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ALFRED DE MUSSET: Sa vie ; son caractère.

Publié le 26/05/2011

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Celui-ci est le plus charmant de tous. Pur poète, même quand il écrivait en prose, il n'a su que son âme. Né le 11 décembre 1810, il eut une éducation de petit Parisien de condition moyenne, et d'enfant gâté par une mère tendre. De son père, Musset-Pathay, à qui on doit une édition de Jean-Jacques Rousseau, et de son oncle maternel Desherbiers, il reçut la tradition des petits poètes galants du xviiie siècle. Après de bonnes études d'humanités au collège Bourbon, il se lia avec la jeunesse romantique qu'il rencontrait chez Nodier. A vingt ans il publia son premier volume de vers, Contes d'Espagne et d'Italie (1830), qui, par son charme de jeunesse, lui valut la faveur des jeunes gens et des femmes. Un voyage qu'il fit en Italie avec George Sand (décembre 1833 à avril 1854), et qui est l'unique événement de sa vie, eut sur lui une influence décisive. En dix années, il donne à peu près toute son oeuvre, vers, romans, théâtre. A l'âge de trente ans, il est épuisé non seulement par cette production précipitée, mais surtout par des excès de tous genres : il est désormais, suivant le mot de Henri Heine, « un jeune homme d'un si beau passé ! « Il était entré à l'Académie française en 1852. Il est mort à quarante-six ans, s'étant déjà longuement survécu. Alfred de Musset a été toute sa vie un enfant, un enfant nerveux et, peu s'en faut, malade, tout entier à la merci d'impressions changeantes, sans résistance à la douleur et sans volonté. Il est, tour à tour, tel qu'il s'est dépeint dans la piquante dualité de son caractère, sceptique et naïf, impertinent et tendre, libertin et sentimental. Incapable de sortir de lui, c'est lui-même que nous retrouvons partout dans son oeuvre.

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« L'Histoire comme un jeu de miroirsL'Histoire est l'espace privilégié de ce jeu de miroirs.

Les pièces à la manière de Shakespeare, comme Lorenzaccio,Fantasio ou André del Sarto, campent toujours le jeune héros dans une époque dégradée.

La Florence d'Alexandrede Médicis a sombré dans l'abjection, et le roi de Bavière, très bourgeois, rit quand Fantasio retire la perruque deson noble invité.

Les jeunes gens peuvent rêver à Brutus et fomenter une révolution, ou se moquer cyniquement deleur temps, ils n'ont pas de prise sur l'Histoire, sinon de manière bouffonne.

Lorenzo tue et meurt en vain, car c'estl'Histoire elle-même qui s'est arrêtée, étant désormais vouée à se répéter, au profit des mêmes personnages vils etdésabusés.

« Mon coeur est navré de solitude », dit Lorenzo : c'est toujours à cette plainte qu'ouvre la profondeurde l'espace historique, redoublement d'un XIXe siècle creux. Le mal du siècle devenu mal d'amourLe tragique est, lui aussi, miné par la contradiction et se dégrade en burlesque.

Les comédies d'amour de Musset,ses pièces les plus gracieuses et les plus jouées, ne s'abandonnent jamais au pur lyrisme des sentiments.

Lecontrepoint des personnages secondaires, volontiers grotesques, et des situations à la Marivaux ridiculisent à peineles déclarations inavouées, les passions qui se croisent sans se rencontrer.

Car on n'est jamais deux dans cethéâtre, et le tiers, souvent victime du couple des amants, rend impossible l'absolu salvateur qui arracherait leshéros à la fange du monde.

Le mal d'amour, avatar du mal du siècle, autorise pourtant l'écriture poétique.

N'est-cepas ce qu'intime la Muse au Poète de la Nuit d' août : « Aime et tu renaîtras ; fais-toi fleur pour éclore.

Après avoirsouffert, il faut souffrir encore ; Il faut aimer sans cesse, après avoir aimé » ? NOTES DE L'ÉDITEUR « Le Parisien [Musset] chez entrave le poète, le dandysme y corrompt l'élégance, ses genoux sont roides de sessous-pieds ; la force lui a manqué pour être un maître ; il n'a cru ni à lui, ni à son art, ni à ses passions...

" Le coeurseul est poète.

" Ces sortes de choses flattent les dames.

» Lettre de Flaubert à Louise Colet (1852). « Il est certain que cette obsession de dédoublement relèverait d'une psychanalyse.

Le double, on le sait, n'estjamais ni innocent, ni neutre.

Il est plus que probable que le moi projette, puis évoque et châtie en lui un ensembled'images censurées.

N'est-il pas significatif de le voir si souvent apparaître comme un écho négatif et destructeurde la joie amoureuse ? La nature du double (...) semble bien traduire un voeu secret d'autopunition.

» Jean-PierreRichard, Études sur le romantisme, Seuil, 1970. « En aimant, la créature rejoint donc l'acte même de sa création ; l'extase sensuelle le remet au plus près d'unesource ontologique.

[L'amour] vise à combler un manque personnel, mais en faisant dèsl'abord confiance à la plénitude de l'autre, et de l'être.

On imagine dès lors tous les dommages que risque deprovoquer en une telle structure d'existence l'intervention d'un doute, c'est-à-dire le constat d'une fêlure, voired'une rupture.

» Jean-Pierre Richard, ibid.. »

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