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ACTE II, SCENE VI - Polyeucte de Corneille

Publié le 05/07/2011

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corneille

NÉARQUE. Dieu même a craint la mort.

POLYEUCTE. Il s'est offert pourtant; suivons ce saint effort: Dressons-lui des autels sur des monceaux d'idoles. Il faut (je me souviens encor de vos paroles) Négliger, pour lui plaire, et femme, et biens, et rang, Exposer pour sa gloire et verser tout son sang. Hélas! qu'avez-vous fait de cette amour parfaite Que vous me souhaitiez et que je vous souhaite? S'il vous en reste encor, n'êtes-vous point jaloux Qu'à grand'peine chrétien, j'en montre plus que vous?

NÉARQUE. Vous sortez du baptême, et ce qui vous anime, C'est sa grâce qu'en vous n'affaiblit aucun crime; Comme encor toute entière elle agit pleinement, Et tout semble possible à son feu véhément: Mais cette même grâce, en moi diminuée Et par mille péchés sans cesse exténuée, Agit aux grands effets avec tant de langueur, Que tout semble impossible à son peu de vigueur. Cette indigne mollesse et ces lâches défenses Sont des punitions qu'attirent mes offenses: Mais Dieu, dont on ne doit jamais se défier, Me donne votre exemple à me fortifier. Allons, cher Polyeucte, allons aux yeux des hommes Braver l'idolâtrie, et montrer qui nous sommes: Puissé-je vous donner l'exemple de souffrir, Comme vous me donnez celui de vous offrir !

L'ensemble. — Polyeucte vient d'être baptisé, à l'insu de sa femme Pauline. Invité au temple en l'honneur de la présence de Sévère, il confie à son ami Néarque qu'il a décidé de s'y rendre pour briser les idoles et chercher le martyre. Il fait preuve là d'une ardeur entraînante et sublime où nous retrouvons l'écho de la foi si vive et si sincère de Corneille lui-même. 

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