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Alain: Perception et Anticipation

Publié le 12/04/2005

Extrait du document

alain
La perception est exactement une anticipation de nos mouvements et de leurs effets. Et sans doute la fin est toujours d'obtenir ou d'écarter quelque sensation, comme si je veux cueillir un fruit ou éviter le choc d'une pierre. Bien percevoir, c'est connaître d'avance quel mouvement j'aurai à faire pour arriver à ces fins. Celui qui perçoit bien sait d'avance ce qu'il a à faire. Le chasseur perçoit bien s'il sait retrouver ses chiens qu'il entend, il perçoit bien s'il sait atteindre la perdrix qui s'envole. L'enfant perçoit mal lorsqu'il veut saisir la lune entre ses mains et ainsi du reste. Donc ce qu'il y a de vrai ou de douteux, ou de faux dans la perception, c'est cette évaluation, si sensible surtout à la vue dans la perspective et le relief, mais sensible aussi pour l'ouïe et l'odorat, et même sans doute pour un toucher exercé, quand les mains d'un aveugle palpent. Quant à la sensation elle-même, elle n'est ni douteuse, ni fausse ni par conséquent vraie ; elle est actuelle1 toujours dès qu'on l'a. Ainsi ce qui est faux dans la perception d'un fantôme, ce n'est point ce que nos yeux nous font éprouver, lueur fugitive ou tache colorée, mais bien notre anticipation. Voir un fantôme c'est supposer, d'après les impressions visuelles, qu'en allongeant la main on toucherait quelque être animé (...). Mais pour ce que j'éprouve actuellement, sans aucun doute je l'éprouve ; il n'y a point de science de cela puisqu'il n'y a point d'erreur de cela. Toute étude de ce que je ressens consiste toujours à savoir ce que cela signifie et comment cela varie avec mes mouvements. Alain

Ce texte, contrairement à ce qu'une première impression pourrait laisser penser, ne pose pas de difficulté majeure. L'enjeu principal du commentaire sera de bien distinguer tous les termes qu'il met en œuvre : “ perception, sensation, anticipation, connaissance, mouvement ”. Nous pourrons ainsi comprendre le processus de perception décrit par Alain.

*De façon classique, Alain commence par énoncer sa thèse (“ La perception est exactement...le choc d'une pierre ”) : la perception est par nature anticipation du mouvement ; elle répond à une fin.

 *Dans un deuxième temps (“ Bien percevoir...et ainsi du reste ”), l'auteur explique ce qu'est bien percevoir. Alain n'y définit donc pas la nature de la perception, mais plus précisément détermine ce qu'est la vraie perception. Il finit par conclure (“ Donc ce qu'il y a...aveugle palpent ”) que la vérité ou la fausseté d'une perception découlent de cette anticipation qui l'accompagne.

 *Dans un troisième temps (“ Quant à la sensation... être animé ”), l'auteur fait voir que la sensation, considérée en elle-même, ne contient ni vérité ni fausseté. Il détermine ainsi le rôle de la sensation dans la perception.

 *Enfin, l'auteur conclut en deux phrases (“ Mais pour ...mes mouvements ”).  

alain

« A -Perception et mouvementB -La finalité du mouvement 2.

Le vrai et le faux dans la perceptionA -La vraie perceptionB -D'où vient l'erreur dans la perception ? 3.

Nature de la sensationA -La sensation n'est ni vraie ni fausseB -Les temps de la perceptionC -Le phénomène et le jugement Conclusion Introduction Le problème de la perception a toujours hanté la tradition philosophique car il pose une question fondamentale : quelest le rapport entre l'homme et le monde, comment est possible un rapport sensible aux choses ? Plus précisément,la question s'est posée de savoir d'où vient l'erreur dans la perception sensible.Dans ce texte, Alain s'efforce précisément d'analyser le processus de perception, et de découvrir comment naîtl'erreur dans la perception.

Il met en évidence le rôle essentiel que joue l'anticipation : elle constitue un processusqui dépasse l'actualité de la sensation, va au-delà du présent, et fonde la possibilité de l'erreur.Comment se compose la perception ? Quel rôle y joue l'anticipation ? La sensation ? Telles sont les questionsauxquelles nous allons nous efforcer de répondre, en étudiant le texte d'Alain. 1.

La thèse du texte Alain établit sa thèse dans les premières lignes de son texte (“ La perception est exactement...

le choc d'une pierre”).

Il définit ainsi les rapports entre perception et mouvement, et assigne une finalité à la perception.

Commentprocède-t-il ? A.

Perception et mouvement La première affirmation (“ La perception est exactement...

leurs effets ”) d'Alain peut sembler paradoxale.

En effet,nous avons l'habitude d'associer la perception à l'appréhension d'un objet.

La perception ne concernerait pas lemouvement, mais se rapporterait simplement au contact avec une chose extérieure.Or Alain nous dit l'inverse : la perception est tout entière tournée vers le mouvement futur, c'est-à-dire versl'action.

La perception est “ anticipation ” des “ effets ” de nos mouvements : autrement dit, elle ne prend encompte le présent que pour le dépasser et envisager un mouvement futur.

Elle est donc constituée par uneprévision imaginaire des mouvements futurs, réglée sur l'état présent.En réalité, la thèse d'Alain n'est pas nouvelle : elle est établie par la psychologie de l'époque, et reprise par Bergsondans le premier chapitre de Matière et mémoire.

Bergson affirme en effet que nous ne percevons que dans la mesureoù nous avons besoin d'agir. B.

La finalité du mouvement Après avoir posé sa première thèse, Alain apporte une précision concernant la finalité du mouvement : il s'agittoujours d'agir sur une sensation pour en amener une autre.

L'action est motivée par une sensation.

Ce faisant,Alain établit la nature de l'anticipation : elle est aussi une sensation imaginée, prévoyant la nature de la sensationfuture.

Les exemples sont explicites : l'anticipation comme motif du mouvement est l'image d'une satisfaction future,donc d'une sensation future. 2.

Le vrai et le faux dans la perception Dans un deuxième moment de son texte (“ Bien percevoir...

aveugle palpent ”), Alain tente de répondre à laquestion : qu'est-ce que bien percevoir ? Qu'est-ce qu'une perception vraie ? Il procède en deux temps.

Toutd'abord, il tente d'établir la nature de la perception vraie (“ Bien percevoir...

et ainsi du reste ”).

Puis il déterminel'origine de l'erreur dans la perception (“ Donc ce qu'il y a...

aveugle palpent ”). A.

La vraie perception Qu'est-ce qu'une perception vraie ? Comment se définit l'acte de “ bien percevoir ” ? Alain donne une réponseconforme aux principes qu'il a posés plus haut : la véracité de la perception réside dans l'adéquation entrel'anticipation et sa réalisation.

La vérité de la perception ne réside donc pas dans l'objet que je perçoisactuellement, mais dans ce que je prévois de faire avec lui.

La vérité de la perception n'est donc pas actuelle, maisfuture.On comprend qu'Alain emploie ici des termes se rapportant à la connaissance : une perception est vraie lorsquel'anticipation se vérifie, autrement dit lorsque l'on connaît adéquatement son résultat.

C'est pourquoi la véracité. »

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