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Les individus pourraient-ils se passer de l'Etat ?

Publié le 20/01/2004

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En effet, pour l'anarchisme, toute forme d'obéissance incarne une abdication, une destruction de la liberté individuelle. L'Etat, c'est donc la négation de la liberté individuelle, « un immense cimetière où viennent s'enterrer toutes les manifestations de la vie individuelle » comme l'écrit le russe Bakounine. L'Etat ne détruit pas seulement la liberté individuelle, il rompt la solidarité universelle en s'opposant à d'autres Etats, ce qui engendre guerres et désolation. En définitive, l'Etat apparaît comme le plus grand obstacle à l'épanouissement des valeurs universelles de l'humanité. Par conséquent, nous pouvons voir dans la critique anarchiste de l'Etat une réponse à notre question : oui, les individus pourraient se passer de l'Etat, car la liberté individuelle s'épanouirait mieux sans cette force contraignante, sans cette autorité envahissante incarnée par l'Etat. b.      L'Etat maîtrisé par les individus dans le système démocratique Cependant, nous pouvons peut-être revenir à une conception plus nuancée de l'Etat en opposant aux anarchistes la solution démocratique énoncée par Rousseau. En effet, ce philosophe montre que la liberté civile est garantie par ce qu'il nomme le « Contrat social » (dans son ouvrage éponyme). Ce contrat permet à « chacun de nous de mettre en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale ; et nous recevons en corps chaque membre comme partie indivisible du tout ». Chacun s'engageant à ne reconnaître d'autre volonté que la volonté générale, la liberté de tous les membres du corps politique est préservée, de même que leur égalité.

« A première vue, il semble bien que les individus pourraient se passer de l'Etat,dans la mesure où l'Etat ne paraît pas indissolublement lié à la vie individuelle,mais postérieur à une forme solitaire de la vie individuelle.

Dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes , Rousseau imagine un homme plongé dans l'état de nature, qui se montre parfaitementcapable de subvenir à ses besoins et ne recherche nullement le commerce deses semblables : l'homme se donne donc comme un être par nature asocial,quoique pacifique, dont l'activité répond uniquement au désir de se conserveren vie, d'assurer les besoins qui conditionnent son existence.

L'Etat n'est enaucun cas nécessaire à cet être primitif, qui, au contraire, vit fort bien dansles solitudes sylvestres, se nourrissant au moyen de sa propre industrie ou desa propre habileté à la chasse et à la pèche.

b.

L'Etat, une invention contingente postérieure à l'établissement dessociétés Mais comme le montre Rousseau dans la suite de son Discours , l'homme finit par sortir de cet état de nature par définition asocial, non organisé par l'Etat : le milieu naturel devenu hostile lecontraint à s'unir à ses semblables pour survivre en unissant ses efforts aux leurs.

Une communauté sociale apaisée,égalitaire succède d'abord à l'état de nature dans le modèle imaginé par Rousseau dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes ; mais l'instauration de la propriété met fin à l'égalité, créant une société om s'agrègent des égoïsmes rivaux.

L'Etat intervient donc comme le couronnement de ce processus : il vientsubstituer à la liberté naturelle des individus dans l'état de nature l'autorité nécessaire à la cohabitation desvolontés contraires dans l'ordre social.

A la lumière de cette analyse faite par Rousseau, nous dirons que lesindividus pourraient fort bien se passer de l'Etat, dans la mesure où, historiquement, l'Etat n'apparait qu'après unepériode où les individus séparés dans la nature n'avaient nullement besoin de lui. II.

L'Etat est indispensable aux individus pour lutter contre la méchanceté naturelle de leurs semblables a.

« L'homme est un loup pour l'homme » Cependant, contre Rousseau, nous affirmerons que rien n'est moins avéré que la bonté naturelle de l'homme, ce quinous portera à répondre différemment à la question qui nous occupe.

En effet, si nous observons un jeune enfant,nous verrons que seule la loi de ses propres désirs a de l'autorité sur lui, qu'il éprouve un désir illimité pour tout cequi lui manque et cherche à l'obtenir avec les faibles moyens dont il dispose.

Baudelaire le montre bien dans leSpleen de Paris , où la lutte fratricide et ignoble de deux enfants pour de la nourriture et la démonstration sans appel de la méchanceté naturelle de l'homme, et l'efficace réfutation des thèses de Rousseau.

Il y a donc uneméchanceté originelle de l'homme qui vient de son égoïsme intrinsèque, de sa volonté de persévérer dans l'être etde rechercher les moyens de se satisfaire.

Ce n'est qu'en grandissant que la voix de l'égoïsme naturel est assourdiedans l'individu par l'éducation, la réprobation sociale, puisque la société a intérêt pour sa propre perpétuation que. »

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