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Puis-je invoquer le cours de l'histoire pour m'excuser de ne pas avoir agi ?

Publié le 27/02/2005

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histoire

HISTOIRE

Gén. Terme équivoque qui désigne à la fois le récit du passé humain, et la réalité historique elle-même, le cours des événements. En ce dernier sens, l'histoire se distingue de la simple évolution car elle suppose plus qu'un changement. Un arbre, par ex., peut croître ou un papillon se métamorphoser, mais ils n'ont pas d'histoire dans la mesure où l'histoire suppose la conscience d'un changement et la possibilité, pour celui qui change, de se représenter la finalité de son évolution en faisant du présent le sens du passé et du futur le sens du présent. Quant au récit, il cesse d'être légendaire pour devenir scientifique dès lors qu'il veut expliquer et non plus simplement raconter en se contentant de recueillir des anecdotes pittoresques. Phi. Les philosophies de l'Histoire posent la question du but poursuivi par les hommes dans l'Histoire, et postulent en même temps que l'Histoire des hommes est celle de leur liberté. Or, si la connaissance du but permet en retour de comprendre la cohérence du processus historique, il semble bien difficile de concilier le double postulat de la rationalité historique et du développement de la liberté. Telle est l'aporie sur laquelle achoppe toute philosophie de l'Histoire. En effet, s'il est possible de dégager par avance une cohérence historique, alors tout se passe comme si l'Histoire était déjà faite, de sorte que l'idée même de liberté humaine se trouve niée. A l'inverse, si l'on suppose que les hommes sont libres, alors il est impossible de saisir le sens d'une Histoire que les hommes font « sans savoir l'histoire qu'ils font » (R. Aron).

 L’expression juridique de « circonstances atténuantes « invoque la possibilité que notre action soit influencée par des causes qui nous sont extérieures, et qui sont susceptibles d’excuser notre comportement. Les conditions physiques ou mentales sont souvent les premières causes de notre détermination, et l’on comprend que le fait d’être déficient mental par exemple, excuse le geste inconsidéré d’une personne car il est lié à sa maladie psychique. En revanche, peut-on considérer le cours de l’histoire comme une circonstance atténuante, comme une détermination sur notre action, et plus encore, sur notre inaction ? Puis-je invoquer le cours de l’histoire pour m’excuser de n’avoir pas agi ? Une telle acceptation semble conférer à l’histoire une existence indépendante de notre propre personne, si elle est en mesure provoquer chez nous un immobilisme pratique. Il est alors nécessaire pour répondre à cette question de réinterroger le rapport de l’homme à l’histoire, afin de comprendre la place que j’ai à tenir, et la responsabilité qui m’incombe au sein de l’histoire, personnelle et collective, dans laquelle je suis impliqué.

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« 2ème partie : Nous ne pouvons cependant répondre que de notre intention, et non du concours des choses extérieures, qui ne dépend pas de nous. Malgré toute notre vigilance, l'expérience nous montre que certaines choses, survenant brutalement de l'extérieur,sont imprévisibles et nous prennent au dépourvu.

En outre, certains évènements de l'histoire, même prévisibles, sontparfois inévitables.

Descartes, dans la Troisième partie du Discours de la méthode , dit qu'il est plus aisé de chercher à « vaincre ces désirs plutôt que l'ordre du monde ».

Il signifie par là que nous ne pouvons agir sur le cours deschoses.

L'ordre du monde pour Descartes désigne la constance et la régularité des phénomène, et l'unité naturellequ'il forme de manière absolue.

On comprend que les choses externes ne dépendent pas des hommes, mais de lanature, qui sera toujours plus puissante que nous.

Que faire contre une catastrophe naturelle, contre la maladie, lamort ? Assurément, on ne peut qu'être inactif.

En ce sens, cours naturel de l'histoire peut m'excuser de n'avoir pasagi.

En revanche, nos représentations dépendent de nous, et par conséquent, de ce qui est en notre pouvoir.L'ordre extérieur nous échappe, et nous ne pouvons agir dessus, tandis que nous sommes maîtres de nos désirs, denos passions.

Notre volonté peut être efficace sur ce qui dépend de nous, elle ne peut rien sur la nature. Nous ne pouvons donc répondre que de notre intention, c'est-à-dire de notre volonté.

On peut vouloir la guérisonde quelqu'un, mais n'étant pas médecin, ne pas agir pour le guérir.

C'est parce qu'on connaît nos possibilités que l'onreste inactif, car on sait que notre action sera vaine, voir néfaste.

Plus que le cours de l'histoire, c'est donc plutôtla connaissance de notre nature, et de notre incapacité sur ce qui ne dépend pas de nous, qui nous excuse den'avoir pas agi. 3ème partie : La liberté morale étant absolue, nous sommes responsables de tous nos actes.

(Kant) La volonté suffit-elle à nous rendre responsable ? Nous constatons souvent après coup que nos actes, mêmesdélibérés, ont des causes et qu'ils ne sont donc pas libres.

A cela, Kant répond que les causes que nous inférons ànos actes ne sont que des inventions de l'entendement, et ne sont pas des faits d'expérience.

En réalité, l'hommeest absolument libre de ses déterminations.

La liberté de la volonté pour Kant consiste en son autonomie à l'égarddes lois de la nature.

Elle est « à elle-même sa propre loi ».

La liberté morale est absolue, car elle se fonde surl'impératif catégorique « je dois, donc je suis ».

La liberté consiste à ne vouloir qu'obéissance à la loi morale.L'obéissance de la volonté à la loi morale est absolument indépendante de tout mobile particulier, c'est-à-dire detout intérêt particulier.

Chacun doit se considérer comme membre législateur de la loi universelle morale, et est doncabsolument libre et responsable de ses actes, puisque détaché de tout déterminisme. Si l'on sort de ce système de penser kantien, on il faut pourtant accepter l'idée que la liberté humaine n'a de sensque comme liberté morale, qui en cela, nous rend responsables de tous nos actes.

« Nous sommes condamnés àêtre libres », affirme J-P Sartre dans L'existentialisme est un humanisme , stipulant par là que notre liberté fait peser sur nous le poid de la responsabilité, la charge d'assumer entièrement toutes nos actions ou inactions.

Quoique nousfassions, nous ne devons que nous en prendre qu'à nous même, et rien ne saurait excuser notre inaction, encoremoins le cours de l'histoire puisque c'est nous qui le décidons.

En effet, pour Sartre, l'existence est préalable à toutedétermination, et c'est à nous de réalise le projet de notre vie, le cours de notre histoire.

Le destin de l'homme n'est pas en dehors de lui-même, et ce qu'il est, c'est ce qu'il fait.

L'inaction, c'est donc la non réalisation de l'être, maisencore plus, la négation de l'humanité.

En effet, la responsabilité de l'homme est totale, car elle est pour lui-mêmeet pour les autres hommes : l'homme agit tel qu'il pense que tous les hommes doivent agir, et à donc uneresponsabilité à l'égard de tous les autres hommes.

Non seulement le cours de l'histoire n'excuse nullement moninaction, mais encore c'est par mon action que je fais l'histoire, mon histoire individuelle et l'histoire collective del'humanité entière.

Sartre se range contre le quiétisme, qui mène à l'inaction, en posant la seule réalité de l'hommedans son action.

Inutile par conséquent de se trouver des excuses pour expliquer ce que l'on n'a pas fait : si l'on n'apas agit, alors on n'est pas.

On ne peut donc dire que nous sommes courageux si l'on n'a pas agit courageusement,par exemple.

La valeur de chacun est dans les actes qu'il produit, et non dans un supposé potentiel restéinactualisé. Conclusion : Afin de nous justifier de n'avoir pas agi, nous cherchons à montrer que le cours de l'histoire nous prive de lapossibilité d'agir bien ou mal, parce qu'en influençant notre volonté, en interférant nos actions, il nous prive de touteresponsabilité.

L'histoire déterminerait notre conduite et serait donc une excuse à notre inaction.

Cet argumentn'est que celui du paresseux, qui tel le stoïcien, s'en remet au cours de choses arguant qu'il ne faut pas aller contrela nature.

Si la nature peut nous jouer des tours, il appartient à nous de nous en prémunir.

Certes, il est plus aiséd'agir sur ce qui dépend de nous que sur ce qui est extérieur, et parfois, il on ne peut rien faire d'autre que deconstater.

Dans ce cas, lorsque l'on ne peut agir, on ne cherche pas à s'en excuser, car cela est naturel etautojustifié.

Il faut donc comprendre que l'homme, en tant qu'être libre, est entièrement responsable de ses actes,et parce qu'il est un être moral, il détermine par sa propre volonté le cours même de l'histoire, en oeuvrant à saréalisation individuelle et collective.

Je ne peux donc raisonnablement pas invoquer le cours de l'histoire pourm'excuser de n'avoir pas agi, je dois m'en tenir pour seul responsable, car je suis entièrement libre de mes actions,et indépendant de tout déterminisme, dès lors que je décide de suivre la loi morale universelle.. »

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