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Alceste au tribunal des Maréchaux

Publié le 13/02/2012

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alceste

 

Discours d'Alceste, qui se défend contre Oronte devant la maréchaussée. Le président du tribunal lui fait remarquer qu'il aurait pu être moins violent dans ses appréciations. Alceste répond en se disculpant et consent non à des excuses, mais à des explications amicales qu'il donnera à Oronte....

alceste

« juges.

Alceste est vêtu d'un riche pourpoint de drap de Hollande, sobrement 1 orné de rubans verts; Oronte est noyé dans le ftot des fraises bouffantes et tout hérissé de nœuds et de ·dentelles.

·Jls ·ont la main à la garde de leur épée et ils frappent fièrement du talon, en gens bien sûrs de leurs droits.

« Messieurs, dit le maréchal président, _la voix publique nous a fait con­ naître le dissentiment qui vous anime (1) 'èt ·votre résolution d'en appeler aux.

armes pour décider de la valeur d'un sonnet.

Nous ne le souffrirons pas.

Nous savons quels bons juges vous êtes dans les.'choses de l'esprit·: il serait donc déraisonnable de laisser s'envenimer une affaire où tous deux pouvez avoir raison en partie (2).

Nous vous défendons d'en venir aux mains et ordonnons que vous consentiez céans à un accommodement.

Toute­ fois nous voulons écouter votre défense, afin que les opinions étant expo­ sées à loisir, aucun malentendu ne subsiste plus entre vous.

Seigneur Alceste.

vous avez la parole.

- Messiëurs les maréchaux, .j'enrage qu'il me faille rendre raison devant vous de mon -sentiment sur un sonnet, comme si l'affaire importait à l'Etat.

Et depuis quand un honnête homme ne peut~il plus exprimer loyalement son avis sur des vers, sans se voir engagé dans une affaire d'honneur? -Calmez-vous, seigneur; vous êtes ému.

- Qui ne le serait à ma place?.;.

Monsieur· vient m'accabler de caresses et de compliments, puis soudain me lit un sonnet, ine priant de lui déclarer ~et mon jugement.

Je me récuse d'abord, arguant de ma très grande sévé­ rité en céUe matière.

On insiste; je.

trouve ·détestable ·le sonnet et je le dis sans détours, ou plutôt après vingt détours qnon aurait dû comprendre et dont ie rougis à cette heure : en quoi ai-je forfait à mon devoir de gen­ tilhomme? Avant qu'il m'ait lu son poème, j'étais, à en croire le seigneur Oronte, l'esprit le plus clairvoyant du royaume, et me voici devenu un diffa­ mateur pour n'avoir pas admiré ce qu'on tient pour admirable.

Têtebleue 1 je n'ai qu'une opinion : le sonnet est des pires ...

Et d'ailleurs le voici : L'espoir, il est vrai; nous soulage · Et nous berce un temps notre ennui; Mais, Philis, le triste avantage, Lorsque rien ne viènt après lui/ Vous eûtes de Ta complaisanCe-, Mais vous en deviez moins auoir, Et ne vous pas mettre en àépeme Pour ne me donner que respoir.

S'il faut qu'une attente éternelle Pousse a bout rardeu de nion.

zèle, Le trépas sera mon recof!FB.

Vos soins n:e m'en-peuvent distraire : Belle Philis, on désespère, Alors qu'on espère toujours.

- Seigneur Alceste, le tour en est galant et l'intention bonne; peut-être vous êtes-vous emporté plus que de raison ...

(1) Ainsi commença le maréchal de la Ferté eitant devant la connétahlie les ducs d'Au­ mont et de Ventadour, qui avaient pris parti pour leurs valets· en querelle! (De Beaufort, Recueil concernant le .

tribuntll de Messieur11 les Maréchaux de France, t.

1, p.

55.) (2) Les Marécllaux devaient prendre d'inflnies précautions pour ne pas irriter la sus­ ceptibilité de leul;'S nobles clients.. »

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