Devoir de Philosophie

ALAIN-FOURNIER: Le Grand Meaulnes

Publié le 28/02/2011

Extrait du document

alain

Le roman parait en 1913. Dans les années qui précèdent la Grande Guerre, il se produit un renouveau d'aspirations spiritualistes et même authentiquement religieuses exprimées par de grands poètes ou dramaturges comme Péguy et Claudel. Alain-Fournier n'y est pas étranger. Cependant la forme romanesque, prenant pour héros un adolescent vivant dans un univers d'autres adolescents, et même d'enfants, est alors tout à fait originale. L'autre adolescent amoureux et révolté n'apparaîtra qu'en 1923 (Radiguet : Le Diable au corps). Mais pour admirable que soit cette œuvre, la psychologie l'emporte sur la poésie et l'anarchie du cœur et des sens sur la recherche spirituelle. Il faudra attendre beaucoup plus tard l'œuvre d'André Dhôtel pour retrouver le véritable héritage d'Alain-Fournier avec ces romans où les jeunes héros, au cœur de la nature sauvage, baignent dans le mystère et dans l'attente d'un « ailleurs «.   

alain

« (Yvonne, puis Frantz et Valentine) ou même n'en avoir plus du tout : « Partant avec elle pour de nouvellesaventures » (fin).

L'important c'est l'état de recherche fiévreuse du bonheur, d'un paradis caché qui se désintègredès que Meaulnes tente de le concrétiser.

D'où les ruptures de rythmes, la succession de recherches fébriles,d'exaltations passagères, de mornes retombées.

Du reste, le roman ne s'achève pas : Meaulnes ne cessera jamaisde courir après la chimère. 2.

A quoi correspond la division en trois parties ? a/ De longueur presque identique, elles sont construites de manière très parallèle, chacune en trois mouvements :l'attente, la recherche presque victorieuse, l'échec, semblant décrire une sorte de courbe irrégulière lentementascendante, puis brutalement descendante.

On notera qu'à l'intérieur de la 1re partie, le récit proprement dit de lafête suit ce même processus : découverte progressive du monde merveilleux de la fête enfantine (chap.

vu à xiv) ;le point d'orgue constitué par l'apparition éclatante d'Yvonne (chap.

xv), puis l'inquiétude s'installe, la fête se diluedans la tristesse d'un départ désordonné (chap.

xvi et xvii). b/ Cependant il y a évolution et non répétition d'une partie à l'autre. La V partie débute dans une sorte de douce torpeur (chap.

i) se dissipant lentement jusqu'au départ de Meaulnes(chap.

iv).

Puis le récit par Meaulnes de son équipée dont il a seulement ramené un gilet de soie (chap.

vii) sedéveloppe jusqu'à la fin.

Mais, pour pitoyable que soit le dénouement et brouillée que soit la piste, Meaulnes nedésespère pas de la retrouver. La 2e partie débute dans l'exaltation de l'attente, Meaulnes n'est plus seul : François puis Frantz, d'abord déguiséen bohémien et qui semble détenir des informations, se joignent à la recherche : entre eux trois, un pacte de fidélitése lie.

Mais au moment où l'espérance est portée à son comble, la roulotte disparaît et avec elle tout espoir deretrouver le Domaine et la jeune fille : « la neige tomba [...] brouillant toute piste, effaçant les dernières traces» (p.188).

Donc approfondissement du désespoir. La 3e partie consacre l'échec du rêve : les trois premiers chapitres, d'où Meaulnes et Frantz sont absents, décriventun tranquille mais trompeur bonheur champêtre.

Mais la révélation de l'amour malheureux de Frantz confirme l'échecdéfinitif de Meaulnes dont le bonheur ne peut plus se cristalliser sur Yvonne.

Ni le Domaine ni la jeune fille ne sontplus l'objet de son désir : leur mariage n'est qu'une duperie du destin.

Dès lors, Meaulnes apparaît comme habité parla mauvaise conscience et c'est le triomphe de la mort (Yvonne, M.

de Galais, Bélisaire) et de la solitude (Meaulneset François). 3.

Importance du temps L'architecture du roman permet donc de décrire une sorte de descente progressive de Meaulnes en enfer.

Ilreproduit l'œuvre de dégradation apportée au rêve par le temps qui passe.

Des printemps, des étés, des hivers sesont succédé et ils ont tout abîmé : les lieux, les personnes, les sentiments (3e partie, chap.

vi). 4.

Quelques temps forts Chacune des trois parties comporte au moins un chapitre d'où se dégagent quelques-uns des sens du roman.

Thèmedu bonheur céleste (ln partie, chap.

xv : apparition d'Yvonne), thème de l'amitié liée par le serment dans le culte dumême idéal (2' partie, chap.

iv), thème de l'échec de l'amour humain (3e partie, chap.

xi). L'humble vie paysanne Cette histoire romanesque baigne pourtant dans une observation de la réalité paysanne aussi minutieuse quenostalgique. 1.

Un village au début de ce siècle C'est Sainte-Agathe, perdu au fond de la Sologne, coupé du monde, à 14 km de la gare de la Ferté-d'Angillon, sansautre moyen de communication que la carriole qu'on emprunte à un fermier.

Village situé au cœur d'une immenseplaine coupée d'un marais.

La forêt s'étend au loin. 2.

L'école : point de départ de l'aventure Elle est tenue par un couple d'instituteurs.

Lui, M.

Seurel, enseigne aux grands du cours supérieur dont les plustravailleurs préparent l'Ecole normale, suprême ambition intellectuelle et promotion sociale ; sa femme Millie a encharge les petits.

Le niveau de vie de la famille est fruste : Millie s'épuise la vue en travaux d'aiguille, la venue desgrands-parents (gens bien modestes) tient lieu de fête rituelle (pp.

24 et 25). L'école elle-même est bien restituée avec sa cour ravinée par les pluies, la grille rouillée qui grince (p.

36).

Lesélèves sont de petits paysans qui ont « dans leurs blouses un goût de foin et d'écurie » (p.

41), Meaulnes lui-mêmen'a extérieurement rien du jeune premier romantique.

Il apparaît avec « un chapeau de feutre paysan et sa blousenoire sanglée d'une ceinture » ; il a « les cheveux complètement ras comme un paysan » (p.

18).. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles