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ALAIN: TEXTES DE RÉFÉRENCE

Publié le 17/06/2012

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L'humeur n'est qu'animale si elle ne prend forme dans un caractère : et il n'y a guère que de l'humeur chez un tout petit enfant. Le caractère est l'humeur pensée, et donc quelque chose de plus que l'humeur ; car ce n'est pas peu de chose de juger au sujet de sol-même que l'on est et que l'on sera jaloux. vindicatif, triste ou poltron. Ainsi le caractère réagit déjà sur l'humeur. Toutefois le caractère retombe à l'humeur s'il n'est soutenu et comme sacré, c'est le mot propre, par la fonction sociale. Ainsi d'un côté l'inférieur porte le supérieur, en ce sens qu'il lui donne contenu et matière ; mais c'est le supérieur qui donne à l'inférieur forme et consistance. Un homme isolé, tel qu'on a voulu peindre Robinson, n'est même plus nn homme ; j'ai vu dans Darwin qu'un naufragé retrouvé dans une île après denx ou trois ans ressemblait plus à un animal qu'à un homme. Seulement considérons des cas plus ordinaires et mieux observables. Un homme qui est trop peu engagé dans les actions et réactions de société, peut avoir un caractère ; il est même borné là ; mais dans ce continuel essai de notre personne au-dessus d'elle-même, qui ne dépasse plus retombe et descend, parce que le mécanisme extérieur le guette toujours et le reprend...

alain

« à l'idée d'une critique de la connaissance.

Car la première attention à nos propres erreurs nous fait voir qu'il y a des connaissances obscurcies par les passions, et aussi une immense étendue de connaissances invérifiables et pour nous sans objet, et qui ont deux sources, le langage, qui se prête sans résistance à toutes les combinaisons de mots, et les passions encore, qui inventent un autre univers, plein de dieux et de forces fatales, et qui y cherchent des aides magiques et des présages.

Et chacun comprend qu'il y a ici à critiquer et à fonder, c'est-à-dire à tirer de la critique des religions une science de la nature humaine, mère de tous les dieux.

On appelle réllexion ce mouvement critique, qui, de toutes les connaissances, revient toujours à celui qui les forme, en vue de le rendre plus sage.

(Eléments de philosophie).

Texte N• 72, -LA PERCEPTION Il est assez clair que la perception ne se distingue [ ...

]de l'in>agination que par une liaison de toutes nos expériences, et une vérification à chaque instant de toutes nos anticipations.

Mais dans la perception la plus rigoureuse, l'imagination circule toujours ; à chaque instant elle se montre et elle est éliminée, par une enquête prompte, par un petit changement de l'obser­ vateur, par un jugement ferme enfin.

Le prix de ce jugement ferme qui exorcise apparaît surtout dans le jeu des passions, par exemple la nuit, quand la peur nous guette.

Et même dans le grand jour les dieux courent d'arbre en arbre.

Cela se comprend bien ; nous sommes si lestes à juger, et sur de faibles indices, que notre perception vraie est une lutte continuelle contre des erreurs voltigeantes [ ...

] La perception est exactement une anticipation de nos mouvements et de leurs effets.

Et sans doute la fin est toujours d'obtenir ou d'écarter quelque sensation, comme si je veux cueillir un fruit ou éviter le choc d'une pierre.

Bien percevoir, c'est connaître d'avance quel mouvement j'aurai à faire pour arriver à ces fins.

Celui qui perçoit bien sait d'avance ce qu'il a à faire.

Le chasseur perçoit bien s'il sait retrouver ses chiens qu'il entend, il perçoit bien s'il sait atteindre la perdrix qui s'envole.

L'enfant perçoit mal lorsqu'il veut saisir la lune entre ses mains, et ainsi du reste.

Donc ce qu'il y a de vrai ou de douteux, ou de faux dans la perception, c'est cette évaluation, si sen­ sible surtout à la vue dans la perspective et le relief, mais sensible aussi pour l'ouïe et l'odorat, et même sans doute pour un toucher exercé, quand les mains d'un aveugle palpent.

Quant à la sensation elle-même, elle n'est ni douteuse, ni fausse, ni par conséquent vraie ; elle est actuelle toujours dès qu'on l'a.

Ainsi ce qui est faux dans la perception d'uq fantôme, ce n'est point ce que nos yeux nous font éprouver, lueur fugitive ou tache colorée, mals bien notre anticipation.

Voir un fantôme c'est supposer, d'après les impressions visuelles, qu'en allongeant la main on toucherait quelque être animé [ ...

].

Mais pour ce que j'éprouve actuellement, sans aucun doute je l'éprouve ; il n'y a point de science de cela puisqu'il n'y a point d'erreur de cela.

Toute étude de ce que je ressens consiste toujours à savoir ce que cela signifie et comment cela varie avec mes mouvements.

(Eléments de philosophie, I, 10 et 8).. »

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