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A l'aide d'exemples empruntés à la littérature, au cinéma, à la peinture, à la musique, à votre guise, expliquez et commentez cette boutade d'O. Wilde (fin du XIXe siècle) : « La Nature finit toujours par ressembler à l'Art. »

Publié le 29/03/2011

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wilde

   Questions et problèmes    Formule surprenante, paradoxale. A quoi sert-elle? Et contre qui ou quoi? Elle sert à faire accepter quelque chose qui ne passerait pas facilement pour un public qui, de toute évidence, est persuadé de la supériorité de la nature sur l'art. On comprend que Wilde prend ici l'exact contre-pied d'une idée reçue, tenace : celle qui affirme que la fonction de l'art est simplement de reproduire la réalité. Autrement dit, la formule « banale « aurait été : « L'art ressemble toujours à la nature «.

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« confiner dans la recherche d'une impossible ressemblance avec le réel.

L'art fait ainsi partie de la réalité, qu'ilcontribue à faire lire, découvrir, comprendre, en même temps qu'il contribue à la modifier.

Mais cette formule trouveévidemment ses limites par le public auquel elle s'adresse : la nature ne saurait ressembler à l'art que pour tous ceuxqui disposent d'une culture artistique véritable.

Pour les autres le processus risque d'être beaucoup plus long, mêmesi, au bout du compte, la culture est en effet constituée non à partir du « réel » mais à partir de l'art.

Enfin, elle nesaurait être pertinente que dans la mesure où l'idée qu'elle a du réel est elle-même pertinente. Précision historique A supposer (ce qui n'est pas absurde pour un sujet traité en classe) que les élèves puissent bénéficier de résultatsd'enquêtes, de lectures (c'est-à-dire à supposer, ce qui est souhaitable, que ce genre de dissertation, très difficile,ait été préparée par un travail collectif), ils sauraient qu'il y a eu une mobilisation esthétique (à défaut de politique)contre l'utilitarisme et le positivisme bourgeois, à la fin du XIXe siècle.

Dans le domaine français, Baudelaire, Gautieravaient lancé l'offensive : l'art n'a à se préoccuper que de sa propre vérité et de sa propre efficacité; quelles quesoient les déviations et les dégénérescences décadentistes de l'école de l'art pour l'art, il faut voir que pourl'essentiel elle représente en l'absence de perspectives politiques de changement, une réaction saine contre lemonopole bourgeois du progrès, de l'utile et de la raison et qu'elle constitue une protestation de la consciencesensible et malheureuse contre la dictature de l'argent.

Les symbolistes et les impressionnistes ne tiennent pas unautre langage; ils parlent formes et vérité des formes, contre une littérature et contre une peinture officielles oùtriomphe de plus en plus le style « pompier ».

Il est parfaitement possible de faire lire les manifestes et textesthéoriques de ces écrivains.

Au premier rang, la réponse de Mallarmé à l'enquête de Jules Huret, qui s'achève surune formule fameuse, parallèle à celle de Wilde : « Le monde entier est fait pour aboutir à un beau livre ».

Dans ledomaine anglais, pourquoi ne pas demander au collègue concerné de faire lire Essay on the art writing deStevenson, des textes de Wilde, certains passages de Forsyte Saga de Galsworthy? Toujours dans le domaineanglais, quel professeur de français ne souhaiterait que ses élèves aient entendu parler de Ruskin et despréraphaélites? A partir de ces éléments épars, comment constituer l'essai? Schéma de l'essai Introduire Il suffit — en l'absence de tout autre moyen — de souligner le caractère provocateur, paradoxal de cette formule,ou encore de partir d'un exemple (emprunté à la peinture ou à la littérature, etc.). Première partie : la conception vulgaire de Part et celle de Wilde a) L'art doit reproduire la nature (laquelle?) : reprendre ici les éléments donnés dans les questions préliminaires. b) Mais ceux qui soutiennent ce point de vue rejettent parfois l'art s'il se met à être trop réaliste.

Voir Pot-Bouille,où une petite bourgeoise rend un roman au jeune homme qui lui fait la cour en lui disant : « Tenez, je vous rendsvotre Balzac, cela ressemble trop à la vie ».

Pour accepter par conséquent l'idée d'un art ressemblant, il faut aussiaccepter le réel que cet art « reproduit ».

Cela a aussitôt des conséquences importantes : l'art pourra être réalistetant qu'il ne s'en prendra pas à ce qui déplaît dans le réel (laideur, souffrance, misères de toutes sortes).

Dès qu'ilne peindra plus de couchers de soleil, le peintre pourra, ainsi, être accusé de « caricaturer », de cultiver l'ordurepour l'ordure, etc.

(voir les reproches adressés à Zola, à Maupassant en littérature, mais aussi à Manet — et déjà àLa Bruyère qui répondait : « Je rends au public ce qu'il m'a prêté.

»). c) L'idée d'un art reproducteur de la réalité risque aussi de conduire à une image de cette réalité moralisante,exemplaire, simplifiante.

C'est aussi ce danger-là que Wilde dénonce : ceux qui croient pouvoir reproduire le réel,c'est-à-dire ceux qui ne s'interrogent pas sur la complexité de ce réel, n'en donnent ou n'en donneront qu'une imageconformiste, reçue, et par là même fausse et inintéressante. d) Ainsi l'idée sous-jacente à la formule de Wilde semble plutôt être : la nature finira bien, ou doit finir parressembler à l'art, c'est-à-dire par être perçue comme l'art véritable la donne à percevoir : complexe, contradictoire,mystérieuse, et surtout beaucoup plus riche que la nature brute d'une expérience non informée.

En tout cas commequelque chose à construire, à inventer sans cesse et non comme quelque chose de donné. Contre la bourgeoisie et son goût du réalisme plat, ou contre le naturalisme et son réalisme appauvrissant, Wildeaffirme le caractère contradictoire et le pouvoir transformateur de l'art. Enfin — et c'est l'essentiel — la formule de Wilde implique que l'image de la réalité est une image en transformationet en devenir, que la nature n'est ni éternelle ni fixée, puisqu'elle a autant de formes que l'artiste en fera naître oudont il fera découvrir l'intérêt. Deuxième partie : conséquences, actualité et validité de la formule a) Si la nature n'est pas ce que croit voir ou comprendre le « bon sens », si c'est ce que l'art élabore en le. »

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