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La violence a-t-elle droit de cité ?

Publié le 29/01/2004

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MARX & ENGELS.   Puisque « la production économique et la structure sociale qui en résulte nécessairement forment, à chaque époque, la base de l'histoire politique et intellectuelle de l'époque », le « Manifeste » affirme que « toute l'histoire a été une histoire de lutte de classes ». Mais la démonstration à laquelle se livre Marx ne s'arrête pas là:  rendant intelligible le passé de l'humanité, elle en annonce également l'inéluctable avenir. En effet, « Cette lutte a actuellement atteint une étape où la classe opprimée et exploitée (le prolétariat) ne peut plus se libérer de la classe qui l'exploite et l'opprime sans libérer en même temps et pour toujours la société entière de l'exploitation, de l'oppression et des luttes de classes. »             Réfutant un certain nombre d'interprétation fautives du Marxisme, Lénine affirme dans «L'Etat & la Révolution » que l'oeuvre de Marx ne saurait se limiter à cette seule découverte de la lutte des classes : l'idée de la « lutte des classes » n'est rien en effet si on ne la combine pas à celle de « dictature du prolétariat ». Elle reste pourtant l'un des concepts clés de la théorie Marxiste et Lénine le reconnaissait bien qui, dans un texte de 1914 consacré à Marx déclarait : « Que, dans une société donnée, les aspirations des uns aillent à l'encontre de celles des autres, que la vie sociale soit pleine de contradictions, que l'histoire nous montre une lutte entre les peuples et les sociétés, aussi bien qu'en leur sein, qu'elle nous montre en outre une alternance de périodes de révolutions et de périodes de réaction, de guerres et de paix, de stagnation et de progrès rapide ou de déclin, ce sont là des faits universellement connus. Le Marxisme a fourni le fil conducteur qui permet de découvrir l'existence de lois dans ce labyrinthe et ce chaos apparents : c'est la théorie de la lutte des classes. »             La théorie de la lutte des classes est donc, aux yeux d'Engels, l'idée maîtresse de Marx comme elle est, aux yeux de Lénine, le fil conducteur qui permet de comprendre l'histoire humaine. C'est sur elle en tout cas que s'ouvre le texte du « Manifeste ».               Ce que pose en son début ce texte est bien une règle d'interprétation générale de l'histoire.
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« La revanche des passions Dans sa critique du rationalisme classique, Freud a montré que désirs etpassions sont essentiels à l'homme, mais qu'ils s'opposent au principe denécessité (au travail) qui gouverne le progrès de la civilisation.

C'est pourquoila raison, comme intériorisation du principe de nécessité, doit refouler lesdésirs inadéquats à la vie sociale, notamment les pulsions d'agressivité.

Laraison est ainsi instance de refoulement.

Or le refoulement n'est nullement lasuppression des désirs, et la conscience est toujours menacée par un retourdu refoulé, menant à la névrose ou à la psychose.

La raison, comme agent derefoulement, peut donc provoquer par son exercice même des désordres auxmanifestations plus violentes encore que celles qu'elle se proposaitinitialement de maîtriser.Sur le plan de la collectivité, l'État (qui se donne pour l'incarnation de laRaison) canalise certes les passions individuelles sur un mode rationnel, ainsique le soulignent les théories du contrat social.

Mais, l'État peut être lui-même l'amplificateur d'une passion collective qu'aucun cadre rationnel ne peutplus contenir, puisque l'incarnation collective suprême de la raison desindividus, l'État lui-même, se fait l'organe de cette passion.

Il peut donc yavoir un contrôle rationnel de la violence des individus à travers l'État mais untel contrôle peut lui-même favoriser le déchaînement de la violence collective:l'histoire contemporaine, notamment avec le délire collectif de l'Allemagnenazie, nous en fournit plus d'un exemple. Les aberrations de la rationalisation Sartre a écrit que « Les quarante volumes de Lénine représentent une oppression pour les masses» (Situation X).Les pouvoirs totalitaires modernes fondent en effet leur légitimité historique sur des doctrines qui se veulentrationnelles.

Le stalinisme s'appuie sur les écrits de Marx et de Lénine, le nazisme sur ceux de Darwin.

Il y a ainsiune rationalisation de la violence totalitaire: ce n'est pas une violence aveugle, passionnelle, mais une violence quipoursuit rationnellement ses buts. Les apologies rationnelles de la violence La raison qui prétendait sinon supprimer, du moins limiter la violence peut donc devenir elle-même source d'uneextrême violence.

Bien plus, elle va parfois jusqu'à justifier la violence, non pas sa propre violence, mais touteviolence.Ainsi Joseph de Maistre, que suivra Proudhon, écrit-il à propos de cette forme suprême de violence qu'est la guerre:«la guerre est divine en elle-même, puisque c'est une loi du monde [...] Dans le vaste domaine de la nature vivante,il règne une violence manifeste, une espèce de rage prescrite qui arme tous les êtres in mutua funera [...] La guerreest donc divine en elle-même, puisque c'est une loi du monde.

La guerre est divine par ses conséquences d'un ordresurnaturel tant générales que particulières [...] La guerre est divine dans la gloire mystérieuse qui l'environne, etdans l'attrait non moins inexplicable qui nous y porte [...].

Ainsi s'accomplit sans cesse, depuis le ciron jusqu'àl'homme, la grande loi de la destruction violente des êtres vivants.

La terre entière, continuelle imbibée de sang,n'est qu'un autel immense où tout ce qui vit doit être immolé sans fin, sans mesure, sans relâche, jusqu'à laconsommation des choses, jusqu'à l'extinction du mal, jusqu'à la mort de la mort » (Les Soirées de Saint-Pétersbourg, VII).Semblablement, Hegel verra dans la violence une ruse de la Raison, et Marx et Engels en feront un moteur del'Histoire:. »

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