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Aimé Cesaire, La tragédie du Roi Christophe, Acte I.

Publié le 26/04/2011

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cesaire

« Précisément, ce peuple doit se procurer, vouloir, réussir quelque chose d'impossible! contre le Sort, contre l'Histoire, contre la Nature ah! ah! l'insolite attentat de nos mains nues! Porté par nos mains blessées, le défi insensé! Sur cette montagne, la rare pierre d'angle, le fondement ferme, le bloc éprouvé! Assaut du ciel, ou reposoir du soleil, je ne sais, la première charge au matin de la relève! Regardez, Besse, imaginez, sur cette peu commune plate-forme, tournée vers le nord magnétique, cent trente pieds de haut. Vingt d'épaisseur les murs, chaux et cendre de bagasse (1), chaux et sang de taureau, une citadelle! Pas un palais. Pas un château-fort pour protéger mon bien-tenant (2). Je dis la citadelle, la liberté de tout un peuple. Bâtie par le peuple tout entier, hommes et femmes, enfants et vieillards, bâtie pour le peuple tout entier! Voyez, sa tête est dans les nuages, ses pieds creusent l'abîme, ses bouches (3) crachent la mitraille jusqu'au large des mers, jusqu'au fond des vallées, c'est une ville, une forteresse, un lourd cuirassé de pierre... Inexpugnable, Besse, inexpugnable! Mais oui, ingénieur, à chaque peuple ses monuments! A ce peuple qu'on voulut à genoux, il fallait un monument qui le mît debout. Le voici! Surgie! Vigie! « Aimé Cesaire, La tragédie du Roi Christophe, Acte I. Vous donnerez un commentaire composé, sous forme de dissertation, de cette tirade du Roi Christophe à son ingénieur des travaux, Besse, en analysant, par exemple, le symbole de cette forteresse, les raisons de ce défi et les moyens par lesquels Aimé Césaire nous rend sensibles la passion et la folie de son héros (images, rythme, sonorités).

(1) Bagasse : canne passée au moulin, dont on a extrait le sucre et qui n'est donc plus utilisable. (2) Bien-tenant : ici, celui qui possède les biens par succession (terme inusité). (3) Bouches à feu : ce sont des canons.   

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