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L'absurde ?

Publié le 27/03/2004

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Sartre; les existants apparaissent, se laissent rencontrer, mais on ne peut jamais les déduire. Donc l'absurde existe dans le réel, et dans le rapport du réel au monde. 3. Valeur : l'absurde conduit à l'action et à la révolte. Donc sa valeur est immense, puisqu'il s'intègre dans l'itinéraire où se forge l'humanité. Parce que l'homme existe dans l'absurde, il est édificateur de sa vie.« N'aspire pas, ô mon âme, à la vie éternelle, mais épuise le champ du possible « (Pindare). Conclusion et solution du problème : l'absurde est un concept régulateur et même édificateur de l'action. La liberté dans l'absurde est une réponse apportée au problème de l'action.  ============================================================================

INTRODUCTION Ce n'est pas sans quelque surprise que l'on entend parler aujourd'hui d'une « philosophie de l'absurde «.

Le sentiment de l'absurde est celui d'un non-sens généralisé.  Défini ainsi, l'absurde est caractéristique d'une sensibilité philosophique propre au XXe siècle et que traduit tout particulièrement l'existentialisme. Sartre le définit dans La Nausée comme la certitude de la «gratuité parfaite« de ce qui est. Dans Le Mythe de Sisyphe, Camus, quant à lui, préfère parler du «silence déraisonnable« qui s'interpose entre l'homme et le monde.

« rapports : elle pose ces rapports comme nécessaires.

« II est de la nature de la raison, dit Spinoza, de considérer les choses non comme contingentes mais comme nécessaires » (Éthique, II,44).

Il s'agit toujours de découvrir une nécessité que les apparences ne nousdonnent pas.

Nous nous perdons dans les discours où l'on ne passe pas d'uneproposition à une autre en vertu d'un lien nécessaire, comme nous noussentons perdus en présence de phénomènes qui se succèdent sanss'enchaîner rigoureusement.

« S'y retrouver », comme on dit si bien, c'estprécisément retrouver dans les apparences cet ordre nécessaire qu'exige laraison.Une philosophie de l'absurde sera donc une philosophie de la contingence,c'est-à-dire du « sans raison ».

La question est de savoir si cette absence deraison qui fait l'absurde se rencontre seulement dans nos discours ou aucontraire fait partie de la nature même des choses.

L'absurde existe-t-il dansle monde réel ou ne se trouve-t-il que dans nos discours sur le monde, tel estle problème.

La réponse que l'on peut donner à cette question dépend de laconception que l'on se fait de la raison et du monde.

II.

L'ABSURDE EXISTE-T-IL ? — A — L'absurde dans les discours. Nous avons tendance à croire qu'il n'y a jamais d'absurdité que dans les discours ; le sens commun admet volontiers, en effet, du moins de façon implicite,l'identité du rationnel et du réel.

Aussi considère-t-il comme impossible absolument ce qui n'est pas conforme à laraison.

L'absurde ne saurait donc exister.

Nos idées peuvent être absurdes et par suite nos actes ; mais les choseselles-mêmes ne peuvent présenter aucune absurdité.

Rien de ce qui est n'est sans raison ; il faut toujours qu'il y aitune raison d'être.

Le sens commun tient ainsi pour loi de la nature ce qui est une exigence de la pensée ; parce quenous ne pouvons éviter de poser la question « pourquoi », nous pensons que cette question comportenécessairement une réponse.

Les philosophes se sont presque toujours efforcés de justifier cette attitudespontanée.

Ils montrent qu'il ne peut y avoir désaccord entre la raison et l'expérience, entre le rationnel et le réel,soit en dérivant la raison de l'expérience, soit en faisant de l'expérience un produit de la raison, soit en considérantexpérience et raison, monde et esprit, comme des créations de Dieu parfaitement adaptées l'une à l'autre.

C'estainsi que pour l'empirisme, l'expérience ne peut choquer la raison, en lui présentant une absurdité, c'est-à-dire unphénomène non conforme aux principes rationnels, puisque la raison et ses principes sont des produits del'expérience.

De même, pour l'idéalisme kantien qui voit dans l'expérience une construction rationnelle, il ne peut yavoir d'expérience absurde.

De même pour Descartes qui affirme : « J'ai remarqué certaines lois que Dieu a tellementétablies en la nature, et dont il a imprimé de telles notions en nos âmes, qu'après y avoir fait assez de réflexion nousne saurions douter qu'elles ne soient exactement observées en tout ce qui est ou tout ce qui se fait dans le monde» (Discours de la Méthode, V).

Pour toutes ces philosophies, comme pour le sens commun, l'absurde n'est jamaisqu'une apparence due au mauvais usage que nous faisons de notre raison. — B — L'absurde dans les choses. Toutefois, il faut remarquer que s'il n'y a pas d'absurdité dans le monde considéré comme donné, il peut y avoir absurdité à ce que le monde soit donné.

Ce n'est point tant le monde lui-même qui estabsurde, aux yeux de certains auteurs contemporains, que son existence.

Et sans doute est-ce la réflexion del'homme sur sa propre condition, sur sa propre existence qui conduit à cette conclusion.

Pascal disait déjà : « Jem'effraie et m'étonne de me voir ici plutôt que là, car il n'y a point de raison pourquoi ici plutôt que là, pourquoi àprésent plutôt que lors.

» Quand l'homme, en effet, se demande pourquoi il existe, il ne trouve point d'abord deréponse.

C'est ainsi que M.

Camus, dans le Mythe de Sisyphe, montre que le sentiment de l'absurde est lié auproblème du suicide.

Celui qui songe au suicide est celui qui n'a plus, comme on dit, de raison de vivre.

Mais a-t-onjamais véritablement quelque raison de vivre ? L'existence, celle du monde comme la nôtre, a-t-elle quelque raison ?C'est ce que M.

Sartre ne croit pas : « Le monde des explications et des raisons n'est pas celui de l'existence » (LaNausée, p.

169).

Son personnage, Antoine Roquentin, prend conscience tout d'un coup, dans un jardin public, del'absurdité de l'existence : « Nous étions un tas d'existants gênés, embarrassés de nous-mêmes, nous n'avions pasla moindre raison d'être là, ni les uns ni les autres, chaque existant confus, vaguement inquiet, se sentait de troppar rapport aux autres » (ibid., p.

167).

Exister, c'est « être de trop » parce que c'est être sans raison, sansnécessité aucune.

11 n'est pas nécessaire que le marronnier, que la statue, que Roquentin existent ; ils pourraientne pas exister et c'est pourquoi leur existence est absurde.

Elle est absurde parce qu'elle est contingente, gratuite.La « nausée » a précisément pour cause cette découverte d'une absurdité qui n'est pas dans l'esprit seulement,mais dans les choses, qui est la nature même des choses : « L'absurdité, ce n'était pas une idée dans ma tête, niun souffle de voix, mais ce long serpent mort à mes pieds, ce serpent de bois » (ibid., p.

168). — C — Essence et existence. Le problème de l'absurde, c'est le problème des rapports de l'existence et de l'essence.

L'essence, c'est « ce qui constitue la nature d'un être, par opposition au fait d'être » (Lalande,Vocabulaire).

Il s'agit de savoir si l'existence est contenue dans l'essence, impliquée par elle, ou si elle est, aucontraire, d'un autre ordre.

L'empirisme ou l'idéalisme kantien expliquent que l'absurde ne peut se trouver dansl'expérience, mais ils n'expliquent pas pourquoi il existe un monde ni pourquoi nous sommes là pour en avoirl'expérience.

Le monde est, mais ce fait d'être est-il une conséquence nécessaire de sa nature même ? Peut-on. »

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