasser l’apparence paradoxale que revêt le sujet. ® L’enjeu ici au fond c’est de se demander à la fois si l’on peut légitimement et comment concilier liberté et destin.

  • Problématique

              La notion de choix et de destin sont-ils nécessairement contradictoire ou peut-on, par un effort de penser dialectique, comprendre comment concilier l’acte fondamental par lequel un homme se choisit tel qu’il se projette et la notion de destin, c’est-à-dire encore non seulement de détermination mais plus fondamentalement encore de prédétermination ? Ce qui est en jeu au fond ici c’est l’effectivité du choix de l’existence que l’on attribue à l’homme, c’est-à-dire encore son degré de liberté. Poser le destin, est-ce nier la liberté existentielle de l’homme ? Puis-je être à la fois l’auteur et l’acteur de mon destin ?

« semble en effet que le destin programme une certaine fatalité contre laquelle la liberté humainevient se briser nécessairement, parce que les puissances qu'elle affronte lui sont de loinsupérieures. · Prenons ainsi l'exemple des grandes tragédies grecques : celle d'Œdipe par exemple.

Pour unefaute commise par son père, Œdipe, et toute sa descendance, est amené à payer la fautepaternelle à travers un destin tragique.

Le destin d'Œdipe devant le conduire à tuer son père et àépouser sa mère, celui-ci chercha à s'enfuir pour éviter q'une telle programmation fatale se réalise.Et pourtant, c'est en voulant fuir qu'Œdipe tua son père et épousa sa mère sans le savoir.

Ilsemble donc qu'il n'y a aucune place pour la liberté de choix, surtout lorsqu'il s'agit d'un choixexistentiel comme celui de décider de ce qu'on deviendra, qui ne soit ménagée à travers la notionde destin. · On peut ainsi montrer qu'en posant la notion de destin, on pose avec lui le déterminisme et onfait de la liberté, et du choix qu'elle suppose, de puresillusions.

C'est en ce sens que l'on peut parler de lanotion de déterminisme : il s'agit d'une doctrine,souvent appuyée sur la science, selon laquelle tous lesévénements de la nature sont déjà déterminés, au pointqu'il suffirait de les connaître tous à un moment donnépour prévoir tout ce qui se passera ensuite.

Et biencette doctrine de la nature, qui est notamment celle quedéfend Spinoza dans l'Ethique considérant l'idée de liberté comme une pure illusion, les hommes se croyantlibres parce qu'ils ignorent les causes qui lesdéterminent ; en ce sens la notion de choix est elleaussi illusoire. Le rationalisme cartésien nous montre déjà qu'une volonté infiniment libre, mais privée de raison, est une volontéperdue.

Plus nous connaissons, plus notre liberté est grandie et fortifiée.

Si nous développonsnotre connaissance au point de saisir dans toute sa clarté l'enchaînement rationnel des causes etdes effets, nous saisirons d'autant mieux la nécessité qui fait que telle chose arrive et telle autren'arrive pas, que tel phénomène se produit, alors que tel autre ne viendra jamais à l'existence.Pour Spinoza, une chose est libre quand elle existe par la seule nécessité de sa propre nature, etune chose est contrainte quand elle est déterminée par une autre à exister et à agir.

Au sensabsolu, seul Dieu est infiniment libre, puisqu'il a une connaissance absolue de la réalité, et qu'il lafait être et exister suivant sa propre nécessité.

Pour Spinoza et à la différence de Descartes, laliberté n'est pas dans un libre décret, mais dans une libre nécessité, celle qui nous fait agir enfonction de notre propre nature.

L'homme n'est pas un empire de liberté dans un empire denécessité.

Il fait partie du monde, il dispose d'un corps, d'appétits et de passions par lesquelles lapuissance de la Nature s'exerce et s'exprime en nous, tant pour sa propre conservation que pourla nôtre.

Bien souvent nous croyons être libres, alors que nous ne faisons qu'être mus, parl'existence de causes extérieures :la faim, la pulsion sexuelle, des goûts ou des passions qui proviennent de notre éducation, denotre passé, de notre culture.

Nul homme n'étant coupé du milieu dans lequel il vit et se trouveplongé, nous sommes nécessairement déterminés à agir en fonction de causes extérieures à notrepropre nature.

"Telle est cette liberté humaine que tous les hommes se vantent d'avoir et quiconsiste en cela seul que les hommes sont conscients de leurs désirs, et ignorants des causes quiles déterminent." · On comprend en ce sens que la notion de choix, dans son effectivité et son efficacité, ne peutaller de pair avec la notion de destin qui suppose non seulement un déterminisme mais aussi unprédéterminisme.

Cependant, réduire la liberté humaine et le choix existentiel qui la suppose àn'être que de pures illusions (qui aident notamment à supporter l'existence en donnant à l'hommeune illusion de contrôle), cela peut avoir de fâcheuses conséquences dans le domaine pratique etéthique.. »

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