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Quelles questions vous posent le progrès des sciences et des techniques ?

Publié le 27/02/2005

Extrait du document

   Le principe responsabilité dit « Agis de telle façon que les effets de ton action soient compatible avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur terre. »   Il s'agit d'un droit à l'existence d'une vie pas encore actuelle. Ce principe est programmatique, il vise quelque chose qui ne s'est pas encore produit. L'homme s'est vu remettre une essence, il en est responsable. Il n' y a donc pas d'échappatoire à notre responsabilité face au développement technique. Il faut donc une préscience, une anticipation. Il faut une métaphysique que n'a pas encore la science. Le principe responsabilité pressent l'impossible, il veut le limiter. Il doit aller au devant des abus. Tous les possibles demeurent une fois que l'action s'est produite.

  Il s’agit de réfléchir sur le sens même du progrès des sciences et des techniques et de ramener toutes les interrogations à des questions fondamentales. Le progrès des techniques est-il bénéfique ou nuisible à l’homme, le rend-t-il plus autonomes ou plus esclave ? Est-ce que ces progrès peuvent modifier nos conceptions morales ? Apporte-t-il des progrès dans d’autres domaines que le sien comme le domaine moral ou politique ? Les progrès techniques nuisent-ils à la nature ?

« Il est devenu courant, à vrai dire, de dénoncer les dangers liés aux développements de la technique et les risques que son usage incontrôlé fait peser sur l'humanité.

toutefois,ce ne sont pas les productions de la technique elles-mêmes, ni même leur utilisation qui sont dangereuses pour Heidegger , mais d'abord et avant tout l'essence de la technique elle-même, c'est-à-dire le comportement provoquant qui régit désormais le rapport de l'homme à l'étant.

La technique moderne, au sens de l' arraisonnement , attaque l'homme qui « à l'intérieur du sans-objet, n'est plus que le commentant du fonds » et devient lui-même un « fonds ».

Elle met l'homme en péril, non seulement parce que les moyens techniques rendent désormais possible une destruction de l'espèce humaine tout entière, mais parce qu'elle menace, de manière bien plus profonde, l'essencepensante de l'homme, c'est-à-dire son rapport à l'être.N'ayant affaire qu'à un fonds, l'homme moderne s'érige en « maître & possesseur de la nature » au point qu'il peut lui sembler qu'il ne rencontre plus partout que lui-même,qu'il n'y a plus rien qui ne soit ou qui ne puisse être en son pouvoir.

Il s'agit là en réalité de la plus grande illusion car « aujourd'hui l'homme précisément ne se rencontre plus lui-même en vérité nulle part, c'est-à-dire qu'il ne rencontre plus son être ».

l'homme, qui saisit toutes choses et lui-même du point de vue de la pensée calculante, s'en tient à l'étant sur lequel il cherche à exercer sa domination, et ne se préoccupe plus de ce qui devrait le concerner plus que tout autre chose, c'est-à-dire de l'être lui-même.L'agression contre tout ce qui est culmine dans la tentative aujourd'hui engagée pour maîtriser la vie elle-même qui devient un produit comme un autre qu'on cherche àmanipuler ou à transformer.

Cette agression contre la vie et contre l'être même de l'homme est plus inquiétante aux yeux de Heidegger que l'hypothèque d'une destruction qui pèse sur la planète, ne serait ce que parce qu'elle est généralement passée sous silence.

« Au regard de cette agression, l'explosion d'une bombe à hydrogène ne signifie pas grand-chose », car ce n'est pas seulement l'homme qu'elle menace d'anéantir mais son essence. L'essence de la technique est le danger, mais tant que ce danger reste dans l'ombre, il n'y a aucune raison pour que la domination de la technique cesse.

En le démasquant eten le stigmatisant, Heidegger prépare les conditions d'une libération de l'homme à l'égard de l'emprise de la technique.

Cette libération ne veut pas dire un abandon pur & simple des choses techniques, mais une modification de notre rapport avec elles.

Au lieu d'être fascinés par elles, nous pouvons, tout en nous en servant normalement,conserver une certaine distance à leur endroit.

« Nous pouvons dire « oui » à l'emploi inévitable des objets techniques, mais en même temps « non », en ce sens nous les empêchions de nous accaparer et ainsi de fausser, brouiller et finalement vider notre être ».

Cette attitude qui consiste à dire à la fois oui et non au monde technique est ce que Heidegger appelle « sérénité » , « égalité d'âme ».

Libéré des mirages de la technique, l'homme est alors disponible pour entendre l'appel de l'être ou de l'avènement dont le rapport technique à la réalité ne peut que le détourner.Les beaux-arts peuvent au sein de l'époque de l'extrême obscurcissement de l'être, reconduire les mortels égarés sur la terre dévastée par la technique dans le domaine de lavérité de l'être et préparer les conditions d'un nouvel enracinement.

L'art n'est à même, toutefois, de remplir cette fonction « salvatrice » que si l'homme est capable d'entrer dans une relation suffisamment originaire à l'oeuvre d'art, ce qui suppose se soit déjà libéré de l'emprise de la technique.

On ne quitte donc la technique qu'en accomplissantun « saut », celui-là même à la faveur duquel la pensée parvient à sortir du domaine de la métaphysique dont la technique est issue.

« La philosophie a toujours renversé les apparences.

Heidegger, à son tour, montre que la technique n'est pas ce qu'elle offre de plus apparent, comme les moteurs ou lesengins.

Elle n'est pas non plis un simple instrument entre les mains de l'homme.

«L ‘essence de la technique n'est absolument rien de technique.

»Le projet à l'oeuvre dans la technique est un projet métaphysique, parce qu'il concerne tous les secteurs de la réalité et non pas seulement les machines.

Il marque l'étant entotalité.

La technique a le trait de l'être.

C'est elle qui ramène à l'unité une multiplicité de phénomènes épars, que l'on a tendance à considérer simplement comme les signesd'une « crise de civilisation ».Chacun connaît ces signes : l'uniformisation planétaire des modes de vie et de pensée ; la mobilisation constante de l'activité culturelle et artistique ; le déracinement et laneutralisation de l'espace et du temps ; une certaine insensibilité à l'égard de l'excès de douleur (on pourrait ajouter le fait que guerres ou catastrophes deviennent desspectacles télévisés) ; la perte du sentiment de la proximité en même temps que de celui de la distance, abolie par les moyens rapides de transport et de communication ; lacirculation rapide de l'information sans autre but qu'elle-même ; la constitution de stocks immenses d'énergie comme de moyens énormes de destruction ; parallèlement laconsommation accélérée, au prix de la dilapidation des ressources naturelles ; la politique aux ordres de la bureaucratie et de la planification, etc.

[...]Deux des phénomènes les plus apparents de l'époque : la science moderne et l'Etat totalitaire, qui semblent la gouverner, ne sont pourtant que des « conséquencesnécessaires » de la technique.

Heidegger nous invite à remonter à la cause véritable.

La science qui poursuit la mathématisation de la nature n'est pas un projet autonome.Elle décide d'avance du réel ; n'admet que l'objectivable et le calculable.

Elle est au service du projet plus général du Dispositif technique (Gestell) et répond à une nécessitéde son essence.

« C'est parce que l'essence de la technique moderne réside dans le Dispositif que cette technique doit utiliser la science exacte de la nature.

Ainsi naîtl'apparence trompeuse que la technique moderne est de la science naturelle appliquée.

» L'opposition apparence/essence opère ici d'une façon presque classique, presqueplatonicienne.

De même l'Etat totalitaire, ou la « politique dirigée » - la manipulation de l'opinion publique par la propagande par exemple – ne sont que des « conséquences »d'une nécessité d'essence.

Aussi, écrit Heidegger, est-il vain d'accuser les Fuhrer, ou les grands technocrates, et de s'indigner contre eux, car ils ne sont des « causes » qu'« en apparence ».

« En vérité, ils représentent les conséquences nécessaires du fait que l'étant est passé dans le mode de l'errance.

» Michel HAAR , « Le chant de la terre ». 4) le progrès technique est-il le seul facteur de progrès de la civilisation ? Le progrès technique est d'ailleurs en général une conséquence du développement intellectuel, et celui-ci, on l'a dit, est, inversement, favorisé par le temps que les techniques nouvelleslaissent libre pour une activité spéculative, soit dans une catégorie spéciale de citoyens, formant une élite intellectuelle, soit dans l'ensemble même de la population qui, disposant de loisirs,peut s'intéresser à des réalisations qui ne sont pas subordonnées à la simple nécessité de subsister.

Les domaines dans lesquels peuvent se situer les critères intellectuels de la civilisationvéritable sont nombreux.

Aux techniques se rattache très directement la connaissance scientifique, encore que celle-ci, comme on l'a vu, puisse avoir, suivant le contexte, des visées plus ou moins spéculatives et se confondre, même en Grèce par exemple, avec la philosophie. En tout cas, la géométrie, l'arithmétique, l'astronomie sont en honneur dans toutes les hautes civilisations. L'écriture permet la conservation et la transmission fidèle du savoir acquis.

Lorsqu'on fait de la civilisation la marque d'un certain degré du progrès de l'humanité, il faut pouvoir dire à quoi l'on reconnaît qu'un peuple ou une société est rangée parmi les civilisés ou les non- civilisés.

Cette démarche n'est pas seulement l'inverse de celle qui consiste à définir les sociétés ou lamentalité archaïque.

En effet, suivant les critères que l'on cite, il peut se faire que certains peuples soient à la fois archaïques et civilisés, ou bien encore, inversement, on peut estimer qu'il y aun hiatus dans le processus évolutif entre l'archaïsme pur et la civilisation proprement dite.

Il faut donc partir de la civilisation elle-même et non de son opposé pour en repérer les traitsdistinctifs.

Très souvent, les sociologues et les anthropologues ont cherché à les ramener à un seul, en estimant que le fait d'atteindre un certain niveau dans un domaine bien déterminé de lavie sociale suffit à assurer l'accès à la vie civilisée sous toutes ses formes.

Autrement dit, la recherche du critère se ramène souvent ici à celle du phénomène le plus significatif du progrèssocial.

Et, pour être opératoire, il importe qu'il soit relativement facile à observer et qu'il permette l'appréciation de sa gradation, sinon quantitativement, du moins qualitativement.

Aussi latechnique peut être un signe de progrès social évident, un élément visible, mais il ne peut être réduit à ce qui fait la valeur d'une civilisation.

Conclusion.

Les questions que pose le progrès des sciences et des techniques sont innombrables mais rejoignent des interrogations fondamentales sur la place du progrès dans le progrès de la civilisation etl'avenir de l'humanité.

Aussi, il faut aller contre l'idée reçue que le progrès technique peut tout, qu'il soit à l'origine du bonheur humain, mais qu'il puisse être un facteur de menace pourl'humanité, que la technique elle-même ne soit pas neutre.

Il n'appartient qu'à l'homme de diriger le progrès technique dans le bon sens.

Le progrès technique pose le problème de laresponsabilité humaine, et de l'autonomie, de la liberté Aussi, ces questions ne peuvent se résumer à une simple histoire de mécanique.. »

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