ALAIN BOSQUET

« POÈTES FRA7'iÇAIS D'AUJOURD'm;I M'appartiens-tu, femme rebelle qui prends la forme du caillou ? Regarde-moi.

Je suis ton maître et je t'enseigne finfini: à chaqHe pas il faut renaître devant un verbe qui unit fobéissance à l'aventure.

Je reconstruis ton bras naissant, je recompose ta figure, mais c'est au fond de notre sang que ce périple nous ramène, enfants que clwsse la pâleur et dont le songe vaut à peine une syllabe qui se meurt.

219 (Langue morte) On voit dans ce po;',me apparaître deux idées-force qui nourriront désormais l'inspiration d'Alain Bosquet : La première est l'interchangeabilité des éléments cos· miques humains et non humains.

La seconJe, l'interdépen• dance de l'homme et du langage.

Dans A la mémoire de ma pkmète, Bosquet exprimait sa crainte de voir se disjoindre et disperser au vent des cataclysmes.

la planète où nous sommes.

Il y revien'lra maintes fois, avec une insistance que les progrès le-s plus récents de la science atomique et l'utilll:ation guerrière qu'on en veut faire justi~ient abondamment.

Dans Q:1el royaume oublié?, il opère, par anticipation, une sorte de remembrement de ce monde démembré.

C'est pour mon· trer à quel point l'homme y a peu d'importance et combien sont arbitraires les représentations purement anthropomor­ phiques qu'il s'en fuit.

Ce monde reconstitué (qui n'est pas sans ressembler à celui d'avant la faute ...

) est u.> monde où les notions dimensionnelles et cm11parativ;:;s n'ont pas cours.

Encore moins la notion du langage, que celui-ci défi· nisse deB ressemblances ou des oppositions, qu'il vise à dégager dea symboles, à exprimer \L'le essence, à fai.re un inventaire, à consacrer ou à dénoncer une « condition :..

Au sein de ce « royaume oublié » - oublié par l'intelli-. »