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L'Albatros de Baudelaire (étude complète)

Publié le 07/09/2013

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baudelaire
 
Pour percevoir les différentes strates qui constituent un livre
condamné à l'inachèvement, car constamment en train de se
faire, il importe de restituer l'histoire de chacun des textes
qui le composent, en l'envisageant sous ses différentes variantes.
Les trois versions
On en trouvera un exemple dans l'un des poèmes les plus
célèbres des Fleurs du Mal, «L'Aibatros«, absent de l'édition
de 1857 et qui occupe la deuxième place dans l'édition de
1861 et dans celle, posthume, de 1868:
"Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons trainer à côté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec son brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.,.
Prarond cite « L' Albatros« parmi les poèmes de jeunesse que
Baudelaire lui aurait montrés en 1843. Baudelaire l'aurait
composé au cours du voyage dans l'océan Indien. Dans ses
souvenirs sur Baudelaire, Prarond précise: «Il est certain que
"L'Aibatros" lui fut suggéré par un incident de sa traversée.
Il nous le récita dès son retour.«
Ce témoignage est confirmé par un autre camarade que
Baudelaire fréquentait à cette époque, Henri Hignard, qui
rapporte que la poésie «avait été composée sur le pont du
navire en pleine mer«.
Même si nous ne savons pas en quoi consistait exactement
cette rédaction initiale, il apparaît donc certain que le poème
prend sa source dans cette expérience, l'important n'étant
d'ailleurs pas dans la réalité matérielle de l'incident, mais
dans l'incidence de celui-ci sur l'imaginaire baudelairien, dans
le traitement poétique original d'un thème somme toute banal.
Pourtant, « L' Albatros« parut pour la première fois avec
«Le Voyage« dans la Revue Française, le 10 avril 1859, avant
d'être repris dans l'édition de 1861 des Fleurs du Mal.
On peut donc s'interroger sur les raisons qui ont incité
Baudelaire à écarter ce poème de la première édition de
1857. La première trace matérielle de « L' Albatros« apparaît
sous la forme d'un placard (une feuille imprimée) à Honfleur,
en 1859, où il est accouplé au «Voyage« et précède la publication
dans la Revue Française. Baudelaire l'avait envoyé à
quelques-uns de ses amis, entre autres à Flaubert et à Asselineau.
C'est pour répondre à une suggestion de ce dernier que
Baudelaire ajouta par la suite une strophe à ce poème qui
n'en contenait primitivement que trois. Dans un article paru
en avril 1950, dans The Romanic Review, Eunice Morgan
Schenk et Margaret Gilman ont montré combien le poème
avait gagné à cet apport, l'actuelle troisième strophe, mais
aussi en quoi celle-ci se distingue des autres.



baudelaire

« Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule! Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid! L'un agace son bec avec son brûle-gueule, L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait! Le Poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l'archer; Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.,.

Prarond cite « L' Albatros» parmi les poèmes de jeunesse que Baudelaire lui aurait montrés en 1843.

Baudelaire l'aurait composé au cours du voyage dans l'océan Indien.

Dans ses souvenirs sur Baudelaire, Prarond précise: «Il est certain que "L'Aibatros" lui fut suggéré par un incident de sa traversée.

Il nous le récita dès son retour.» Ce témoignage est confirmé par un autre camarade que Baudelaire fréquentait à cette époque, Henri Hignard, qui rapporte que la poésie «avait été composée sur le pont du navire en pleine mer».

Même si nous ne savons pas en quoi consistait exactement cette rédaction initiale, il apparaît donc certain que le poème prend sa source dans cette expérience, l'important n'étant d'ailleurs pas dans la réalité matérielle de l'incident, mais dans l'incidence de celui-ci sur l'imaginaire baudelairien, dans le traitement poétique original d'un thème somme toute ba­ nal.

Pourtant, « L' Albatros» parut pour la première fois avec «Le Voyage» dans la Revue Française, le 10 avril 1859, avant d'être repris dans l'édition de 1861 des Fleurs du Mal.

On peut donc s'interroger sur les raisons qui ont incité Baudelaire à écarter ce poème de la première édition de 1857.

La première trace matérielle de « L' Albatros» apparaît sous la forme d'un placard (une feuille imprimée) à Honfleur, en 1859, où il est accouplé au «Voyage» et précède la publi­ cation dans la Revue Française.

Baudelaire l'avait envoyé à quelques-uns de ses amis, entre autres à Flaubert et à Asseli­ neau.

C'est pour répondre à une suggestion de ce dernier que Baudelaire ajouta par la suite une strophe à ce poème qui n'en contenait primitivement que trois.

Dans un article paru. »

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