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L'activité artistique peut-elle libérer l'homme ?

Publié le 23/01/2004

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.. qui dévoile le monde.Bien sûr, une oeuvre est engagée lorsqu'elle exprime un parti pris et s'intègre dans une lettre ouvertement menée par son auteur. Mais cette perception de l'art engagé est beaucoup trop restrictive. Elle feint d'ignorer que toute oeuvre est un acte de dévoilement du réel et que l'artiste ne ressemble pas à Zeuxis, ce peintre grec qui représentait de façon si réaliste les grains de raisin sur ses fresques que les pigeons venaient s'y briser le bec. Il n'y a pas d'oeuvre qui ne trouve sa satisfaction dans un engagement par rapport au contexte qui l'a vu naître. C'est que, en retournant la perspective, « la littérature (l'art) d'une époque, c'est l'époque digérée par sa littérature (son art) », comme le confia Sartre à Madeleine Chapsal. L'engagement apparaît comme ce mécanisme de digestion, d'appropriation du réel, « biologiquement » indispensable à une oeuvre d'art !C'est la raison pour laquelle les artistes ont toujours été les premières victimes de la répression. Créant librement de nouvelles réalités, ils vont nécessairement à contre-courant de ce qui prive l'homme de liberté.  [L'artiste peut être soumis à des codes esthétiques. Il suit une démarche trop personnelle et nous éloigne de la réalité.

« l'engagement par l'oeuvre elle-même? Ne devrait-on pas dire toujours d'une grande oeuvre qu'elle est engagée? ...

est impliqué par le processus de création artistique...Sartre rappelle, dans Qu'est-ce que la littérature ?, que « l'écrivain engagésait que la parole est action ».

Si la littérature engagée, c'est la littératureperçue comme une action, alors toute littérature est, par définition,engagée.

« La fonction de l'écrivain — ajoute Sartre — est de faire en sorteque nul ne puisse ignorer le monde et que nul ne s'en puisse dire innocent.

»Ainsi, lorsqu'il décrit les conditions de vie des mineurs, Zola s'engage autantque par la défense du capitaine Dreyfus.

De la même façon, Le Rouge et leNoir est une oeuvre profondément engagée, car le miroir que promèneStendhal sur les traces de Julien Sorel réfléchit l'image d'une société ossifiée,repliée sur elle-même.

Dans ce monde qui ressemble à un tombeau (laprovince, le séminaire), ceux qui ont l'énergie de vouloir respirer l'air de leurspassions, ceux-là doivent combattre.

L'oeuvre d'art dévoile, elle ne reproduitpas ce qui est (comme le pensaient les Grecs), elle donne à voir et à sentirce qui était avant elle inaperçu.

Dans le domaine pictural, l'exemple deGuernica, présentée à Paris au Pavillon républicain de l'Expositioninternationale, est significatif.

Le tableau montre à une opinion (peudésireuse d'ouvrir les yeux en 1937) l'horreur de la guerre d'Espagne.

Cescorps éclatés, ces membres que semble disproportionner la douleur, cettemêlée enfin d'où l'on ne distingue plus les hommes des bêtes, rendentsensible la détresse d'un peuple.

Au-delà du bombardement du petit village espagnol, c'est l'atrocité de tout un siècle qui est représentée, un siècle « noir et gris ». ...

qui dévoile le monde.Bien sûr, une oeuvre est engagée lorsqu'elle exprime un parti pris et s'intègre dans une lettre ouvertement menéepar son auteur.

Mais cette perception de l'art engagé est beaucoup trop restrictive.

Elle feint d'ignorer que touteoeuvre est un acte de dévoilement du réel et que l'artiste ne ressemble pas à Zeuxis, ce peintre grec quireprésentait de façon si réaliste les grains de raisin sur ses fresques que les pigeons venaient s'y briser le bec.

Iln'y a pas d'oeuvre qui ne trouve sa satisfaction dans un engagement par rapport au contexte qui l'a vu naître.C'est que, en retournant la perspective, « la littérature (l'art) d'une époque, c'est l'époque digérée par salittérature (son art) », comme le confia Sartre à Madeleine Chapsal.

L'engagement apparaît comme ce mécanismede digestion, d'appropriation du réel, « biologiquement » indispensable à une oeuvre d'art !C'est la raison pourlaquelle les artistes ont toujours été les premières victimes de la répression.

Créant librement de nouvelles réalités,ils vont nécessairement à contre-courant de ce qui prive l'homme de liberté.

[L'artiste peut être soumis à des codes esthétiques.

Il suit une démarche trop personnelle et nous éloigne de la réalité.

Il ne peut donc nous aider à être libres.] La liberté de l'artiste est trop particulière pour être celle des autresL'artiste est peut-être libre de créer ce qu'il veut.

Mais sa liberté ne me sert à rien.

Il est trop enfermé dans sonpropre monde, il crée un univers trop personnel que je ne comprends pas.

Picasso est peut-être un grand artiste,mais à moi, il ne me parle pas.

Il a su peut-être ouvrir une nouvelle voie dans l'art, mais sa voie n'est pas lamienne.

C'est pourquoi il ne peut pas m'aider à être libre. L'artiste peut être aliénéL'artiste peut être prisonnier de la mode, de la technique, des codes esthétiques de son époque et de sa société.Le théâtre classique est prisonnier de règles établies par des théoriciens, comme les trois unités, la bienséance.

Parailleurs, certains artistes ou certaines écoles artistiques se donnent un «programme» contraignant, qui peut vitetourner à la dictature: pensons au groupe surréaliste ou au «réalisme socialiste» du régime soviétique, etc.. »

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