Devoir de Philosophie

Un monde sans justice est-il humain ?

Publié le 20/03/2004

Extrait du document

justice

La force contraignante supprime ma liberté. De ce fait, elle appartient à la nature non à l'éthique. Au contraire l'obligation morale suppose ma liberté. Je suis moralement obligé (et non contraint) lorsque j'éprouve en conscience l'exigence d'un devoir auquel je puis physiquement me soustraire. Il n'y a pas d'obligation morale que si je suis physiquement et psychologiquement libre d'obéir et de désobéir. « Tu dois, donc tu peux « dira Kant dans le même sens «.« ... Obéissez aux puissances. Si cela veut dire : Cédez à la force le principe est bon mais superflu, je réponds qu'il ne sera jamais violé...« Allusion à un texte bien connu et souvent cité de saint Paul dans l'Épître aux Romains (XIII) « Que tout homme soit soumis aux autorités souveraines, car il n'est pas d'autorité qui ne vienne de Dieu.

Au sein du monde, l'homme est l'être qui transforme la nature et qui essaie d'y faire régner un certain ordre, un équilibre : n'y-a-t-il de justice qu'humaine ?

justice

« et les serpents (dont la rapacité ne va pas au-delà de la faim et qui nes'abandonnent à la fureur que si l'on les irrite), lui qui a faim même de lafaim future » (DH, 10, 3).

La vie de l'homme est bestiale (brutish, Lev, 13) parce que les conflits et l'insécurité risquent de détruire la civilisationet l'humanité même de l'homme. Le point de départ est un lieu commun de la tradition républicaine : lesrois sont des fauves pour leurs peuples.

Au lieu de tenir un discoursrassurant, de distinguer le bon roi et le tyran, Hobbes note que toute cité est un fauve pour ses ennemis.

La partialité de l'un vaut celle de l'autre :celui qui veut détruire le peuple romain est aussi sage (ou aussi inique) quele peuple qui dénonce le despotisme. Après avoir rétabli l'équilibre entre les rois et les peuples, on équilibreune comparaison par une autre : l'homme est aussi un Dieu.

Selon Aristote , l'homme, en dehors de la cité, est bestial ou divin.

En disant que lescitoyens sont des dieux les uns pour les autres, on suggère que le citoyenpasse l'homme : la cité n'est un fait naturel mais l'effet d'un artifice parlequel on accède à la ressemblance de Dieu.

La comparaison avec le loup cessed'être une injure : le droit naturel recommande de se protéger par les vertusde la guerre. Dans le « Leviathan », les comparaisons sont transformées : dans la description de l'état de guerre, Hobbes évite de comparer les vertus de la guerre, la force et la ruse, à la rapacité des bêtes (Lev, 13, 126); la république n'est plus loup pour ses ennemis mais « Léviathan », un crocodile monstrueux; enfin la ressemblance avec Dieu vaut pour les individus quicréent la république (introduction, 6) et ensuite pour le Dieu mortel, lesouverain qui assure la paix et la sécurité (17, 178). La nature obéit donc à une « justice » naturelle, même si cette justice ne correspond pas à la justice instituée parl'homme.

De même, un monde sans justice est humain : dans la vision de Hobbes, ce sont bien des hommes qui sontdes loups les uns pour les autres.

Le monde a une justice mais elle n'est pas humaine. [II - La raison prolonge le droit naturel] L'homme est un être naturel, assujetti, comme nous venons de le voir, au droit naturel.

Mais il est aussi un êtredoué de raison et, grâce à cette raison, il peut instituer la justice, cette volonté d'attribuer à chacun son dû selonle droit civil, comme l'indique Spinoza, et de la même manière pour tous.

Au droit naturel Spinoza oppose le droitselon la raison, seul capable d'assurer la justice pour tous.Rousseau reprendra cette idée.

Récusant comme absurde « le droit du plus fort » (Du contrat social, I, 3), il montreque la force brute ne peut fonder le droit civil et que la justice est une construction de la raison et de la consciencede l'homme.

Un monde sans justice n'est pas humain : c'est par la justice que le monde s'humanise. « Le plus fort n'est jamais assez fort pour être toujours le maître, s'il netransforme sa force en droit et l'obéissance en devoir.

De là le droit du plusfort [...] mais ne nous expliquera-t-on jamais ce mot? La force est unepuissance physique; je ne vois point quelle moralité peut résulter de seseffets.

Céder à la force est un acte de nécessité, non de volonté; c'est toutau plus un acte de prudence.

En quel sens pourra-ce être un devoir?Supposons un moment ce prétendu droit.

Je dis qu'il n'en résulte qu'ungalimatias inexplicable.

Car sitôt que c'est la force qui fait le droit, l'effetchange avec la cause; toute force qui surmonte la première succède à sondroit.

Sitôt qu'on peut désobéir impunément on le peut légitiment, et puisquele plus fort a toujours raison, il ne s'agit que de faire en sorte qu'on soit leplus fort.

Or qu'est-ce qu'un droit qui périt quand la force cesse? S'il fautobéir par force on n'a pas besoin d'obéir par devoir, et si l'on n'est plus forcéd'obéir, on n'y est plus obligé.

On voit donc que ce mot de droit n'ajoute rienà la force; il ne signifie ici rien du tout.

[...].

Convenons donc que force nefait pas droit, et qu'on n'est obligé d'obéir qu'aux puissances légitimes .

» - «Du Contrat Social » de Rousseau. A quelles conditions le pouvoir politique est-il un pouvoir légitime ? Tel est leproblème posé par Rousseau dans le Contrat social.

Il convient donc, pour. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles