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L'État doit-il se soumettre au peuple ?

Publié le 22/01/2004

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Il ne peut pas ignorer la vox populi, c'est-à-dire la voix du peuple; autrement dit sa volonté. L'État est au service de la paix publique Le prince qui se servirait de son autorité à autre fin que pour le salut de son peuple contreviendrait aux maximes de la tranquillité publique, c'est-à-dire à la loi de nature fondamentale» (Thomas Hobbes, Le Citoyen). Cela signifie qu'il n'est qu'une seule forme de gouvernement - la plus inique - qui ignore l'intérêt du peuple: le despotisme. L'État est l'expression de la volonté générale Le droit que le pacte social donne au souverain sur les sujets ne passe point, écrit Jean-Jacques Rousseau dans Du Contrat social, les bornes de l'utilité publique.» Le peuple attend du souverain qu'il soit au service de sa volonté. Comment, au demeurant, pourrait-il en être autrement puisque c'est de cette volonté que dépend l'existence de l'État ? "Il y a deux sortes de dépendances : celle des choses, qui est de la nature ; celle des hommes, qui est de la société. La dépendance des choses, n'ayant aucune moralité, ne nuit point à la liberté, et n'engendre point de vices : la dépendance des hommes étant désordonnée les engendre tous, et c'est par elle que le maître et l'esclave se dépravent mutuellement. S'il y a quelque moyen de remédier à ce mal dans la société, c'est de substituer la loi à l'homme, et d'armer les volontés générales d'une force réelle, supérieure à l'action de toute volonté particulière. Si les lois des nations pouvaient avoir, comme celles de la nature, une inflexibilité que jamais aucune force humaine ne pût vaincre, la dépendance des hommes redeviendrait alors celle des choses ; on réunirait dans la république tous les avantages de l'état naturel à ceux de l'état civil ; on joindrait à la liberté, qui maintient l'homme exempt de vices, la moralité, qui l'élève à la vertu.

« • Un texte à resituer dans le cadre d'une certaine tradition de philosophie politique, qui a coutume dejustifier l'existence de la société par la nécessité d'une maîtrise collective de la nature.

La distinctioncritique de deux types de dépendances (nature, société) vise surtout ceux qui voudraient faire desrapports de domination entre les hommes la rançon obligée de la maîtrise de la nature.

En soutenant unethèse paradoxale (la faiblesse de l'homme face à la nature n'altère pas sa liberté), Rousseau veut surtoutremettre en question toutes les justifications de l'inégalité et de l'abus de pouvoir.

Il assigne en mêmetemps une fonction très importante à la législation, définie comme facteur d'égalité et de moralité. Analyse du texte Thèse générale : la maîtrise sociale de la nature doit s'assortir d'une organisation très rigoureuse,destinée à éviter toute « dépendance particulière ».

Développement thématique de cette thèse• Distinction principielle : dépendance des choses - dépendance de la société.• Caractérisation de cette distinction.• Solution proposée par Rousseau pour concilier société et liberté (force de la loi - analogie entre loissociales et lois naturelles).• Conséquences d'une telle solution (réunion des avantages de la liberté naturelle et de l'état civil. Problématique du texte • Deux types de rapports définissent l'homme, et permettent de le situer.

État de nature (dépendancedes choses) et dépendance sociale.

Le premier - que Rousseau assimile à la nécessité - n'engendreaucune servitude.

Il correspond au déterminisme ordonné et rigoureux des phénomènes naturels.

Lesecond est « désordonné » et générateur de servitude, dans la mesure où des intérêts tout-puissants(les volontés particulières évoquées dans le texte) corrompent l'ordre social.• Le statut du droit est donc ici tout à fait singulier : en analogie avec le déterminisme naturel, quifonctionne sans entraves, il doit permettre une régulation sociale « ordonnée », d'où sera exclu toutprivilège.

C'est à cette condition que la société peut restituer à l'homme sa liberté originelle, tout en luidonnant les avantages d'une sécurité plus grande.

Le droit ne doit jamais se régler sur l'arbitraire de laforce ou de la puissance, mais au contraire se placer hors d'atteinte de tout privilège de fait.• Ce que Rousseau affirme ici de la vie politique et du corps social, il le fait valoir aussi pour l'éducation,en montrant que l'ordre rigoureux des phénomènes naturels est le guide le plus sûr pour l'apprentissagede la liberté et de l'autonomie réelle des individus : voir Émile, livre V (« Remerciements d'Émile à sonéducateur »).« C'est vous, ô mon maître, qui m'avez fait libre en m'apprenant à céder à la nécessité.

Qu'elle viennequand il lui plaît, je m'y laisse entraîner sans contrainte ; et comme je ne veux pas la combattre, je nem'attache à rien pour me retenir [...] quand vous vouliez que je fusse à la fois libre et sans besoins,vous vouliez deux choses incompatibles, car je ne saurais me tirer de la dépendance des hommes qu'enrentrant sous celle de la nature » (Éd.

Garnier-Flammarion, p.

618). Principaux moments du texte et construction L'ensemble du texte procède à la mise en place et à l'explication d'une distinction qui a pour Rousseauune valeur normative décisive. Premier moment du texte : mise en place de la distinction.La mise en place de la distinction entre deux types de dépendance (celle des choses, celle des hommes)correspond à deux types de phénomènes différents : ceux de la nature et ceux de la société. Deuxième moment du texte : développement de l'opposition ainsi établie et de ses caractères.• Caractérisation de la « dépendance des choses ».

Caractérisation négative, dans la mesure où il s'agitde montrer qu'une telle dépendance exclut les inconvénients de la vie sociale (elle est donc bonne, pourRousseau).• Caractérisation de la « dépendance des hommes » comme règne de la force arbitraire, sans normes («désordonnée »).• Exemple, représentatif de toutes les formes d'exploitation ou d'assujettissement de l'homme parl'homme, illustrant la caractérisation qui précède le maître et l'esclave. Troisième moment du texte : thèse de Rousseau concernant la conception même de l'ordre social et dela façon de le régler. • Énoncé de la thèse de l'auteur : il faut doter les lois sociales de l'inflexibilité propre aux lois naturelles,afin d'éviter les servitudes particulières.• Explication de la thèse et de son efficacité par rapport à la multiplicité des affrontements particuliers.Doter la « volonté générale » d'une force absolue.• Explication d'une telle idée sur le plan législatif.

Donner au respect de la loi le caractère d'unesoumission à la nature.• Conclusion sur l'intérêt d'une telle solution : concilier les avantages de l'état naturel et ceux de l'étatcivil.. »

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