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L'AFFRONT - Acte I - Scène III LE COMTE, DON DIÈGUE (Le Cid de Corneille) - Commentaire

Publié le 11/03/2011

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don

le comte. Enfin vous remportez, et la faveur du Roi Vous élève en un rang qui n'était dû qu'à moi : Il vous fait gouverneur du prince de Castille. don Diègue. Cette marque d'honneur qu'il met dans ma famille Montre à tous qu'il est juste, et fait connaître assez Qu'il sait récompenser les services passés. le comte. Pour grands que soient les rois, ils sont ce que [nous sommes : Ils peuvent se tromper comme les autres hommes ; Et ce choix sert de preuve à tous les courtisans Qu'ils savent mal payer les services présents. don Diègue. Ne parlons plus d'un choix dont votre esprit s'irrite : La faveur l'a pu faire autant que le mérite ; Mais on doit ce respect au pouvoir absolu, De n'examiner rien quand un roi l'a voulu. A l'honneur qu'il m'a fait ajoutez-en un autre; Joignons d'un sacré nœud ma maison à la vôtre : Vous n'avez qu'une fille, et moi je n'ai qu'un fils ; Leur hymen nous peut rendre à jamais plus qu'amis : Faites-nous cette grâce, et l'acceptez pour gendre.

le comte. A des partis plus hauts ce beau fils doit prétendre, Et le nouvel éclat de votre dignité Lui doit enfler le cœur d'une autre vanité. Exercez-la, Monsieur, et gouvernez le Prince : Montrez-lui comme il faut régir une province, Faire trembler partout les peuples sous sa loi, Remplir les bons d'amour et les méchants d'effroi. Joignez à ces vertus celles d'un capitaine : Montrez-lui comme il faut s'endurcir à la peine, Dans le métier de Mars se rendre sans égal, Passer les jours entiers et les nuits à cheval, Reposer tout armé, forcer une muraille, Et ne devoir qu'à soi le gain d'une bataille. Instruisez-le d'exemple, et rendez-le parfait, Expliquant à ses yeux vos leçons par l'effet. don Diègue. Pour s'instruire d'exemple, en dépit de l'envie, Il lira seulement l'histoire de ma vie. Là, dans un long tissu de belles actions, Il verra comme il faut dompter des nations, Attaquer une place, ordonner une armée, Et sur de grands exploits bâtir sa renommée. le comte. Les exemples vivants sont d'un autre pouvoir ; Un prince dans un livre apprend mal son devoir. Et qu'a fait après tout ce grand nombre d'années Que ne puisse égaler une de mes journées ? Si vous fûtes vaillant, je le suis aujourd'hui, Et ce bras du royaume est le plus ferme appui. Grenade et l'Aragon tremblent quand ce fer brille ; Mon nom sert de rempart à toute la Castille : Sans moi, vous passeriez bientôt sous d'autres lois, Et vous auriez bientôt vos ennemis pour rois. Chaque jour,chaque instant,pour rehausser ma gloire, Met lauriers sur lauriers, victoire sur victoire. Le Prince à mes côtés ferait dans les combats L'essai de son courage à l'ombre de mon bras ; Il apprendrait à vaincre en me regardant faire, Et, pour répondre en hâte à son grand caractère, Il verrait..... don Diègue. Je le sais, vous servez bien le Roi : Je vous ai vu combattre et commander sous moi. Quand l'âge dans mes nerfs a fait couler sa glace, Votre rare valeur a bien rempli ma place ; Enfin, pour épargner les discours superflus, Vous êtes aujourd'hui ce qu'autrefois je fus. Vous voyez toutefois qu'en cette concurrence Un monarque entre nous met quelque différence. le comte. Ce que je méritais, vous l'avez emporté. don Diègue. Qui l'a gagné sur vous l'avait mieux mérité. le comte. Qui peut mieux l'exercer en est bien le plus digne.

don Diègue. En être refusé n'en est pas un bon signe. le comte. Vous l'avez eu par brigue, étant vieux courtisan. don Diègue. L'éclat de mes hauts faits fut mon seul partisan.

le comte. Parlons-en mieux, le Roi fait honneur à votre âge.

don Diègue. Le Roi, quand il en fait, le mesure au courage. le comte. Et par là cet honneur n'était dû qu'à mon bras. don Diègue. Qui n'a pu l'obtenir ne le méritait pas. le comte. Ne le méritait pas ! Moi ? don Diègue. Vous. le comte. Ton impudence, Téméraire vieillard, aura sa récompense. [Il lui donne un soufflet.) don Diègue, mettant l'épée à la main. Achève, et prends ma vie après un tel affront, Le premier dont ma race ait vu rougir son front. le comte. Et que penses-tu faire avec tant de faiblesse ? don Diègue. O Dieu ! ma force usée en ce besoin me laisse ! le comte. Ton épée est à moi ; mais tu serais trop vain Si ce honteux trophée avait chargé ma main.

Adieu. Fais lire au Prince, en dépit de l'envie, Pour son instruction, l'histoire de ta vie : D'un insolent discours ce juste châtiment Ne lui servira pas d'un petit ornement.

Ici Corneille se rapproche de Guillen de Castro. C'est Guillen de Castro qui a imaginé l'occasion de la dispute, c'est lui qui en a dessiné le mouvement, c'est lui encore qui a fourni le thème de deux des plus beaux couplets. Déjà, chez lui, le Comte raillait en ces termes la faiblesse de Don Diègue : « Lorsqu'il voudra enseigner au Prince le devoir d'un chevalier dans les tournois ou sur les champs de bataille, pourra-t-il lui montrer par l'exemple à faire voler une lance en éclats, comme je le fais tous les jours, à mettre un cheval hors d'haleine ? « Et déjà Don Diègue répliquait : « Si je manque aujourd'hui de force pour rompre une lance ou épuiser un cheval de guerre, je donnerai à lire au prince l'histoire de mes exploits. «

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« Qui peut mieux l'exercer en est bien le plus digne. don Diègue. En être refusé n'en est pas un bon signe. le comte. Vous l'avez eu par brigue, étant vieux courtisan. don Diègue.

L'éclat de mes hauts faits fut mon seul partisan. le comte. Parlons-en mieux, le Roi fait honneur à votre âge. don Diègue. Le Roi, quand il en fait, le mesure au courage. le comte. Et par là cet honneur n'était dû qu'à mon bras.

don Diègue. Qui n'a pu l'obtenir ne le méritait pas. le comte. Ne le méritait pas ! Moi ? don Diègue. Vous. le comte. Ton impudence, Téméraire vieillard, aura sa récompense.

[Il lui donne un soufflet.) don Diègue, mettant l'épée à la main.

Achève, et prends ma vie après un tel affront, Le premier dont ma race ait vurougir son front. le comte. Et que penses-tu faire avec tant de faiblesse ? don Diègue. O Dieu ! ma force usée en ce besoin me laisse ! le comte. Ton épée est à moi ; mais tu serais trop vain Si ce honteux trophée avait chargé ma main. Adieu.

Fais lire au Prince, en dépit de l'envie, Pour son instruction, l'histoire de ta vie : D'un insolent discours cejuste châtiment Ne lui servira pas d'un petit ornement. *** Ici Corneille se rapproche de Guillen de Castro.

C'est Guillen de Castro qui a imaginé l'occasion de la dispute, c'est luiqui en a dessiné le mouvement, c'est lui encore qui a fourni le thème de deux des plus beaux couplets.

Déjà, chezlui, le Comte raillait en ces termes la faiblesse de Don Diègue : « Lorsqu'il voudra enseigner au Prince le devoir d'unchevalier dans les tournois ou sur les champs de bataille, pourra-t-il lui montrer par l'exemple à faire voler une lanceen éclats, comme je le fais tous les jours, à mettre un cheval hors d'haleine ? » Et déjà Don Diègue répliquait : « Sije manque aujourd'hui de force pour rompre une lance ou épuiser un cheval de guerre, je donnerai à lire au princel'histoire de mes exploits.

». »

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